le-violon.org

la grande cochonne de Bach, pour moi c'est ce qu'il existe de plus beau dans la musique baroque, ça m’émeut comme une vache chaque fois que je l'écoute, et même quand c'est mal joué je ressent quand même des choses, tellement l'oeuvre en elle-même est belle

chaque violoniste devrait la travailler, quelque-soit son niveau, elle apporte toujours de nouvelles choses. on y trouve à peu près toutes les difficultés classiques du violon, c'est une bible du violon à elle seule...
en revanche c'est vrai que la jouer en public c'est autre chose.
personnellement j'ai toujours hésité à la jouer en bis, mais je n'ai encore jamais osé. après une oeuvre baroque j'ai plutôt tendance à jouer le 2nd mouvement de la 2ème sonate d'Ysaÿe qui est pourtant bien plus difficile, mais rien n'y fait, il y a côté mystique tellement fort autour de cette chaconne que je n'arrive pas à me lancer...

Zaphod a écrit :la grande cochonne de Bach, pour moi c'est ce qu'il existe de plus beau dans la musique baroque, ça m’émeut comme une vache chaque fois que je l'écoute

Je ressens exactement la même chose, puis des sentiments d'amertume, de regret et de tristesse m'envahissent à chaque fois que je l'écoute quand je me rends compte que je suis incapable de la jouer avant au moins une décennie (siècle ?).

Puis j'ai vu ça :

Zaphod a écrit :chaque violoniste devrait la travailler, quelque-soit son niveau, elle apporte toujours de nouvelles choses.

Puis j'ai essayé et je me suis demandé si c'était ironique ...
Les premières notes ressemblent aux hurlements d'un chat (plusieurs ?) coincé(s ?) dans des ronces.
Je me demande donc si ce n'est pas de l'acharnement que d'essayer de jouer LA chaconne de Bach après plus ou moins un an de jeu seulement.

Franchement quand j'écoute du Bach, du Saint-Saëns, du Kreisler ou du Tartini, ça me rend maussade ; c'est tellement beau mais je suis tellement loin de pouvoir jouer leurs pièces.
Pourtant mon prof est plutôt content de mon niveau, j'ai une très bonne justesse (1ère à 3ème position), cependant il me reproche quelques fois d'avoir une main droite un poil trop rigide (c'est pas ce que vous croyez).

Quand je disais n'importe quel niveau, j'entends par là à partir du moment où on est capable de la jouer correctement (au moins 10 ou 15ans), c'est à dire que même si on est soliste depuis 20ans elle a encore des choses à nous apprendre.

Je me disais bien que c'était plutôt stupide que d'essayer d'y toucher (et puis vu la section du forum c'était évident).

Je repars donc travailler mes gammes pendant une dizaine d'années.

J aimerais jouer ce morceau mais je ne sais pas si il est à ma portée

Tu peux toujours te faire plaisir en en jouant des morceaux. Mais la jouer correctement, non. Pas avec 8 ans de violon seulement. C'est sûrement le morceau le plus dur du répertoire. Pas pour la technique (quelques Paganini sont plus difficiles) mais pour sa musicalité.

La quête d'une vie que l'on n'atteint jamais ?

Enfin ça n'empêche pas de la travailler comme tout le monde pour se faire plaisir

Je préfère cette interprétation, très sensible et propre dans le jeu,
et où le look du musicien contraste avec l’image habituelle de l’oeuvre.
https://www.youtube.com/watch?v=MS1ATruO7f4
Un régal !

Là le grand Heifetz ne devait pas être dans ses meilleurs jours. Je n’aime pas son interprétation:
https://www.youtube.com/watch?v=zgLG93uGTN0
Je trouve ses accords brossés très aigres sur la corde de mi dans les 2 premières minutes…
même le reste, je n’accroche pas trop … un peu brouillon et mécanique (par rapport au précédent …)

En comparant les deux interprétations, pour moi il n’y a pas photo !

(comme quoi pas besoin du smoking et de la la coupe réglementaire pour bien interpréter Bach)

PS: Si vous voulez en savoir « un poil » plus sur Nemanja Radulovic:
https://www.youtube.com/watch?v=Zfdi8G4diaM
et
https://www.deezer.com/search/Nemanja%20Radulović/album

Bach restera difficile car il ne laisse aucun répit au musicien en cours de morceau. Si Bach avait écrit pour la guimbarde, ça aurait été techniquement aussi difficile. Quand j'étais en fac de musico, j'avais fait une analyse assez poussée de ces sonates que j'avais comparées au clavier bien tempéré.
Je l'avais déjà mis en lien, mais cette version, en plus d'être historiquement cohérente, est d'une pureté étonnante:
https://www.youtube.com/watch?v=pnK6R5ej6Hg[/youtube]

Enfin, pour avoir une version réellement polyphonique, je vous conseille aussi d'écouter la version pour luth jouée par Hopy:
https://www.youtube.com/watch?v=-NA0wx0Ty44[/youtube]

Baroqueux a écrit : ↑lun. 26 nov. 2018 07:53 cette version, en plus d'être historiquement cohérente, est d'une pureté étonnante:

En effet très belle interprétation aussi.

PhilippeB a écrit : ↑mer. 28 janv. 2015 15:39 Plus j'avance dans ma connaissance (livresque) du violon et de son enseignement plus je réalise à quel point cette fameuse Chaconne est une sorte de totem pour les violonistes. Hier je feuilletais le bouquin "10 ans à la classe de violon" de Galpérine/Haas et j'ai vu qu'ils préconisaient de ne pas aborder la chaconne avant la 14ème année d'étude! après même le concerto de Beethoven! Or je n'ai pas l'impression que ce soit la difficulté technique de la Chaconne qui pose problème mais bien une espèce de "déférence" extrème vis-à-vis de cette oeuvre qui interdirait de mal la jouer ou du moins pas suffisamment bien. Un totem quoi! Qu'en pensez-vous?

Effectivement. Non, je ne vois pas cela comme un "totem". Mais tout simplement pour la Chaconne, comme encore plus pour le Concerto de Beethoven, ce n'est pas une question de technique, qui, dans ce cas, ne pose pas de problème particulier : mais une question d'intelligence du cœur, et cela, pas tous les violonistes, même parmi les virtuoses, ne la possèdent automatiquement. Il faut beaucoup de maturité et d'expérience pour cela.

C'est la technique n'est pas tout. Encore que sans la technique on ne puisse absolument rien faire. Mais, pour ces deux œuvres de Bach et Beethoven en particulier, il faut posséder bien plus que la technique.