~Jmporté par la mélodie, les notes m'échappent...~

Le violon et sa technique n'ont plus de secret pour vous. Vous êtes une aide précieuse pour nos néophytes... n'hésitez pas à partager vos connaissances.
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Briel
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Message par Briel »

Je vais clore mes interventions à ce sujet en rappelant que je n’ai jamais parlé d’impossibilité mais seulement de difficulté(s) pour des êtres musicalement « ordinaires » de faire de la musique d’ensemble dans un milieu qui utilise habituellement les supports écrits.
Renaud a très bien exposé tout ça (Cf supra)
evolpparg

Message par evolpparg »

Là, je suis bien d'accord avec toi Briel ! (Et aussi avec les interventions de Renaud d'ailleurs)...
Bon, voilà, sujet clos pour moi aussi ( y faut que j'aille jouer ! )
A plus...
evolpparg

Message par evolpparg »

Fifounette a écrit :je défie quiconque de me recracher sur le violon le concerto de shosta ou de khatachturian par exemple.... juste en l'ayant "dans l'oreille" !!
Salut Fifounette !
ben ça existe pourtant... Je me souviens avoir croisé, il y pas mal d'années maintenant, un violoniste Roumain (dont j'ai totalement oublié le nom!) qui jouait justement le "Shosta", et aussi Mozart, Debussy... Il connaissait presque tout Paganini... Et pas la moindre notion de solfège ! Et je peux te dire que ses interprétations étaient loin d'être ridicules !
Je me souviens aussi très vaguement de Menuhin qui présentait, dans le début des années 80, un jeune violoniste (alors son nom, je ne sais pas non plus !) qu'il avait découvert aussi dans je ne sais plus quel pays de l'Est, et qui connaissait tout Mozart, Paganini, et je ne sais plus quoi encore... Lui aussi : aucune notion de solfège, tout appris d'oreille ! Menuhin n'en revenait pas !
Enfin voilà... Certes, on en croise pas tous les jours, mais ça existe, quoi !
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renaud
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Message par renaud »

Une remarque toutefois, même si cet exemple du violoniste roumain est fascinante: Pour reproduire d'oreille, il faut d'abord avoir entendu! On arrive d'ailleurs tous à le faire, jusqu'à un certain point. Le solfège, et c'est là son principal intérêt, permet de découvrir une pièce qu'on ne connait pas et qu'on ne peut entendre. C'est loin d'être le seul intérêt, lorsqu'on fait de la musique, mais quand même.

Maintenant, c'est sur que cette expérience peut remettre en cause l'enseignement. Le développement de l'écoute spontanée, sans calcul, sans pensée, est certainement à développer, car l'essentiel, et c'est là où l'on se retrouve tous, est au-delà du solfège, des notes. Il s'agit bien de toucher une autre dimension, et le solfège n'est qu'un marche-pied qui permet de dépasser d'autres étapes, que l'on peut franchir de plein d'autre façons. Pour reprendre l'exemple des béquilles, elles sont utiles pendant la rééducation, inutiles lorsqu'on est rétabli, et gênantes lorsqu'on veut courir!

Finalement, il s'agit toujours de trouver le moyen d'accès à la musique qui nous convient. En fonction de nos capacités et de nos envies. Cela peut être très variable d'une personne à l'autre, et l'environnement est aussi très important. Count Basie dépendait du fait que ses musiciens pouvaient comprendre ses indications et réagir. C'est fantastique quand c'est possible, car ça permet des réactions très spontanées à la musique. Mais quand ça ne l'est pas?

Un jour, je jouais avec un accordéoniste folk et j'ai voulu jouer avec lui un air hongrois que je connaissais. Je lui ai donc dit les harmonies ("ré mineur, do majeur"), mais lui n'avait aucune idée de ce que ça voulait dire! D'oreille il trouvait plein de choses, mais si ce qu'il trouve est différent de l'original et que jouer l'original l'intéresse, comment on fait? Un peu de vocabulaire peut faire gagner un peu de temps.

Dans le cas des jazzmen, on est en présence de musiciens qui ne jouent pas exactement les œuvres des autres, mais qui ont une marge de liberté, d'improvisation, de créativité, voire de composition. Le solfège est moins primordial dans cette situation.

D'autre part, plus les musiques sont simples d'accès (je ne parle pas là de difficultés techniques), plus on peut se passer de solfège. Je ne suis pas si étonné qu'on puisse jouer Mozart et Paganini, sans solfège.

En résumé, le solfège est une chose qui a un intérêt dans certaines situations, et dont on peut se passer dans beaucoup de cas. Et de toute façon, il faut s'empresser de le dépasser pour entrer dans ce monde où l'on est en contact direct avec la musique. Et l'accès à ce monde ne dépend a priori ni du solfège, ni du non-solfège, mais de notre capacité à vivre/être conscient de tout ce qui se passe.

De toute façon, on ignore la plupart de nos capacités, alors...
Dans l'obscurité existe la lumière,
Ne regardez pas avec une vision obscure,
Dans la lumière existe l'obscur,
Ne regardez pas avec une vision lumineuse.
(extrait du San Do Kai, de maître Sekito)
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