Odile a écrit :
Tu pourrais développer un peu plus ton dernier post, s'il te plait Briel ?
D’accord, mais pour certains ce sera du déjà lu, déjà entendu…
Je vais continuer à utiliser le terme
cavata…
Ce terme italien, à ma connaissance, n’a pas son équivalent satisfaisant en français, ni en anglais. La traduction qui peut en rendre mieux le sens est : « (capacité d’) extraction ».
Dommage, car il est bien pratique, puisqu’il résume tous les facteurs qui font le « beau son d’un violoniste »
Il n’est donc pas utilisé en référence à l’instrument, à l’archet, aux cordes etc…à tout ce qu’on appelle ‘le matériel’(m).
Au moment du jeu, le violoniste (V) va « extraire » du m ce que celui-ci peut potentiellement fournir.
Bien évidemment V va gérer sa
cavata en fonction du résultat musical qu’il recherche.
Tenue d’archet :
La force de frottement et le poids du bras se transmettent à la corde par l’intermédiaire de la main qui tient l’archet. La « bonne transmission » dépend donc de l’ensemble (complexe) de : points de contact des doigts, angles de ceux-ci, « pas de serrage » (importance +++), action d’amortissement (attaques, changements d’archets…), dynamiques au cours d’un même coup (signes < >)…
La tenue d’archet idéale est celle qui traduit le plus fidèlement les intentions du V : puissance, nuances, effets etc…
Respiration :
La dilatation plus ou moins prononcée et/ou maintenue de la cage thoracique du V agit comme une caisse de résonance supplémentaire, qui amplifie et enrichit le son projeté par l’ensemble Vm.
Contact des doigts main gauche :
Selon la portion de phalagette utilisée pour prendre la note et l’angle de pose, les différentes caractéristiques de cet appui contribuent à déterminer certains timbres/couleurs du son : âpre, moelleux, sec, doux, feutré…
Vibrato :
Par delà la simple oscillation de la hauteur de la note jouée, un bon vibrato permet l’exploitation de battements et le recrutement d’harmoniques supplémentaires qui rendent le son plus riche, « volumineux »…beau !
Par exemple, Gérard Jarry (cité plus haut) avait un magnifique vibrato : l’excursion des doigts (très souples) était très ample et pourtant le résultat sonore n’était pas du tout… meuglant.
Comment travailler tout ça ?
Comme je l’ai déjà dit à d’autres occasions, il est indispensable que V soit capable de reconnaître les sensations psychophysiques associées à tout ce qui a permis le beau résultat.
Le jugement personnel compte autant que celui de références externes compétentes (les profs, les auditeurs avertis…)
Jour viendra où on dira à V : « Voilà, comme ça c’est bien,
bella cavata ! »
A ce moment-là, comment V peut se remettre en conditions de reproduire la
bella cavata ?
Seulement en se remettant en condition de ressentir les mêmes sensations…
Le travail consiste donc en l’observation attentive des sensations qui accompagnent l’approbation esthétique venant de soi-même et des autres.