Les liaisons de Romberg

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IFred
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Les liaisons de Romberg

Message par IFred »

par François 2 » sam. mai 05, 2018 4:45 pm
Comme on n’a pas tout le temps un pianiste disponible et/ou patient sous la main, il peut être utile d’utiliser des accompagnements préenregistrés. Malgré quelques défauts évidents (manque de souplesse dans le tempo, par exemple), ces outils rendent service, d’autant que certains proposent des versions « de travail » à des vitesses raisonnables. On peut aussi fixer son propre tempo à l’aide d’un utilitaire comme «Audacity».
On trouve donc chez un éditeur qui s’est fait une spécialité de ces produits une version de la sonate pour violoncelle et piano en mi mineur op. 38 n° 1 éditée vers 1826 par Bernhard Romberg. La préface précise à juste titre que l’original avait été conçu pour violoncelle principal avec accompagnement de basse (un second violoncelle) et alto. La transcription de cet accompagnement pour piano par Friedrich Gustav Jansen est parue vers 1877, soit bien après la mort de Romberg ; cette version est devenue aujourd’hui la seule utilisée.
La préface de cette édition indique également que « les doigtés et les indications de coups d’archet » proviennent du violoncelliste J*** H***, professeur au Lichtenstein et en Suisse. Or l’édition originale de 1826 contient déjà des indications très précises de doigtés et de coups d’archet : le groupe des trois « trios d’une difficulté progressive » op. 38 était en effet explicitement composé à des fins pédagogiques (Romberg étant par ailleurs l’auteur d’une méthode largement diffusée, y compris en France). La version avec piano de F. G. Jansen reproduit très scrupuleusement les indications initiales du compositeur dans la partie de violoncelle. On pourra aisément le vérifier en consultant les éditions originales sur le site IMSLP.
Les doigtés et surtout les coups d’archet de cette édition moderne diffèrent passablement de ceux de Romberg. Faut-il supposer que ce malheureux, qui avait le tort de composer dans la première moitié du XIXe siècle, à une époque où on jouait sans pique sur des cordes en boyau à la lueur de chandelles, ne savait pas ce qu’il faisait en écrivant ses liaisons et ses marques d’articulation ? Heureusement, il y a aujourd’hui des gens compétents qui savent mieux que l'auteur lui-même comment il faut interpréter ses œuvres…
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