Stéphane Grappelli, Mon violon pour tout bagage
Jean-Marc Bramy & Joseph Oldenhove
Calmann-Lévy 1992
Témoignage
217 pages
https://calmann-levy.fr/livre/stephane- ... 2702118559
Critique du livre :
Stéphane Grappelli est né à Paris en 1908. Il perd sa mère très jeune puis il est séparé de son père pendant la guerre. A 6 ans le voilà trimballé d’une institution à l’autre, cela va forger son caractère et lui apprendre très tôt à se débrouiller seul. Il retrouve finalement son père et malgré une grande pauvreté, celui ci lui fera découvrir l’amour de la musique. Aiguillonné par l’espoir de manger un peu plus à sa faim, il apprend très rapidement en autodidacte le piano, le violon et le saxophone.
Il est né à une époque où la musique enregistrée et rediffusée n’était réservée qu’aux plus riches. Celle qu’il côtoie, s’entends dans les concerts et dans la rue. C’est donc un apprentissage tout sauf académique, mais qui dès le départ forge une conscience intime de ce qu’est le rythme, l’harmonie et le swing.
De rue en cours d’immeuble, de cachet en cachet, de cabaret en bing bang, des années 20 à la guerre, il joue des trois instruments en fonction des opportunités... Suivra ensuite sa rencontre avec Django Reinhardt et la période du quintet du Hot Club de France. Une période faste en enregistrement et créativité. Pour finir il jouera plus de 70 ans... jusqu’à la fin.
Son auto-bibliographie est une longue et passionnante collection de rencontre et de souvenirs des grands musiciens et personnages des cabarets et du jazz au XXe siècle.
Cet homme, qui n’a eu comme formation classique que le solfège, et encore en auditeur libre, a apprit seul à jouer de ses instruments. C’est un véritable autodidacte qui a réussi à se hisser au sommet de son art. Une sacrée leçon... et une incroyable vie !
Citations :
« En fait, mon père est certainement le premier hippie que j’ai rencontré : un humaniste, un peu en marge de la société, profondément cultivé, qui aimait les arts, la philosophie, la musique, la littérature, et ne possédait pas de métier défini. »
« Je me souviens avec un immense plaisir de la découverte du prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy. Lorsque j’entendis pour la première fois l’introduction à la flûte du prélude, c’était par une chaude journée d’été dans le parc de Bellevue. Je restai hypnotisé, ce fut comme un choc. De là date ma passion pour Debussy. J’avais l’impression de voir ce faune, de le toucher. Le souvenir est gravé en moi, indélébile, pour l’éternité. »
« Mais premières leçons, je les ai prises dans la rue, en observant comment jouaient les autres. Le premier violoniste que j’ai vu jouait à la station Barbès, s’abritant sous le métro aérien. Quand je lui ai demandé comment on devait jouer, il a éclaté de rire. Je suis reparti, tout penaud, mon violon sous le bras. J’ai eu plus de chance avec un pianiste. »
« Si j’avais appris le violon de façon classique, je n’aurais peut-être jamais pu jouer à ma manière. Mes premiers pas dans la vie expliquent certainement mon goût pour la musique vivante. Celle qui se développe et éclot au coin d’un boulevard, dans les bals ou les cinémas muets de l’époque, loin des conservatoires. »
« Pour moi, l’essentiel s’appelle phrasé, sensibilité, accents, improvisations. La technique en soi m’intéresse peu. »
« Stéphane n’est heureux que dans la nouveauté. Le mouvement perpétuel est sûrement une de ses inventions. »
Pour aller plus loin :
La discographie (à tomber par terre) :
https://www.discogs.com/fr/artist/26708 ... -Grappelli
Une émission de France Musique qui permet de découvrir le duo Stéphane Grappelli et Django Reinhardt :
https://www.francemusique.fr/emissions/ ... chet-15814
Et plein d’autres archives de l’INA (tapez Stéphane Grappelli dans le champs des recherches) :
https://www.ina.fr
Le violon de Stéphane Grappelli :
https://philharmoniedeparis.fr/fr/magaz ... -grappelli