Ce post est long, j’en conviens. C’est pourquoi j’invite seulement ceux qui sont vraiment intéressés par le sujet à le lire.
Le champion olympique 2008 de tir au pistolet s'est vu retirer sa médaille d'or après avoir été contrôlé positif aux BB. Dans le cadre d'une compétition ou d'un concours, c'est une substance dopante qui contribue à améliorer la perfomance
Je sais très bien qu’en milieu de compétitions sportives les béta bloquants sont proscrits, tout comme les béta mimétiques d’ailleurs : le salbutamol (Ventoline) par exemple.
Au point qu’un sportif asthmatique a le droit de les utiliser en prévention de l’asthme d’effort seulement s’il peut justifier d’une ordonnance médicale.
Bizarre n’est pas ? Oui, parce que d’un point de vue pharmacologique les b bloquants et les b mimétiques ont une action opposée sur les récepteurs (l’indication des uns contre-indique les autres, l’asthme est une contre-indication formelle aux béta bloquants non sélectifs etc.)
rien à voir avec une genouillère
Evidemment mais ce n’est qu’une comparaison. Je précise : les bb sont au musicien ce qu’une genouillère est au sportif. Ils ne vont pas entrainer une amélioration de la performance mais seulement éviter une dégradation de celle-ci.
après ce sont des rapports entre sens moral, conscience et ego, et là chacun fait ce qu'il peut.
L’éthique…est une valeur importante, bien entendu.
Mais ici il me semble qu’elle soit parfois confondue avec les conventions, éventuellement réglementaires.
Prenons le cas de l’asthme :
L’asthme est (en gros) un problème d’hypersensibilité bronchique à des allergènes, aux polluants atmosphériques, au froid, à l’effort physique… et…au stress !
Lors d’un bronchospasme (pas forcément une crise grave) les performances psycho-physiques sont plus ou moins dégradées, en fonction du degré de l’insuffisance respiratoire aigue qui entraine une baisse de l’oxygénation cérébrale et musculaire.
Ne serait-ce que la toux obstinée (très fréquente) serait un handicap très important pour un examen oral par exemple
Vous suivez toujours ? Bien !
Mais personne n’envisage d’exclure les asthmatiques (toutes formes confondues : 15 % des jeunes générations !) des activités sportives même de haut niveau, ou de la scolarité et de la soutenance d’examens et de concours. Tant et si bien que les traitements (de fond et préventif des crises) sont autorisés.
Qui l’a décidé ?
Des hommes, constituant une société.
Maintenant venons-en aux tremblements et aux dystonies neuromusculaires apparentées (blocage de la parole, bégaiement…)
Vous remarquez bien que je ne parle pas des attaques de panique, ni de la soi-disant "spasmophilie", ni de la timidité, ni du manque de confiance en soi, ni du trac chronique, ni de l’insatisfactions professionnelle, ni d’être mal dans sa peau…
Les tremblements (pour simplifier) sont moins bien connus que l’asthme pour ce qui est des mécanismes mais assez bien connus (scientifiquement parlant) pour les mettre sur le même plan : il s’agit d’une hyper réaction neuromusculaire à des situations qui sortent d’un certain cadre « ordinaire ». Ici, l’équivalent des allergènes, du froid, des polluants atmosphériques etc. sont…des situations de vie relationnelle.
Les sujets en question ont très probablement trop de récepteurs béta (c’est congénital) et trop peu de systèmes de déplétion des catécholamines (la fameuse adrénaline pour faire simple, et ça peut être congénital et/ou acquis).
Résultat : tremblements plus ou moins fins lors d’actions qui demanderaient de la stabilité et de la fluidité si (et seulement si) ces actions se situent dans un contexte vécu comme stressant et entrainant donc une production non ordinaire d’adrénaline.
La dégradation de la performance est flagrante.
Un parkinsonien ne peut pas (ou plus) jouer du violon, même tranquillement chez lui, puisque son tremblement lors d’une action intentionnelle est inévitable (il peut néanmoins s’améliorer sous traitement)
Un sujet qui souffre des tremblements dont on discute ici joue très bien en dehors de certaines situations qui le stressent et lui font monter l’adrénaline.
Or, en sachant tout ça, quelle est la position éthique juste ?
Quel regard la société humaine devrait avoir et quelles règles devrait elle adopter ?
Au nom de quoi les asthmatiques sont admis (mais on pourrait citer aussi les hypothyroïdiens, les hypo surrénaliens…) et les neurodystoniques devraient être exclus ?
Pour ma part, j’en sais trop (par science et par expérience) pour penser qu’un jeune qui tremble aux auditions devrait tout simplement renoncer à une carrière musicale, tout comme je ne peux pas penser que mon fils asthmatique devrait renoncer au volley ou à participer à une compétition de ski.
Merci d’avoir pris le temps de lire
Scientifiquement et moralement vôtre
Briel