Vous voulez commencer le violon, vous cherchez l'instrument adéquat, vous vous posez des questions sur la fabrication de votre instrument favori...C'est ici !
Tu ne parles pas des veines (acroissements annuels) mais des ondes (ondulation des fibres du bois) qui ne semblent pas avoir grande importance pour le son ( beaucoup de Strad dernière epoque n´ont pas , ou peu d´ondes, et sonnent magnifiquement!)
L'influence des ondes sur le son ne dépend(erait) pas de leur espacement (large ou serré), mais de leur profondeur. Les ondes sont, comme le nom l'indique, en fait une ondulation du bois à la croissance. Plus les ondes sont profondes, plus elles sont marqués, plus elles semblent "bouger" quand on bouge le bois sous une source de lumière (mais là, le vernis à également son mot à dire). Si je fais une coupe droite sur ces ondes, je vais en conséquence couper les fibres du bois plusieurs fois, au lieu d'avoir une coupe parallèle aux fibres.
Il y a des luthiers qui disent que le bois vibrera mieux si les fibres sont coupés le moins possibles (pas d'ondes ou peu profond), d'autres disent que au contraire les fibres coupés assouplissent le bois et le rendent plus apte à vibrer. Comme toujours en lutherie, il y a là deux avis contraires.
Puisque j'adhère au premier point de vu, je choisis du bois avec une profondeur d'ondes moyenne ou faible. Surtout parce que, comme je l'ai écrit, la qualité du vernis peut considérablement rehausser ou atténuer les ondes. Mais il y a d'autres considérations qui entrent en jeu. Déjà, du bois très ondé est très cher. En même temps, il y a de nombreux musiciens qui ne vont même pas regarder un instrument peu ou pas ondé (surtout dans le neuf).
Et puis, il y a d'autres considérations qui sont au moins aussi importantes pour la qualité sonore d'un érable que les ondes, dont: la masse spécifique, l'élasticité, la maille, la dureté, et enfin les veines.
Pour la masse spécifique, beaucoup de luthiers disent que, plus elle est basse, mieux c'est. Or, j'ai construit un de mes meilleurs violons avec un érable assez lourd. Tout dépend de tenir compte de tous les paramètres en même temps.
L'élasticité me semble primordiale: Au fur et à mesure qu'on travaille les épaisseurs, on teste l'élasticité en tordant le fond dans les mains. Est-ce qu'il est très rigide, est-ce qu'il est souple ? Est-ce qu'il revient en place tel un ressort ou est-ce qu'il semble vouloir rester tordu ? Là aussi, on peut obtenir d'excellent résultats avec des bouts de bois très différents.
L'élasticité dépend surtout de la maille, ces traits que l'on voit si bien sur les chevalets de bonne qualité, et qui sont perpendiculaire aux veines. Ils sont aussi sur le fond, on les voit souvent le mieux dans les gorges près des filets.
Cette maille est une structure qui donne de la rigidité au bois en sens traverse. Un bois très maillé va donc être très rigide et en même temps comme un ressort. Souvent ce sont des bois légers, donc on va pouvoir les travailler assez fins parce qu'ils sont rigides, obtenant ainsi des fonds très légers. Là encore, c'est très bien, mais pas la seule façon de faire un fond qui sonnera bien.
La dureté est lié à l'élasticité et à la masse spécifique. On la sent en travaillant le bois (s'il est dur à couper). Quand on a un fond qui se coupe comme du beurre, on a intérêt à ne pas creuser trop profond !
Enfin, les veines serrés ou non serrés, je crois que cela n'a pas beaucoup d'importance. La famille Gagliano travaillait souvent un bois avec des veines larges, et j'ai entendu quelques de ces instruments qui sonnaient très bien. J'ai fait un violon d'après le Cannone de del Gesù avec un bois semblable (lourd en plus), et c'était une bombe.
En même temps, il est clair que pour le chevalet, une autre partie vibrante, plus les veines sont serrés, mieux c'est, donc il semble logique que pour le fond aussi des veines serrés marchent bien.
Certains luthiers disent que, plus les veines de l'épicéa sont larges, plus le bois et mou (ce qui est vrai), et que c'est le contraire pour le fond. Bien qu'effectivement cela est souvent vrai, j'ai déjà travaillé un érable très dur aux veines très serrés.
Conclusion: On peut faire un bon violon avec des érables très différents. On ne peut pas à priori donner un certain son à une certaine sorte d'érable, car beaucoup dépend aussi du modèle. Je ne choisirais certainement pas le même érable ni les mêmes épaisseurs pour un violon modèle del Gesù et un modèle Strad.
Et à quoi bon prendre un érable aux ondes peu profondes, léger, élastique, avec une superbe maille, si en fin de compte le musicien ne va pas le considérer, car il cherche un violon avec un fond ressemblant à un zèbre sur LSD ?
L'évolution du violon ne s'est pas arrêtée - elle fait juste une pause pendant quelques siècles...