Marjolaine a écrit :Mais quand on se lance, à cinq, six ou sept ans, la conviction, il faut la provoquer. Elle n'est pas naturelle chez tous les enfants, et si on ne sélectionne que ceux qui a cinq ans sont prêts à bosser plusieurs heures par jour, alors on n'est pas prêt de voir la musique perdre son côté "élitiste".
En cela, je me demande si ton "prof terrible" (;)) était capable de donner "l'envie" aux débutants. Mon avis à moi, c'est que les premières années de violon devraient être faites avec un professeur capable d'apprendre de bonnes bases, mais qui soit surtout pédagogue et capable de motiver l'élève. Le type de professeur que tu décris, je dois admettre qu'il est sans doute nécessaire pour devenir un violoniste de haut niveau. Mais il dégoûterait complètement un enfant ou un débutant qui avait envie de pouvoir jouer des morceaux qui lui plaisent.
Je pense comme toi, il y a un temps pour l'éveil, prendre goût au solfège, au langage de la musique, découvrir son instrument, et un temps pour... Ce qui vient après
Mais je crois aussi que s'il y a bien une chose qu'un enfant de 4-5 ans doit apprendre le plus tôt possible a fortiori pour le violon, c'est la rigueur.
Oui je sais, j'ai un côté élitiste... Je réalise que les profs "gentils" que j'ai eus étaient bizarrement les moins motivants et m'ont plus dégoûté du violon qu'autre chose... Je ne voyais pas l'intérêt de travailler : au pire on ne me disait rien, ou alors un vague "tu retravailleras ce passage pour la semaine prochaine, si tu veux bien, d'accord ?"... Aucun intérêt ! Et puis, un prof qui fait trop de compliments ce n'est pas trop bon non plus, on se repose sur ses lauriers, on ne fiche plus rien... Un prof avare de compliments comme le mien, quand il te dit "c'est bien"... c'est une véritable récompense ! Et ça, c'est un compliment qui motive ! (Je ne dis pas qu'un prof gentil fait forcément trop de compliments non plus, hein

)
Enfin moi c'était ça. Alors oui, à 12 ans j'ai bien déchanté, et ce n'est qu'à l'âge de 18 ans que j'ai eu le vrai déclic. C'était presque magique

Je m'en rappelle, ce jour-là j'ai pris mon violon et j'ai bossé 6 heures sans m'arrêter, ça ne m'était jamais arrivé, c'était
extatique, j'avais enfin attrapé le "virus"... Mieux vaut tard que jamais ! Mes cours ne se sont plus jamais passés de la même façon, je ne craignais plus mon prof, je voulais enfin profiter de son enseignement... J'ai mis le temps, peut-être plus longtemps que la moyenne ! Mais ça en valait la peine.
Avec la prof de violon qui m'avait donné mes cours d'"initiation" avant d'entrer au conservatoire, bien des années avant... C'était un peu la même chose

Elle faisait aussi fréquemment pleurer ses élèves, leur collait des retenues quand ils n'avaient pas assez travaillé : il fallait revenir le mercredi après-midi, travailler pendant 2 heures dans la pièce attenante à son salon où elle donnait ses cours (après on avait le droit de boire le thé avec elle... Enfin, un chocolat)... Ça m'est arrivé d'être "collé", et j'ai eu tellement honte que je me suis promis que ça n'arriverait plus... Mais j'étais justement très motivé au tout début !!
Maintenant que j'y repense, certains de ses élèves (comme pour ceux de mon prof) sont aujourd'hui de très bons musiciens professionnels ou des "amateurs dans le bon sens du terme" (encore un terme élitiste... Même pour les amateurs

). Elle savait reconnaître les élèves prometteurs. Mais comment dire... J'ai l'impression qu'à cette époque (les années 80), les parents étaient moins laxistes ou permissifs, et ne remettaient pas l'enseignement en cause. Mais c'est aussi dans ce milieu de profs sévères qu'on trouvait les extrêmes : le type de parents qui consacraient leur vie uniquement à la réussite de leur enfant.
Avec le recul, je pense que le fait d'avoir rencontré ces profs "durs", à l'image de l'instrument et certainement élitistes, m'a rendu service. D'autres auraient peut-être été écœurés comme dit Malkichay, mais autant que je me rappelle (ça remonte !!), je me suis ensuite retrouvé au conservatoire avec toute sa "classe", aucun n'a abandonné en cours de route. C'est juste mon expérience, pas la règle non plus, je m'en doute
Qu'aurait fait ce professeur devant un élève qui lui dit que sa violoniste préféré est Vanessa Mae ou Lindsey Stirling, et que son rêve c'est de faire de la pop au violon ? Je pense que le goût de la complexité vient au fur et à mesure, et qu'il faut permettre à tout le monde de faire de petites choses, même si nous même les jugeons ridicules.
Je ne sais pas ce que dirait un prof "élitiste", mais moi (qui ne suis pas prof...
comment ça, tant mieux ? 
) je dirais que c'est bien beau d'être fan de Vanessa Mae ou de Lindsey Stirling,
d'ailleurs en passant j'aime beaucoup sa version du Fantôme de l'Opéra, mais elles ont elles aussi suivi une formation académique, elles ont une technique solide, elles n'ont pas suivi une "formation pop" que je sache, donc que ce soit pour jouer un grand concerto ou de la pop, y a pas 36 façons d'avoir le niveau, il faut bosser !