luth1 a écrit :les amis violonistes veulent des strad ou des del gesu, et comme mieux ça n' existe pas, c' est normal d' essayer de faire pareil, non?
Ca se discute comme dirait le monsieur de la télé...N'est-ce pas ridicule de pousser l'imitation jusqu'à faire de faux coups sur la table,user les bords en les rabotant,tracer de fausses fentes etc..?
Les concertistes( comme Ferras) utilisent une copie de leur Strad quand ils voyagent en Afrique ou dans les pays où le climat risque de nuire aux vieux crémonais. Là ,on peut comprendre l'intérêt de la démarche. Millant avait fait une remarquable copie du Président (ou du Milanollo,je ne me souviens plus),de Christian Ferras.La chose peut se justifier car le public préfère savoir que le concertiste qu'il est venu applaudir joue sur un Strad ou un Guarnerius !C'est du snobisme mais c'est ainsi.Et puis quelle satisfaction peut éprouver un violoniste quand il joue un faux "vieux" crémonais ? Le violoniste sait que son violon est neuf. Finalement , il ne trompe que lui-même. Je connais des collègues qui se sont lassés de leurs copies...justement parce que ces copies étaient recouvertes d'un vernis dépouillé ici et là pour faire comme si l'usure était le fruit d'un vieillissement de plusieurs siècles !
C'est pour cela qu'il faut privilégier les luthiers qui osent le vernis plein comme la famille Gand le faisait vers 1850,et d'ailleurs comme Stradivarius le faisait.Si l'on veut imiter Strad,il faut donc poser un vernis plein sur l'instrument.
Autrefois,dans les années 50,à Nice,il y avait au moins quatre luthiers qui ne posaient que des vernis pleins très réussis sur leurs instruments:
Silvio Tua,Charles Bovis,Pierre Gaggini,Araldo de Bernardini.
Ces violons vieillissent bien et leurs robes transparentes font ressortir joliment les veines des vieux bois.Les copies existaient déjà à cette époque puisque de nombreux luthiers du XIX° comme Caussin,Vuillaume, pratiquaient déjà cette technique.Mais ces luthiers de 1950 évitaient ce genre de travail car ils n'en comprenaient pas l'utilité.
Je connais un collectionneur italien de Saluzzo (décédé depuis quelques années) qui avait une soixantaine de violons italiens.Aucun n'était fait en imitation..Il avait des Fagnola,un Pressenda,des Poggi etc...il les prètait aux jeunes concertistes.Lui non plus ne comprenait pas cette mode de l'imitation...
Il en faut pour tous les goûts,me direz-vous,vernis plein ou en imitation...
Un violon véritablement ancien,c'est encore abordable!
On peut trouver des vieux Kloz,en bon état, au vernis marron clair sur fond doré pour moins de 15000 euros,des vieux français XVIII°ou XIX° Mirecourt pour moins de 6000 euros,des vieux tyroliens pour 7000 euros.
Il suffit de chercher un peu...
Et là on a le plaisir de jouer un véritable violon ancien !
Il faudrait quand même que les luthiers réalisent qu'en faisant des vernis en imitation,ils se tirent une balle dans le pied car ils donnent ainsi beaucoup d'importance aux instruments anciens...certains clients potentiels peuvent se détourner de la production neuve pour se tourner vers les violons anciens abordables... <_<