Claire91 a écrit :
C'est bizarre parce qu'il n'y a qu'un bémol à la clé. Il y a bien des passages où on est en ré mineur en particulier la fin de phrase mesure 8 (avec son arrivée sur le 1er temps de la mesure 9), mais on a l'impression que c'est une tonalité de passage, le mouvement semblant plutôt être pensé en sol mineur : Si on regarde le début et la fin, les trois premières mesures sont dans cette tonalité, et le dernier accord y revient sans l'ombre d'un doute.
Dans le reste de la sonate, on oscille visiblement entre ces deux tonalités. La fugue semble être majoritairement en ré mineur, pour les autres mouvement, ça varie. (je pense avoir repéré des passage en do mineur aussi (la bémol + si bécarre dans la même phrase, c'est un signe...).
Bach a pris le parti de garder la même armure pensant toute la sonate, même si le 1er mouvement en particulier n'est pas majoritairement dans cette tonalité.
Pourtant c'est courant de changer d'armure entre les différents mouvements d'un même morceau, non ? D'ailleurs, Bach le fait dans la 3ème sonate (et même au sein de la chaconne, il y a un changement d'armure).
Enfin bref, y a-t-il des règles particulières d'écriture qui font que cet adagio ne soit pas écrit avec deux bémols à la clé ?
C'est courant, à l'époque de Bach, qu'il y aie une altération de décalage. Après tout, pourquoi serait-il "normal" de mettre deux bémol? C'est notre pratique actuelle, mais à part ça?
Si l'on prend comme exemple le sol mineur, le 2ème bémol concerne une note mobile (entre mélodique ascendant et descendant). Actuellement, on l'indique comme bémol, à la clé, mais à l'époque, pas forcément (ça dépend, en fait, la manière d'altérer n'est pas systématique). Je serais tenté de dire que ce que l'on appelle maintenant "mode mineur" pouvait alors se diversifier entre mode de ré (avec sixte majeure) et mode de la (sixte mineure) transposés. Mais il y a peut-être d'autres raisons plus subtiles qui m'échappent.
La tonalité d'une pièce, c'est comment elle finit! Ce n'est pas la tonalité "majoritaire" de l'ensemble de la pièce qui en définit la tonalité. . Si la pièce était toujours en sol mineur, le risque de s'ennuyer serait important. Un des moyens d'expression qu'il a à sa disposition le compositeur, pour renouveler son discours, est de changer de tonalité. Il peut le faire de façon plus ou moins prolongée, variée, selon son souhait, sa maîtrise, etc.
Dans la chaconne, il passe de mineur à majeur, et cela correspond clairement à la différenciation entre trois parties.
Dans la sonate n°3, en do majeur, le mouvement lent est en fa majeur, ce qui justifie le changement d'armure.
Dans la sonate n°1, le mouvement lent est au relatif. Mais cela reste étrange qu'il ne mette qu'un bémol en sib majeur. Peut-être est-ce, dans son esprit, ou dans la pratique de l'époque, un mode de fa transposé....