Vieux Paris... encore...

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IFred
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par IFred »

Je ne sais pas... à en croire un entretien récent fait par Olivier Bellamy, Julia Fischer va une fois par an chez un luthier, à mon avis c'est un minimum et je pense qu'elle gagnerai à faire raboter la touche de son instrument plus souvent.
D'après l'entretien ce n'est pas tellement qu'elle n'aime pas les luthiers, c'est plus qu'elle a été soulée par leur volonté de toujours vouloir bidouiller son instrument.
luigi
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par luigi »

Les fondations, sponsors...qui prêtent ces instruments..n'exigent-ils pas un certain entretien ?

Pourquoi les luthiers n'établissent-ils pas un contrat d'entretien avec leur client ...est-ce envisageable ?

Luigi
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jépadçon
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par jépadçon »

luigi a écrit :Les fondations, sponsors...qui prêtent ces instruments..n'exigent-ils pas un certain entretien ?
Luigi
Quand Truls Mork a eu en prêt la "Bass of Spain", un des plus beaux Strad qui existe, il lui était interdit de la laisser toucher par un luthier! :hehe:
luigi
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par luigi »

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Re: Vieux Paris... encore...

Message par IFred »

Luigi
Il arrive que soit spécifié un luthier déterminé pour l'entretien des instruments dans le contrat de prêt. Mais de ce que j'ai vue cella n'empêche pas les musiciens d'aller voir d'autres luthiers, ni n'empêche les autres luthiers d'essayer de convaincre le musicien ou le préteur leur confier leur travail. J'ai aussi vue des instruments prêtés revenir à leur propriétaire dans un état tout simplement honteux.

Je ne sais pas? J''établie un contrat d'entretien avec mes clients.
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par luigi »

Concernant les écoles de musique, je suis parfois "effaré" de voir certains enfants tenant lors violon comme un vulgaire bâton, l'accrochant par la volute à un pupitre, le posant n'importe où, se grattant le menton avec la tête de l'archet...etc..

Un petit message pédagogique (fascicule, explications) devrait être adressé à l'enfant lors de la remise d'un instrument ( loué ou acheté)...voire un ouvrage du type : la "lutherie pour les nuls" ...dont je fais partie ;)
A vos plumes... :)

Luigi
Jicemac
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par Jicemac »

Une amie violoniste jouant régulièrement le Vieux Paris-Mirecourt, titre de ce post, outre que l'instrument à une magnifique sonorité qui la comble, m'évoque bien souvent la charge émotionnelle qu'est la sienne de faire chanter un instrument autant chargé d'histoire et de passé. Nous imaginons (et fantasmons...) alors, les divers publics qui ont eu plaisir à entendre cet instrument, les multiples artistes lui ayant donné vie, les divers lieux prestigieux... ou moins... qui l'ont hébergé.

Amener les enfants d'académie à respecter leur instrument dans ce qu'il comporte d'Histoire, les incitera à se concentrer sur cet héritage musical qu'ils manipulent parfois avec tant de sauvagerie... Et ils feront peut-être passer dans leur apprentissage musical ce que ce passé multiple leur confie et qui perdure au travers de leur jeu...

Ma fille qui, lorsqu'elle avait 10-12 ans, jouait sur un superbe 3/4 début 19è, me demanda ce qu'étaient devenu les enfants qui aussi avaient joué de cet instrument... Etaient-ils devenus mamans, grand-mères et grands-pères, décédés aussi bien sûr... Comment étaient-ils habillés, où vivaient-ils... Interrogations d'enfants bien naturelles mais qui, en l'espace de quelques jours ont totalement modifié l'approche qu'elle avait de son instrument, le regardant avec attention, le jouant avec infiniment plus de délicatesse, l'essuyant après chaque séance... Nantie de cette connaissance nouvelle, dire que son jeu fut transfiguré serait trop simple... Il fut sublimé, car ce n'était plus un apprentissage ardu et technique qui la motivait, mais l'impression d'entendre dans son instrument les rires et les chants des enfants des 2 siècles avant elle...
Dernière modification par Jicemac le lun. 9 mai 2011 00:33, modifié 1 fois.
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isabelg
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par isabelg »

Joli témoignage que celui de ta fille et de son violon... :)
luigi
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par luigi »

Jicemac a écrit :Bonjour à tous, Tant que nous en sommes à l'épineuse question du sexe des anges et des Vieux Paris, j'ai acquis récemment celui-ci pour... Non...! J'ose pas dire... Ce serait inconvenant...
L'instrument, baroque authentique (vernis arrêté en partie sous la touche) est assez bombé, sur un modèle Amati, éclisses enclavées dans le fond, pas de signature mais un luthier de Paris,, vers 1750, Pierre le Pilleur, avait une facture extrêmement proche, (vu sur Tarisio) tant pour les coins que les ff assez verticaux, choix de vernis, tête... , filets très fins et fort prêts du bord de table, finissant quasi à l'extrémité du coin. Chapelle... standard... ;) .
Par contre, si l'on se tient au fait que déjà vers 1740, les manches tendaient à s'affiner en même que le renversement prenait ... de la hauteur..., l'espace comblé aux éclisses par rapport au manche originel correspond à près de 8 mm d'épaisseur de manche de plus.

Il a bien entendu été transformé pour répondre à la demande "moderne"... Très belle enture, quasi invisible, enclavement du manche avec pièces rapportées pour compenser la différence d'épaisseur du manche moderne, nouvelle touche, rebarrage et réparations des fractures faites dans les règles de l'art.
Je pense que depuis ces travaux, l'instrument a été très peu joué. Fort sale, par contre, de (très) vieille collophane, j'y ai passé un certain nombre d'heures... loupe, canif et coton-tiges en main pour redonner une beauté native aux filets encroutés et à la table noircie... sans toucher au vernis...
Nouvelles clés, bien sûr, et monté actuellement en Obligato (Tonica sur photos), le son est profond, doux, suave... et puissant, ce que la forme bombée n'aurait pu laisser supposer...

Image

J'ajoute que je ne joue pas de violon, ou plutôt très mal... (une amie musicienne 1ère violon oui...), ne suis que luthier amateur mais passionné d'histoire de la lutherie.

Si d'autres avis plus éclairés encore pouvaient m'être donnés... De même, différences entre un violon de Mirecourt ou de Paris, à périodes identiques...? Snobisme de la grande ville... puisque l'on peut supposer que les familles de luthiers opéraient tant à Mirecourt qu'à Paris sur des gabarits très proches.
Jicemac...comment reconnaît-on des "éclisses enclavées "...ton violon a-t-il des contre-éclisses ?

Merci

Luigi
Jicemac
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par Jicemac »

Renseignements auprès de mon luthier à Bruxelles:

Les éclisses enclavées ne le sont que dans le fond, pas dans la table (sinon pour détabler...!!! :snif: ). C'est relativement rare quoique parfois pratiqué par les luthiers de Paris à cette époque, en tous cas avant 1750. Cela consiste à creuser une petite gorge, comme pour un filet, dans laquelle sera encastrée l'éclisse. Cette gorge n'excédant pas 1 mm... Si l'on tient compte que de l'autre côté du fond se trouve le filet, cela pourrait fragiliser d'autant le fond et suppose une grande maitrise du geste. Cet enclavement concerne l'intégralité du fond y compris les coins et tasseau du bas.
Dans ce violon, il y a des contre-éclisses vers le fond, très bien finies mais apparemment plus récentes, probablement datant de la transformation et modernisation de l'instrument. Les blocs sont d'origine, taillés en arrondi pour épouser la ligne de l'instrument. L'ajustage des blocs table-fond est très précis. Le vernis plein, encore à l'huile contrairement aux années 1750 et postérieures qui utilisera plutôt les vernis à l'alcool, est en très bel état.

L'instrument a été beaucoup joué, si l'on en juge par la couche de colophane qui obstruait les ff. Sans doute transformé au XXè, voire assez récemment, car quasi pas d'usure sur la touche ni au nouveau manche. Ce qui laisserait supposer qu'il a été oublié en état "baroque" de longues années,, 100, 150 ans... avant de subir le canif du luthier...

Joué très récemment par une violoniste professionnelle, celle-ci a été emballée par la qualité sonore de l'instrument. Assurément c'est un "grand" car il a été choisi pour réaliser plusieurs enregistrements en studio ici à Bruxelles... Cela tendrait à prouver qu'il y avait aussi à Paris à cette époque des instruments qui sonnaient très bien.

Une visite chez Sabatier ou Rampal est vivement attendue et planifiée... Les premières estimations vont vers un Guersan, Pierre le Pilleur, ou mieux les ateliers de Salomon vers 1740.
luigi
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par luigi »

Merci beaucoup pour ces informations très précises :merci:

Mais, comment peut-on, en regardant à l'intérieur du violon (ou peut-être à l'extérieur) deviner
que les éclisses sont enclavées ?

Je m'interroge encore au sujet de cet autre violon ( que je n'ai pas encore montré à un luthier...j'essaie d'aiguiser ma curiosité et d'enrichir mes connaissances, le plus possible avant..)

http://www.kizoa.fr/diaporama/d1755769k ... /ludovicus

Origine : grenier français

Il est certes très rustique..voûté à la "Stainer" ...peut-être "monté en l'air"...sans contre-éclisses...et avec probablement un "trough neck" ou "manche-tasseau" qui serait "caractéristique" de l'Allemagne..
les éclisses sont très hautes ( 33-34mm) et le violon est très asymétrique..
Les crans des ouïes forment ensemble ( si, on les rejoint par 2 traits virtuels) un petit rectangle ou parallépidède très primitif donc sympathique..

les " draw-on purfling" ont un côté très naïf...et pour l'amateur que je suis, un certain charme...

Luigi (amateur)
Ornette

Re: Vieux Paris... encore...

Message par Ornette »

On en apprend des choses sur ce forum, moi qui pensais que les Strad dernière époque avaient des voutes assez pleines (voir le Lady Blunt 1721 ou le Muntz 1736)Image

Lady blunt? dernière période de Strad?? ça aussi c'est nouveau!
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jépadçon
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par jépadçon »

En 1721, il avait quand même 77 ans, plus vraiment la force de l´age!
Jicemac
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par Jicemac »

Dans ses dernières années, Stradivari fabriquait autant des violons plutôt plats que des violons aux voutes plus marquées. Disons plutôt que vu son âge, il devait sans doute initier les plans et les modèles, dont l'exécution était alors confiée à ses fils voire même ses apprentis doués. Rien ne peut d'ailleurs nous confirmer ni infirmer que des instruments, commencés bien plus tôt dans sa carrière et laissés à l'abandon dans l'atelier, n'aient pas été repris et terminés ultérieurement, peut-être même après son décès.

De fait, en examinant nombre d'instruments et recherche sur la toile, il n'y a pas de corrélation absolue entre l'évolution vers un violon "moderne" plus plat et, en théorie, plus puissant, et des modèles plus anciens et plus voutés dans l'historique de Stradivari.

L'évolution vers un violon moderne, tel que nous le connaissons aujourd'hui, a été malgré tout très lente. Il est nombre d'exemples de luthiers, même sur la place de Paris ou en Flandre, qui ont continué jusqu'à la fin de leur carrière, fin 18è, à fabriquer des instruments forts proches de ceux utilisés pendant la période baroque, lors que d'autres, plus récemment formés, innovaient et produisaient déjà des instruments aux formes affirmées telles que nous les connaissons. Viotti en est un des meilleurs représentant.

Même Stradivari n'était pas constant dans la longueur des touches de ses instruments. Malheureusement, comme la quasi totalité des instruments anciens, pour répondre à la demande moderne, ont été transformés, touche, renversement, barre, il nous reste difficile d'en tirer une règle absolue. Trouver aujourd'hui, au fond d'un grenier poussiéreux,, un violon dit baroque dans son état originel relève du Graal... Les rares que j'aie pu manipuler sont propriétés de musées ou collectionneurs mais ne sont plus joués en l'état... car devenus bien trop fragiles et non adaptés au jeu moderne... D'ailleurs, les meilleurs instruments anciens ont été tant et tant de fois ouverts et "améliorés" que bientôt il ne nous restera plus que l'étiquette d'authentique...

Il faut aussi mettre en parallèle que violon n'était pas considéré à l'époque baroque comme un instrument soliste à part entière par nombre de compositeurs. (ex les Violons du Roy - http://www.youtube.com/watch?v=nXJHrWSWKrg). La puissance demandée en était assez faible, le jeu des positions extrêmes n'existait pas, et il y avait alors bien d'autres instruments à cordes, aujourd'hui disparus, de différentes tailles qui accompagnaient le futur Roi des instruments. De cette période ne nous est resté que l'alto, mais n'oublions pas les tailles intermédiaires, quinte, haute-contre, etc...

La technique violonistique extrême de Paganini (et ses exigences tant financières que de tailles de salles), ont obligé les luthiers à construire des instruments de plus en plus puissants pour sonoriser des salles de plus en plus grandes. Paradoxe, l'illustre phénomène jouait sur un Garnerius de 1743, déjà construit suivant des critères modernes... (http://fr.wikipedia.org/wiki/Niccol%C3%B2_Paganini).
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jépadçon
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Re: Vieux Paris... encore...

Message par jépadçon »

Jicemac a écrit : Disons plutôt que vu son âge, il devait sans doute initier les plans et les modèles, dont l'exécution était alors confiée à ses fils voire même ses apprentis doués.
Pour avoir réparé et eu entre les mains de nombreux Stradivari, je ne suis pas d´accord avec toi. A partir de, environ, 1726, on sent une dégradation de son travail technique sur les violons, qui devient pathétique sur certains exemplaire comme le Habenek. Sur les violoncelles je n´ai pas constaté cette baisse du travail, pour moi, il continuait à travailler sur les violons et altos mais les violoncelles étaient confiés à des mains plus jeunes.
Cette décadence ne concernait que l´aspect car en terme de sonorité, la fin de sa vie est pour moi la période la plus extraordinaire!

Paradoxe, l'illustre phénomène jouait sur un Garnerius de 1743, déjà construit suivant des critères modernes... (http://fr.wikipedia.org/wiki/Niccol%C3%B2_Paganini).
Que veux tu dire par là?
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