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Publié : sam. 1 sept. 2007 11:26
par renaud
tisseranne a écrit : Hé bien par ex., j'ai lu dans un autre forum :
Je pense que la musique modale est tout type de composition qui met en relief:

* la structure physique d'un mode (nombre - emplacement - succession) des tons / demi-tons)

* l'importance de chaque degré par rapport aux autres

* le "découpage" fait par la composition sur la gamme en tétracordes - pentacordes... et les relations qui en résultent
Mais ce sont des grosses têtes, ils ne savent pas très bien expliquer aux débutants.
Les deux premières lignes, je crois comprendre, mais la troisième...
Si tu veux bien me dire ce que tu en penses...
"Grosses têtes", je ne sais pas, "grands mots", certainement, mais qui ne veulent pas dire quelque chose de très clair, de mon point de vue.

Je développe plus tard.

Publié : sam. 1 sept. 2007 11:40
par luce
Pour Renaud, hip hip hip...?!!!

:lol:

_biz_

Publié : sam. 1 sept. 2007 18:19
par renaud
Donc revenons à la question des 12 modes qui n'en font plus que 2.

Tou d'abord les 12 modes de la Renaissance:

Au XVIème siècle, chaque note peut être la fondamentale, ou finale, d'un mode (attention, à cette époque le "si" n'existe pas encore tel quel, il correspond à un degré mobile, le système est essentiellement basé sur un hexacorde qui comprend les degrés non-mobiles: ut-ré-mi-fa-sol-la... stop!)
En fonction de la tessiture (il s'agit de musique vocale, essentiellement!), cette fondamentale peut se situer en bas de la tessiture, ou au milieu.
L'art de conduire la ligne mélodique (je parle de composition, là!) n'est pas le même dans un cas et dans l'autre. Car:
Dans chaque mode il y a une note pivot sur laquelle on insiste particulièrement, que l'on "tient" plus, c'est la teneur (d'où son nom).
Exemple en mode de ré:
ré-fa-sol-la-la-la-fa-la-sol-fa-mi-ré.
On insiste davantage sur le la, quinte de ré. Très confortable pour le chanteur qui a le ré plutôt dans le bas de sa tessiture.

Mais si le chanteur a le ré au milieu, ça le fait insister sur une note (un peu) plus extrême, moins confortable. Pour éviter ça, dans le cas de ce chanteur, la conduite mélodique ressemblera plutôt à ça:
la-ré-mi-fa-fa-fa-fa-fa-mi-sol-mi-ré.
Lorsque la fondamentale/finale est en bas, on parle de mode "authente"
Lorsque la fondamentale/finale est au milieu, on parle de mode "plagal".

Nous avons donc bien 12 modes:
ut authente, ut plagal, ré authente, ré plagal, etc. avec mi, fa, sol, la.

Ensuite:

Au XVIIème siècle, on repense tout ça. On ajoute le "si" au système. Et on passe à 2 modes, qui se distinguent par leur tierce, majeure ou mineure.
Même si le style musical a évolué, il n'y a pas tant de différences que ça.

Avant, il y avait 3 (ou plutôt 6) modes avec tierce majeure (ut, fa et sol). Or:
En mode de sol, au moment de la cadence, on doit altérer le fa et faire fa# (c'est une loi, même si l'altération n'est pas écrite!!!)
En mode de fa, on altère fréquemment le "si" (je l'apelle comme ça pour simplifier) pour faire si bémol.
Résultat: mode d'ut, ou mode de fa avec si bémol, ou sol avec fa#... Ca revient au même! C'est les mêmes intervalles. Les théoriciens les ont donc regroupés sous l'appellation "mode majeur", avec toutes les transpositions possibles.

Pour les modes avec tierces mineures c'est un peu différents.
Les différences entre les modes de ré, mi, et la, se retrouvent dans les degrés mobiles du nouveau mode mineur ("mélodique ascendant", "mélodique descendant", "sixte napolitaine").
Si l'on prend notre bon vieux la mineur avec tous les degrés mobiles, on obtient:
la, si bémol (comme en mode de mi, utilisé pour les sixtes napolitaines), si, do, ré, mi, fa, fa# (comme en mode de ré), sol, sol# (altération obligatoire de la sensible), la.

Et ça va tenir jusqu'à maintenant!

D'autres questions?

Publié : sam. 1 sept. 2007 18:41
par yodeyma
merci c'est très enrichissant

Publié : dim. 2 sept. 2007 16:49
par tisseranne
Merci ! Très enrichissant en effet. Et ça répond bien à ma question. Je vais d'ailleurs imprimer la page, parce que d'autres amis étaient intéressés (comme quoi tu as travaillé pour plusieurs personnes !)
D'autres questions ?
Euh oui... si je peux en profiter... sans vouloir abuser bien sûr de ta patience... :ninja:

Première question toujours sur les modes: j'avais rencontré il y a bientôt un an une jeune harpiste (harpe de concert) qui composait également, et qui disait qu'elle était plus tournée vers la "musique modale". Je croyais avoir compris ses explications, mais quand j'ai écouté son CD par la suite... j'avais pas dû comprendre. C'était très "contemporain", à mon oreille ça partait un peu dans tous les sens... Moi je n'arrivais pas à repérer le moindre mode qui m'aurait donné l'impression de retomber un peu sur mes pieds. Mais ça vient peut-être de moi. Alors, ça veut dire quoi, à ton avis, de la musique modale (moderne) ?

Deuxième question : eh bien puisque tu parles de cadence... cette histoire de cadence, j'en ai déjà entendu parler. Alors il y avait une histoire d'octave et de sixième... (de mémoire...) Si tu peux m'en dire plus...

Et encore merci pour tout ! _biz_
Au fait, l'écriture du bouquin dont a parlé je ne sais plus qui... tu y penses ? ;)

Re: Théorie

Publié : dim. 2 sept. 2007 16:51
par tisseranne
Amicie a écrit :Bonjour,

Si tu cherches un bon livre de Théorie, prend celle de Sophie Jouve-Ganvert. (en deux volumes). Elle est très simple, très claire, et on comprend facilement ! Voilà, c'est aux éditions Lemoine. (je crois)
Merci du conseil.

Publié : lun. 3 sept. 2007 12:15
par renaud
tisseranne a écrit : Première question toujours sur les modes: j'avais rencontré il y a bientôt un an une jeune harpiste (harpe de concert) qui composait également, et qui disait qu'elle était plus tournée vers la "musique modale". Je croyais avoir compris ses explications, mais quand j'ai écouté son CD par la suite... j'avais pas dû comprendre. C'était très "contemporain", à mon oreille ça partait un peu dans tous les sens... Moi je n'arrivais pas à repérer le moindre mode qui m'aurait donné l'impression de retomber un peu sur mes pieds. Mais ça vient peut-être de moi. Alors, ça veut dire quoi, à ton avis, de la musique modale (moderne) ?
Il faut se méfier de ce que disent les compositeurs sur leurs propres oeuvres. C'est parfois n'importe quoi.

En général, par "modale", on entend "avec une autre échelle que la gamme tonale", c'est-à-dire avec d'autres intervalles (souvent avec l'absence de sensible). Citons en vrac, le mode pentatonique (5 notes issues du cycle des quintes, exemple: do-ré-mi-sol-la), typique "chinois", qu'on trouve chez Ravel, Debussy, par exemple. Les modes à transposition limitée de Messiaen (le mode 2, par exemple, qui alterne ton, 1/2 ton, qu'on trouve chez Debussy, Chostakovitch entre autres). Les modes orientaux avec des secondes augmentées, ou des intervalles très expressifs (certaines musiques tziganes, nord-africaines).
Mais il y a une telle profusion d'échelles non-tonales dans le monde, qu'on peut à peu près tout trouver: Un mode iranien ou l'octave est divisée en 29 (NB: la gamme chromatique, c'est 12!), un mode africain ou l'octave est divisée en 7 parties égales! (mais le langage est essentiellement rythmique dans ce cas particulier)
tisseranne a écrit : Deuxième question : eh bien puisque tu parles de cadence... cette histoire de cadence, j'en ai déjà entendu parler. Alors il y avait une histoire d'octave et de sixième... (de mémoire...) Si tu peux m'en dire plus.
Quelle cadence? A la Renaissance?
Allons-y pour la Renaissance!
A une voix, on finit en général par une seconde descendante, exemple:
fa-mi-ré.
A deux voix, il faut finir par une consonance parfaite (octave, unisson) car la fin est un point de repos, où l'on place un intervalle le plus stable possible.
On fait précéder cette intervalle par "la consonance imparfaite la plus proche". En clair, on joue sur la force d'attraction de certains intervalles.

Parenthèse:
Faites l'expérience vous même:
Une sixte mineure, comme mi-do, il y a une attraction vers la quinte mi-si, l'intervalle n'est pas très stable, et il a une certaine "orientation" vers l'intérieur (autres possibilités, aller vers fa-do, fa-la, sol-si...)
Une sixte majeure, c'est plutôt vers l'extérieur (ré-si attire do-do, ou la-do, do-mi, etc...)


Pour mieux faire sentir la fin comme fin, on fait précéder l'intervalle reposant par l'intervalle le plus tendu à disposition à l'époque.
fa-mi-ré, sera donc accompagné par la ou ré-do#-ré. Le retard du ré, au-dessus du mi, renforce cette tension et du même coup, le sentiment de détente après.

A partir de 3 voix, on peut ajouter ré-la-ré par exemple, à la basse, ce qui donne la cadence qui sera analysée après comme "enchainement du Vème au Ier degré", dans le langage tonal.

Publié : lun. 3 sept. 2007 12:19
par renaud
Pour ceux qui sont intéressé par tout ça, je rappelle que je donne des cours d'Ecriture au conservatoire du XVème, à Paris.

Attention il y a un certain niveau de solfège requis et des limites d'âge.

Publié : mar. 4 sept. 2007 09:39
par tisseranne
Eh bien voilà, c'est tout clair tout ça !
On m'a dit un jour qu'on repère ceux qui ont un véritable savoir parce qu'ils savent l'expliquer de la façon la plus simple possible, le rendant accessible à tous (même si ce n'est parfois que sous forme "d'aperçu"). Je crois que nous venons d'avoir un bon exemple.
Image_biz_

Re: La théorie et la pratique

Publié : mer. 19 mai 2010 22:36
par joany1000
la vrai réponse pour sa question 1 cest quoi?