Je suis un ancien élève d'un conservatoire de province assez important. Je dois beaucoup aux deux excellents profs qui m'ont tout appris...
Mais le conservatoire a son mauvais côté, il se croit investi d'une seule mission : former des élites, c’est-à-dire des solistes. Ceux qui sont jugés simplement moyens passent à la trappe...On ne veut pas "fabriquer" de modestes musiciens d'orchestre, on veut alimenter le conservatoire de Paris et c'est tout...C'est là que le bât blesse...Dans les pays de l'est qui battent régulièrement les candidats français dans les concours d'entrée, en matière de cordes, on a compris cela depuis longtemps. On forme de vrais musiciens complets et on les prépare à l'orchestre très tôt.
De plus, il existe en France une compétition malsaine entre les profs. Il faut présenter un bilan positif, celui qui ne présente pas de temps en temps un élève au conservatoire de Paris est mal vu...Donc on ne perd pas de temps avec les élèves moyennement doués.
Sur le plan pédagogique, les profs qui saisissent leur violon pour montrer ce qu'il faut faire deviennent de plus en plus rares aussi. La mode est à la découverte par l'élève de la résolution de la difficulté ! Erreur fatale ! Je me souviens de mon excellent prof qui ,un jour me dit:"tu vas jouer les Airs Russes de Wieniavsky à l'audition". J'ai cru qu'il avait perdu l'esprit!
Et pourtant, à force de jouer devant moi les passages les plus difficiles, avec une apparente facilité, le mimétisme a fonctionné et je suis parvenu en un mois de travail acharné à jouer cette oeuvre de manière acceptable. Je n'y serais jamais parvenu s'il n'y avait eu la valeur de l'exemple...
Le conservatoire, oui, c'est bien si la motivation est là et si l'on est capable de supporter la concurrence acharnée parfois entre les élèves et entre les profs. Quand arrive l'âge de l'adolescence, cela devient très difficile à vivre.
Les conservatoires ont besoin d'être un peu humanisés. Il faut en repenser la pédagogie et la formation des profs.
