Alors résultat des courses... J'ai amené le violon chez le luthier, et j'en suis ressortie contente d'y être allée, d'avoir la tête plus claire et découvert un luthier que j'apprécie beaucoup. Et voici quelques conclusions à tirer de mon entreprise... après cela je ne vous ennuierai plus avec ce violon, sauf pour vous le faire entendre!
Question valeur du violon. Premier étonnement pour moi: il dit que ce n'est pas un mauvais violon, que sans accidents il aurait pu être vendu autour de 2000 euros. Par contre sa valeur marchande actuelle est nulle, car il a été fendu et réparé deux fois, la dernière réparation, la mienne, étant visible comme le nez au milieu de la figure. Mais à part ça c'est un violon qui est tout à fait jouable maintenant et mérite d'être joué, et comme j'avais perdu beaucoup de recul par rapport à cet instrument, je suis très heureuse de l'apprendre. Il a donc pour moi une valeur à laquelle je ne m'attendais pas, même si j'avais déjà été étonnée de sa puissance et de la chaleur de son son.
Dans la pratique: à part questions esthétiques, il n'y a rien à faire sur la table, elle semble solide et prête à tenir bien le coup, il faudra voir avec le temps. Par contre le chevalet a une mauvaise courbure (corde de mi trop haut) et n'est pas assez ajusté à la table, mon sillet de touche n'a pas une inclinaison assez progressive pour les cordes, et les chevilles bloquent un peu. Étant donné que j'ai envie de jouer ce violon et qu'il en vaut la peine, dans l'état actuel des choses, le luthier va retravailler le chevalet et le sillet, ainsi que changer l'âme. Il aurait aussi pu faire un nouveau chevalet, un nouveau sillet, mettre un nouveau de jeu de chevilles et redresser la touche, mais pour rester cohérent par rapport à ce que j'ai déjà fait dessus et la valeur financière que ce violon n'a plus, on va plutôt procéder par étape: si je suis contente comme ça tant mieux, si à l'usage je ressens le besoin d'offrir plus à ce violon on ira alors plus loin. C'est un bel équilibre pour moi: mon travail n'a en rien été perdu, et l'apport du luthier complète parfaitement ce pour quoi je n'ai même aucune idée de ce que je pourrais faire pour que ce violon sonne encore mieux. Question porte-monnaie, en tout et pour tout si je ne vais pas plus loin après ce passage chez le luthier, ce violon m'aura coûté moins de 200 euros, prix d'achat, matériel, accessoires manquants et passage chez le luthier compris (bien entendu hors heures de travail que j'ai passées dessus, mais ce n'était que plaisir

).
Question "ai-je bien agi?": eh bien il semble ressortir de notre échange sur la question que oui. Malgré la valeur qu'aurait eue ce violon s'il n'avait jamais été fendu, l'état dans lequel je l'ai acquis n'aurait pas mérité le travail d'un luthier dessus, non seulement pour ce que cela aurait coûté (au bas mot 800 euros) mais surtout car un bon luthier n'aurait pas souhaité faire ce travail: l'investissement en temps n'en aurait pas valu la peine. Si je n'avais rien entrepris dessus, ce violon n'aurait donc pas "mérité" d'investir sur sa réparation. Le luthier me dit que je n'ai donc rien à regretter. Il a quand même bien ri en apprenant que je m'étais lancée sans expérience dans l'opération du détablage...
Donc voilà, le violon est resté se faire faire une beauté du chevalet et du sillet, recevoir une nouvelle âme, et de mon côté je suis heureuse de ce que j'ai appris avec cette expérience et de ce que je vais pouvoir vivre maintenant avec ce violon. C'est extrêmement gratifiant pour moi de penser qu'il aurait eu peu de chances d'avoir un meilleur avenir qu'en étant passé par mes mains, et peut-être encore moins d'être aimé comme je l'aime maintenant. Ensuite, qui sait, peut-être serait-il un jour tombé dans les mains d'un jeune luthier voulant s'exercer, et qu'il s'en serait alors bien mieux sorti... cela nul ne pourra le dire...