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Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : jeu. 24 mai 2012 09:57
par Cantilène
[quote="Malkichay"]Exact ! Le neuf "vieilli", ça marche !! Enfin, pour les violons..

[/quote]
Et les jeans ! Activité hautement polluante où on les vieillit, en Afrique, à l'acide (rejeté ensuite quasi sans traitement dans les lacs), et au frottement à la pierre ponce !
Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : jeu. 24 mai 2012 11:48
par jépadçon
Je crois qu´un élément a ici une certaine importance: les progrès en matière de sonorité des instruments neufs ces 15 dernières années.
Ce qui peut, en partie expliquer le bas prix des instruments neufs d´il y a quelques années. Les meilleurs violons neufs de ma jeunesse feraient aujourd´hui pâle figure au milieu de la production actuelle.
Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : jeu. 24 mai 2012 12:07
par Nicolo
Exact
Et je reprends ce que j'ai écrit dans une autre file :
" Le très haut niveau de lutherie contemporaine du début du 21ème siècle était issu d'un formidable élan de partage des connaissances entre luthiers qui a émergé à la fin du 20ème siècle. "
Voilà comment on parlera dans un ou deux siècles de ce que nous vivons en ce moment dans notre métier.
Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : jeu. 24 mai 2012 12:18
par cécilius
jépadçon a écrit :Je crois qu´un élément a ici une certaine importance: les progrès en matière de sonorité des instruments neufs ces 15 dernières années.
Intéressante, donc ça ne vient pas que des bois, comme on peut le lire ça et là.
Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : jeu. 24 mai 2012 16:03
par jépadçon
Si pour faire un bon violon il suffisait de trouver le bon bout de bois, ce serait facile (comme si pour être un bon violoniste il suffisait d´acheter la bonne partition!)
Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : jeu. 24 mai 2012 18:43
par Cantilène
Nicolo a écrit :Exact
Et je reprends ce que j'ai écrit dans une autre file :
" Le très haut niveau de lutherie contemporaine du début du 21ème siècle était issu d'un formidable élan de partage des connaissances entre luthiers qui a émergé à la fin du 20ème siècle. "
Voilà comment on parlera dans un ou deux siècles de ce que nous vivons en ce moment dans notre métier.
C'est bien beau tout ça

et je vais me faire "
l'avocat du diable"... car j'ai peine à croire que cet élan de partage, les interractions et échanges entre les savoirs et trouvailles des luthiers, n'existaient pas déjà à Mirecourt à la fin 19ème-début 20ème ! Et vu le paquet de luthiers qu'il y a eu là-bas ...
De plus, les jeunes apprentis voyangeaient pour diversifier leur savoir, avant de revenir.
Ils apprenaient, aussi, bien plus jeunes (dès 13 ans parfois), et je ne suis pas sûr que leur journée au travail n'était pas plus longue, leur semaine également de 6 jours effectifs, et les vacances en ce temps là inexistantes ... ce qui faisait un labeur et une expérience de terrain et de travail d'artisan sans doute bien plus marqué qu'aujourd'hui, et qui devait inévitablement se voir dans la qualité, la rapidité, et la précision du geste !
Ce qu'ils avaient en moins, ce serait juste le contenu des études scientifiques d'aujourd'hui sur les meilleurs violons anciens. Et des éventuels appareils de test accoustique, pour peu que des luthiers les emploient.
Alors, je reste perplexe ; comment a-t-on aujourd'hui , en matière de violon, ré-inventé la roue ????????????????????????????
Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : jeu. 24 mai 2012 19:26
par jépadçon
Cantilène a écrit :C'est bien beau tout ça

et je vais me faire "
l'avocat du diable"... car j'ai peine à croire que cet élan de partage, les interractions et échanges entre les savoirs et trouvailles des luthiers, n'existaient pas déjà à Mirecourt à la fin 19ème-début 20ème !
En effet, la tendance était plus "chacun garde ses petits secrets" De plus l´accès aux informations était très limité. Quand tu vois les livres et les posters d´aujourd´hui, même ceux qui n´ont pas travaillé chez Beare, Vatelot ou Hill peuvent savoir comment est gaulé un Strad!
Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : jeu. 24 mai 2012 20:56
par IFred
Il n'y pas une génération de luthier qui à juste titre ne s'est pensé et vue comme la pointe de ce qui se faisait en son temps.
C'est les 15 dernières années depuis 330 ans ...
"Voilà comment on parlera dans un ou deux siècles de ce que nous vivons en ce moment dans notre métier."
Chercher la postérité aprioris c'est quand même pousser le vice un peu loin.
Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : jeu. 24 mai 2012 22:30
par Nicolo
J'ai interrogé les générations de luthiers qui nous précèdent et qui ont étudié à Mirecourt. Leur dires étaient unanimes : on n'allait pas dans les autres ateliers. De plus à Mirecourt, les luthiers travaillaient comme des brutes sans réfléchir. C'est à Paris que les évolutions se faisaient. Mais la plupart des luthiers du 19 ème français et du début du 20 ème étaient tellement entachés de leur apprentissage que rares étaient ceux qui innovaient en matière de conception pour avoir de grands violons. Ils progressaient mais restaient très souvent dans une identité sonore française issue des traditions mirecurtiennes.
Dans les années 80, je suis rentré trop vite un jour dans l'atelier de Frédéric Boyer (paix à son âme). Surpris, Il a caché son travail sous l'établi : il posait une barre...
Aujourd'hui, j'ai deux stagiaires dans mon atelier, une en lutherie et une autre en archèterie. Un truc qu'on ne voyait jamais avant. On transmet, on échange, on progresse. et ça depuis les années 80 seulement. Et j'ajouterai : Musicora y est pour quelque chose, tout comme nos associations professionnelles.
Quant à "Chercher la postérité aprioris" comme le dit Fred, c'est une formulation que je lui réserve.
Nous sommes néanmoins suffisamment formés, compétents, ouverts d'esprits, modestes et bien documentés pour juger de la qualité d'un instrument, qu'il sorte de la cuisse de Jupiter ou d'un sac de noix. L'objectivité, nous la connaissons, c'est notre quotidien, car c'est grâce à elle que nous nous remettons régulièrement en question pour progresser et que nous nous autorisons à porter des jugement.
Alors, je le dis, oui, les instruments contemporains sont bons.
Je n'invente rien : il y a une bonne quinzaine d'années, j'étais avec Bernard Millant en train de regarder un violon de Frank Ravatin. Il me dit " C'est fabuleux, ça, c'est digne d'un ....", je lui réponds "D'un Vuillaume ? ". Et il m'a dit "Non, d'un Strad ! "
Vous pouvez vous amuser à remettre en question ce que dit Bernard Millant. Mais surtout n'oubliez pas de passer un coup de fil à Frank pour lui dire que ses violons ne vont bientôt plus sonner : 02 97 63 82 52 . Good luck !

Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : jeu. 24 mai 2012 23:28
par Cantilène
Nicolo a écrit :... De plus à Mirecourt, les luthiers travaillaient comme des brutes sans réfléchir.:
Merci pour cette crise de fou rire
Mais sincèrement Nicolo,

tu crois réellement ce que tu écris ?
Si tu relis les résultats du concours en aveugle de 1921 dans mon post de la première page :
"Finale:
1° Aubry 1090 pts
2°Le Lyonnais 1004 pts
3°Stradivari 1000 pts
4° Guadagnini 822 pts
5°Guadagnini 799 pts
6° Bayeux de Montréal 618 pts"
Aubry à 4000/5000 € aujourd'hui était aussi supérieur à tous les anciens crémonais !
A méditer ....

Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : ven. 25 mai 2012 07:32
par Nicolo
Ce à quoi je ne crois pas, c'est ce test de 1921, ça c'est sûr.
Combien de Aubry as-tu essayer de vendre dans ta vie?
Aubry ? C'est la bête noire du luthier. Voûtes ratées, Vernis trop dur, Modèle trop volumineux, épaisseurs comiques, renversements excessifs. Vas-t-en faire sonner des trucs pareil.
90% des luthiers à Mirecourt avaient commencé la lutherie à 12ans. Le but ; la rentabilité. Alors oui, je crois réellement ce que j'écris.
Content de te faire rire par contre.
Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : ven. 25 mai 2012 08:01
par Malkichay
90% des luthiers à Mirecourt avaient commencé la lutherie à 12ans. Le but ; la rentabilité. Alors oui, je crois réellement ce que j'écris.
Je me rappelle un petit bouquin que j'ai lu il y a quelques années sur la vie des anciens luthiers de Mirecourt. C'est ce que j'ai retenu...C'était l'usine.

Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : ven. 25 mai 2012 08:10
par Marc Genevrier
Il faut penser aussi que notre qualité d'écoute (luthiers et musiciens) a certainement beaucoup progressé, aussi. Quelles générations avant nous ont eu accès à autant d'enregistrements d'instruments formidables ? Sans parler des concerts, avec les grands musiciens qui parcourent le monde entier dans une mesure sans doute jamais atteinte jusqu'ici. Ça aiguise le jugement, non ? Or les luthiers fabricants d'aujourd'hui travaillent à l'unité, dans une recherche de qualité et non pour produire en quantité, donc on peut imaginer que ça les pousse à progresser, non ?
Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : ven. 25 mai 2012 08:25
par IFred
Cantilène merci de ne pas cocher "Désactiver les BBCodes" cela rend tes posts difficiles à lire et me force à tous les éditer en décochant cette option.
ok Aubry c'est de la M.. et lorsque l'on voit un Aubry, un Chanot etc on peut se demander comment ces instruments ont pue être considérer en leur temps. D'un autre coté si depuis plus de 150-200 ans Del Jesu est au moins si ce n'est plus apprécié que Strad, ce n'était pas une évidence sur la période pré-Paganini. De même Si tu regardes la lutherie Italienne XX ieme il faut attendre les années 60-70 pour que l'on s'y intéresse ailleurs qu'en Italie. Les luthiers commes je ne sais pas .. Paul Bailly, Paul Blanchard, Derazey n'etait pas des pieds nickelés il bossaient rudement bien et ne faisaient pas des casseroles..
Les violons neufs n'ont pas attendu la génération actuelle de quinquagénaire pour bien se vendre à des professionnels, gagner des concours être apprécié par leur contemporain et bien sonner. Il y en a qui continue à s'apprécier c'est vrai et d'autres qui peine à se vendre 3000€ aux ventes.
à Partir du moment ou les luthiers vendent leur instruments de leur vivant, savoir comment ils sonneront "de leur mort" ne devrait pas être un sujet aussi sensible..
C'est quand même fou.. Heureusement que la plus part de tes violons ne sonneront plus sinon comment feront les génreations futures de luthiers pour vendre leurs instruments.. C'est même en essence l'argument même qui est mis en avant ..
C'est le serpent qui se mort la queue.. c'est la nouvelle de Tino Buzzati sur les Jeunes / la chasse au vieux..
Re: Évolution du son d'un instrument neuf
Publié : ven. 25 mai 2012 09:28
par Marc Genevrier
Le problème de cette discussion, je trouve, comme souvent en lutherie, c'est qu'on mélange la qualité sonore et la valeur financière. Evidemment, puisque la "valeur marché" est la seule grandeur un peu objective ou incontestable ! Mais nous savons bien que les deux ne sont pas toujours liées, il y a aussi des effets de notoriété, de mode peut-être, de goût de l'époque. Que des violons très appréciés en leur temps ne dépassent pas les 5000 euros dans les ventes ne signifie donc pas grand chose à mes yeux, ou disons que j'ai peine à croire que ce soit seulement pour des raisons sonores. Dans plein d'autres domaines, il existe aussi des produits sous-évalués, souvent à tort, les acheteurs (et les vendeurs) n'étant pas toujours rationnels.