Re: Un enfant prodige ...
Publié : jeu. 25 févr. 2021 18:52
Un forum dédié à tous les amoureux du violon.
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(*il dois avec un t... désolée pour la faute.)
Je suis beaucoup plus dans le questionnement que dans l'affirmation à vrai dire, je me suis peut-être mal exprimée.Pallasite a écrit : ↑lun. 1 mars 2021 16:55 En fait, ce que je trouve surprenant c'est que si je comprends bien, tu sembles considérer comme évident qu'il existe des personnes (rares) avec un don, que ce don soit fixe (donc décelable très rapidement) et que cela soit important voire indispensable pour exceller.
Alors que je trouve qu'aucun de ces trois présupposés n'est évident.
Expérience personnelle : quand une personne est persuadée d'être nulle, elle obtient un résultat nul. Quand la même personne est intimement convaincue que cela vaut le coup d'essayer, elle obtient un bon résultat.Melehad a écrit : ↑mar. 2 mars 2021 17:44 Justement, j'en parlais avec mon mari récemment et lui considère qu'il n'est pas fait pour la musique. Il dit qu'il n'a aucun rythme, pas l'oreille musicale et qu'il serait une catastrophe. Cependant, sans avoir essayé, comment savoir ? Je pense que s'il voulait essayer, avec de l'entrainement, il obtiendrait des résultats. Après c'est peut-être juste une histoire de volonté. Il n'a tout simplement pas envie.
Pas forcément, j'irais presque jusqu'à dire le contraire.Pallasite a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 08:23 Mais si pour quelque raison, on démarre dans la norme ou lentement, le renforcement sera moins fort (voire inexistant) et on développera moins sa confiance en soi parce qu'on va avoir la sensation de mariner, de ne pas y arriver, voire pire d'être nul (il suffit d'un copain à côté qui s'en sorte mieux).
Dans de moindres proportions.Pallasite a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 08:23 Troisièmement, la vitesse d'apprentissage est rarement constante. Tous quand on apprend avons des périodes où l'on progresse plus que d'autres, des plateaux, parfois des retours en arrière. Mais du coup, il est impossible de conclure que "plus rapide au début" implique "plus haut potentiel" pour cause d'inné. Après tout, on peut avoir du mal au début et brillamment s'en sortir après (si on nous a donné l'opportunité d'arriver à l'après...).
On peut, et on se doit pourtant de le faire, car l'approche ne sera pas la même, et des précautions seront indispensables pour éviter les échecs-types dont j'ai fais l'exemple au-dessus.Pallasite a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 08:23 Du coup, il me parait bien plus bénéfique pour un élève de partir du principe que :
1) on ne peut pas savoir si oui ou non, on est talentueux et de toute manière quelque soit la réponse, on ne peut rien y faire,
2) de plus, on ne peut formellement pas démontrer rigoureusement l'existence du talent (on ne peut que constater des différences initiales et finales, mais pas quantifier leur importance dans des différences "finales" de niveaux à cause des facteurs confondants environnementaux (profs, boucles de rétroactions...)),
3) cela ne sert donc à rien de se demander si oui ou non on est talentueux parce qu'on ne pourra jamais connaitre la réponse, ni même savoir si cela a une quelconque importance,
4) il parait donc bien plus adapté de ne s'occuper que de son apprentissage et de sa motivation.
Dans tous les cas, la priorité de l'élève lui-même est de trouver du plaisir dans ce qu'il fait. Le reste c'est le soucis du professeur (et JAMAIS des parents, je ne compte plus les conflits avec les parents d'élèves qui veulent se substituer à l'expérience du professeur pour savoir comment s'y prendre avec l'enfant, voir imposer leur propre volonté sur la formation de l'enfant...)
En mes termes c'est:
J'avoue qu'il ne m'a pas traversé l'esprit qu'en violon, où l'enseignement est en général fait pour un unique élève (à la différence de l'école), un enseignant puisse ne pas pousser un élève et le laisser dans cette zone de non-difficulté qui amène à cette fausse confiance. Évidemment, si c'est la cas, à un moment où à un autre, ça risque de faire mal.Zaphod a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 12:48Pas forcément, j'irais presque jusqu'à dire le contraire.Pallasite a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 08:23 Mais si pour quelque raison, on démarre dans la norme ou lentement, le renforcement sera moins fort (voire inexistant) et on développera moins sa confiance en soi parce qu'on va avoir la sensation de mariner, de ne pas y arriver, voire pire d'être nul (il suffit d'un copain à côté qui s'en sorte mieux).
Ceux qui partent avec une facilité et une longueur d'avance vont avoir une fausse confiance, qui va vite s'ébranler dès qu'ils vont progresser et se trouver confronté avec d'autres musiciens qui ont les mêmes facilités, voir encore plus, et là ça retombe bien vite.
A l'opposé ceux qui partent sans bonus n'ont pas les mêmes objectifs, ils se disent souvent "je sais que c'est difficile, je n'ai pas le don, je ferai ce que je peux", et avec du travail et un bon accompagnement ils progresseront très bien et de façon supérieure à leurs attentes, ce qui pour le coup sera source de plaisir, de prise de confiance, et de motivation.
Je vois ce que tu veux dire et je le comprends et oui évidemment cela existe. Cela dit, de la non-pogression vraie ou des vrais plateaux, j'en connais aussi. On peut en effet discuter des causes (est-ce l'élève qui stagne ou le professeur qui n'est pas capable de débloquer la situation ?) et j'avoue que pour les causes je ne sais pas trop. Mais quelle que soit les causes, les professeurs étant humains, j'ai du mal à imaginer qu'un élève ne rencontre pas un moment où ça coince vraiment sans qu'il y ait besoin d'une longue recherche pour trouver la solution.Dans de moindres proportions.
La progression reste constante, en revanche c'est sa propre perception qui ne l'est pas. Dans certaines phases l'élève peut avoir l'impression de régresser, or tant qu'il est bien accompagné (les autodidactes qui prennent de mauvaises habitudes pour le coup peuvent vraiment régresser, donc hors sujet) l'élève progresse de façon continue. C'est encore une fois le rôle du professeur de sentir quand l'élève est dans une phase de sensation de régression, pour alors compenser la perte de motivation par une motivation d'un autre ordre que celle de la progression (l'occasion par exemple de découvrir un style musical nouveau, de faire des jeux d'oreille, d'aborder un objectif parallèle comme l'improvisation etc...).
Il y a là un effet classique de type Dunning-Kruger qu'il faut savoir exploiter dans l'intérêt de l'élève.
En effet impressionnant. Mais là pour le coup, je me demande ce qu'ont fait les enseignants (et les parents).On voit ce phénomène à tous les stades, je l'ai même rencontré en examen pour le premier prix, où des élèves venant de petits conservatoires avaient une confiance et une estime d'eux monstrueusement élevée, se retrouver à entendre d'autres candidats ayants un meilleur jeu, et en quelque minutes perdre leur confiance, leur motivation, au point de ne plus pouvoir aligner trois notes, et repartir sans même se présenter à l'examen. Assez impressionnant.
C'est souvent plus compliqué que cela. J'ai fait partie de ces gamins, sans cadre adapté à l'école (école publique du coin, pas prestigieuse pour deux sous, mes parents ont refusé à de nombreuses reprises que je saute une classe et pour clore le tout, j'ai préféré la prépa du coin à la prépa prestigieuse), et non seulement ça n'a rien empêché mais en plus je suis intimement convaincue que c'était le bon choix pour moi (et je remercie mes parents de ne pas avoir cédé aux pressions). Parce que tout ce qu'il y a autour compte ainsi que la personalité de l'élève compte aussi beaucoup. À l'inverse, pas mal d'amis ont eu ces "cadres adaptés" et en sont ressortis assez aigris.Regarde ce qui se passe dans le cursus scolaire et tu en auras un bon exemple.
Prends le cas d'un élève particulièrement intelligent, et place-le dans un établissement scolaire médiocre. Au lieu de progresser proportionnellement à ses capacités, il va totalement décrocher du système (ça je l'ai vécu personnellement).
Il est important justement de déceler rapidement ses capacités, pour lui permettre d'évoluer dans un cadre adapté.
Exactement.Alain44 a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 13:51En mes termes c'est:
Ne pas se comparer aux autres, mais se comparer à soi même (sa progression ...)![]()
Donc révéler au mieux son potentiel, ses capacités ... donner le meilleur de soi même (sans lorgner sur ce que fait l'autre ...).
Eprouver du plaisir à progresser, par rapport à soi même. Eprouver du plaisir à jouer, pour donner du plaisir aux autres.
Mais développer une attitude "non-compétitive" n'est pas si facile dans notre société...![]()
Je pense que tu pars là du principe que chaque professeur adapte sa pédagogie et sa méthode à chaque élève, ce qui est malheureusement presque jamais le cas. Peut-être 95% des profs utilisent la même méthode, dans le même ordre, en suivant un schéma classique (ex. 2ème cycle 1ère année tel recueil, telles techniques, tels morceaux, et ensuite on fait du copier coller entre les élèves).Pallasite a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 19:14
J'avoue qu'il ne m'a pas traversé l'esprit qu'en violon, où l'enseignement est en général fait pour un unique élève (à la différence de l'école), un enseignant puisse ne pas pousser un élève et le laisser dans cette zone de non-difficulté qui amène à cette fausse confiance. Évidemment, si c'est la cas, à un moment où à un autre, ça risque de faire mal.
Il n'y a pas vraiment de généralité sur la vitesse de progression, certains vont progresser vite dans un domaine (par exemple la justesse) et trainer sur d'autres (par exemple la technique d'archet) alors que pour d'autres ce sera l'inverse.Pallasite a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 19:14 Je pensais plutôt à la différence entre deux élèves l'un va mettre une semaine pour atteindre l'exigence que tu as fixé pour passer à l'étape suivante et l'autre qui va mettre un mois alors que tous les deux sont au bon niveau de difficulté. Cause classique : celui qui avance vite travaille mieux que le second ou dans de meilleurs conditions. Mais tu peux aussi avoir que celui qui avance vite à en fait une longueur d'avance à cause de son passé ou de son environnement.
Pour l'instant en 15ans d'enseignement je n'ai jamais été confronté au cas où un élève ne parvenait pas à surmonter une difficulté. Des pertes de motivations oui ça arrive, mais bloquer jamais. De la chance peut-être ? Je ne sais pas. Il arrive que quand des collègues se retrouvent dans cette situation ils m'envoie leur élèves le temps de débloquer la situation, ça à toujours également fonctionné.Pallasite a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 19:14
Je vois ce que tu veux dire et je le comprends et oui évidemment cela existe. Cela dit, de la non-pogression vraie ou des vrais plateaux, j'en connais aussi. On peut en effet discuter des causes (est-ce l'élève qui stagne ou le professeur qui n'est pas capable de débloquer la situation ?) et j'avoue que pour les causes je ne sais pas trop. Mais quelle que soit les causes, les professeurs étant humains, j'ai du mal à imaginer qu'un élève ne rencontre pas un moment où ça coince vraiment sans qu'il y ait besoin d'une longue recherche pour trouver la solution.
Encore une fois tout est question de proportions.Pallasite a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 19:14 C'est souvent plus compliqué que cela. J'ai fait partie de ces gamins, sans cadre adapté à l'école (école publique du coin, pas prestigieuse pour deux sous, mes parents ont refusé à de nombreuses reprises que je saute une classe et pour clore le tout, j'ai préféré la prépa du coin à la prépa prestigieuse), et non seulement ça n'a rien empêché mais en plus je suis intimement convaincue que c'était le bon choix pour moi (et je remercie mes parents de ne pas avoir cédé aux pressions). Parce que tout ce qu'il y a autour compte ainsi que la personalité de l'élève compte aussi beaucoup. À l'inverse, pas mal d'amis ont eu ces "cadres adaptés" et en sont ressortis assez aigris.
Même remarque qu'au début de ma réponse, l'enseignement est rarement personnalisé, ou seulement dans l'apparence.
Zaphod a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 19:52Je pense que tu pars là du principe que chaque professeur adapte sa pédagogie et sa méthode à chaque élève, ce qui est malheureusement presque jamais le cas. Peut-être 95% des profs utilisent la même méthode, dans le même ordre, en suivant un schéma classique (ex. 2ème cycle 1ère année tel recueil, telles techniques, tels morceaux, et ensuite on fait du copier coller entre les élèves).Pallasite a écrit : ↑jeu. 4 mars 2021 19:14
J'avoue qu'il ne m'a pas traversé l'esprit qu'en violon, où l'enseignement est en général fait pour un unique élève (à la différence de l'école), un enseignant puisse ne pas pousser un élève et le laisser dans cette zone de non-difficulté qui amène à cette fausse confiance. Évidemment, si c'est la cas, à un moment où à un autre, ça risque de faire mal.
Adapter sa méthodologie demande un temps conséquent de préparation, que certains professeurs peuvent se permettre (et le font ou non), mais que la plupart ne peuvent en raison du nombre d'élève et de leur emploi du temps déjà bien chargé (entre le travail personnel, les répétitions d'orchestre, les concerts etc).
Du coup l'élève en fonction de ses capacités va se sentir soit à l'aide, ou soit tout le temps dépassé (comme en classe scolaire).
Et bah, ça ne donne pas envie...Même remarque qu'au début de ma réponse, l'enseignement est rarement personnalisé, ou seulement dans l'apparence.
Un mauvais élève sera toujours rejeté par un professeur réputé car il va le considérer comme une perte de temps, et un élève prometteur se verra confié à un professeur réputé afin d'en tirer le meilleur, si toutefois le professeur qui en décèle les aptitudes ne se le garde pas pour flatter son égo personne, ce qui est malheureusement souvent le cas et c'est vraiment dommage pour l'élève.
Peut-être bien que cela renforce l'idée qu'un blocage n'est finalement rien de plus que l'incapacité d'un professeur donné à savoir résoudre un problème particulier d'un élève donné à un moment donné.Pour l'instant en 15ans d'enseignement je n'ai jamais été confronté au cas où un élève ne parvenait pas à surmonter une difficulté. Des pertes de motivations oui ça arrive, mais bloquer jamais. De la chance peut-être ? Je ne sais pas. Il arrive que quand des collègues se retrouvent dans cette situation ils m'envoie leur élèves le temps de débloquer la situation, ça à toujours également fonctionné.
Ça n'a en effet pas l'air drôle du tout.Encore une fois tout est question de proportions.
Personnellement je n'ai jamais pu m'intégrer, au collège je préparais un doctorat en cursus libre pendant les cours avec des livres planqués sous la table malgré des classes sautées, impossible d'avoir le moindre lien affectif avec un autre élève, incompréhension permanente dans les deux sens, des bulletins de notes totalement ératiques (20/20 dans les matières qui m'intéressaient, et des bulles dans le reste), des problèmes de violences à répétition et des rdv quasi hebdomadaires chez le principal, pas très drôle comme aventure.