tout d'abord, bon courage à jépadçon pour sa difficile épreuve
moi, je suis infirmière hospitalière. Je n'ai pas vraiment choisi, ça s'est fait avec les aléas de la vie, il me fallait élever ma fille seule, et donc la nécessité d'un travail stable s'est fait sentir.
Bien sûr, je suis comme tout le monde, au bout d'un moment, tout travail est plus ou moins chiant, sans compter les horaires décalée, les week-ends au boulot, et les retours de vacances pour cause de plan blanc.
Par contre, ce que j'ai particulièrement bien réussi dans cette vie (pas à m'enrichir, rassurez-vous

), c'est de savoir tirer le positif de ce métier.
J'ai trouvé trop dur d'aller chaque jour à un boulot qui m'ennuie, alors, je me suis forcée (si si, on peut le faire) à le regarder avec un autre oeil.
Il est à peu près impossible de changer l'autre, ou de changer la situation......et pourtant, la plupart des gens passent leur vie à vouloir changer les autres, ou les situations......d'où les nombreuses désillusions et frustrations, insatisfactions.
La seule chose que je peux changer : c'est ma façon de voir les choses. alors, je me suis mise à la tâche.
Quand on est jeune et qu'on se dirige vers ce genre de métier, c'est qu'on aime fondamentalement l'être humain. Chaque fois que je rentre dans une chambre pour m'occuper de quelqu'un, il se passe là une relation humaine qui est toujours formidable et unique (même quand je me suis fait insulter...ça arrive parfois...mais c'est excusable parce-que la personne est en détresse). Je m'arrange pour qu'à cet instant là, plus rien ne compte que la relation que l'on est en train de vivre. Puis je change de chambre, et je recommence. ça ne change pas mes actes, ça change juste ma façon de voir l'autre.
En général, quand on est dans cette dynamique, le retour que l'on a de la personne qui est dans le lit est toujours très gratifiant (c'est très subtil, je ne parle pas là de félicitations)
Quand je travaille avec mes collègues, je pratique de la même façon, que j'apprécie les gens ou que je ne les apprécie pas. D'ailleurs, je fais encore plus d'efforts quand je ne les apprécie pas, et avec le temps, je découvre toujours ce qui sous-tendait leur côté désagréable, et les choses se lissent brusquement.
écouter l'autre est fondamental, laisser l'autre finir ses phrases et ses idées, sans interférer avec ce qui nous viens à l'esprit (si si, on peut reporter son argument)
revenons à la musique :
je ne trouve rien de plus gratifiant que d'aller à une séance d'orchestre et de jouer de la musique ensemble.
Les partitions ne sont pas toujours à mon goût, mais ce n'est pas important. Ce qui est important, c'est la relation que nous avons tous ensemble à ce moment là.
et puis au sortir de l'orchestre, je rentre avec la flûtiste, on fait à pied "13ème-saint michel" (je précise pour les parisiens), c'est là qu'elle habite. Puis je traverse la seine et rejoins un bus qui m'emmène porte de saint-ouen.
elle a 30 ans, j'en ai 58, mais dans ce trajet, nous avons 14 ans

Ce trajet à autant d'importance que les 2 h d'orchestre que nous venons de faire parce-que la relation humaine de ce moment là est la plus importante du monde.
c'est très rassurant de ne côtoyer que ses amis, mais c'est très gratifiant de découvrir que chacun à une valeur, et qu'il suffit d'ouvrir les yeux pour la découvrir.
De cette façon, je me sens très libre....très très libre......
vouloir à tout prix changer ce qui ne peut pas l'être emprisonne l'individu, qui la plupart du temps ne s'en rend pas compte.
Pour revenir au sujet, de cette façon, je suis allée travailler presque toute ma vie avec plaisir, ce qui est le cas de très peu de personnes. et je me sens libre.
bon, quand même, il faut que ça s'arrête, car 30 ans de nuit dans un service dur en voyant le jour 3 mois par ans, ça à des répercussions sur la santé, et les risques s'accentuent...je finis en juin prochain et j'ai hâte, la dernière année est physiquement très très dure. Je vais enfin voir le jour (je vais acheter des lunettes de soleil
bon, c'était ma minute psycho-phylosophique, merci aux lecteurs, c'est un peu long, non?