Juste 2 ou 3 points pour continuer sur "la querelle des Anciens et des Modernes" :
- "Il faut dÂ’abord savoir quÂ’un auteur ne maà®trise jamais totalement son oeuvre, et quÂ’interpréter une composition dÂ’une autre façon que lui-même nÂ’est pas une erreur, à partir du moment ou il y a de lÂ’argumentation et de lÂ’idée"
Ce n'est pas forcément évident. Personnellement, j'estime que la version la plus parfaite d'une oeuvre est celle imaginée par le compositeur, dans tout ce qui la compose (qualités comme défauts). Si il est vrai qu'il ne la maà®trise pas totalement, du moins l'interprétation qu'il a imaginée est la plus vraie, puisqu'elle est en tout point ce qu'il a ressenti. Après, on peut toujours la corriger pour la rendre plus belle, ou l'adapter pour d'autres intruments, mais le résultat obtenu est plus ou moins éloigné du départ... (je ne suis pas sà»r d'être clair)
Prenons un exemple. Certains compositeurs se sont révolté contre l'interprétation contemporaine de leurs oeuvre ; un exemple extrême en est Beethoven, qui, las de voir ses oeuvres interprétée à un tempo différent de celui imaginé, a carrément dans sa 9ème symphonie indiqué par des indications métronimiques à quelle vitesse jouer tel passage ! Alors si ils se mettaient en rogne pour de simples questions de tempo (ce qui aujourd'hui ne choque pas grand monde), comment apprécieraient-ils des changements plus importants tels que ceux qu'on produit aujourd'hui ? Tiens, ça va servir de transition.
- "Mais si lÂ’on veut être authentique, il nÂ’y a plus que le vibrato dÂ’interdit, mais bien par exemple les possibilités dÂ’adaptation pour dÂ’autres instruments : si une œuvre à été écrite pour clavecin, elle nÂ’a donc pas été écrite pour piano"
Parfaitement : aussi les joueurs baroques se soumettent-il à toutes les contraintes connues.
Sur ton exemple, juste une remarque : aujourd'hui, si on interprète les oeuvres écrites pour clavecin sur piano, ce n'est pas, comme certains pourraient l'affirmer pour le vibrato au violon, parce que le piano apporte quelque chose à l'oeuvre. Ce serait plutôt par mode, ou par je ne sais quel préjugé négatif sur le clavecin. Le clavecin est un instrument au timbre bien particulier, peu riche parait-il, qui a exigé pour les compositeur un type de composition particulier, avec beaucoup d'ornement, et un traitement mélodique et harmonique précis. Il n'y a qu'à écouter le clavier bien tempéré (à l'origine "clavecin bien tempéré") ou n'importe quelle oeuvre de Bach interprétée sur piano pour s'en rendre compte : çà parait incroyablement ennuyeux et plat. J'aimerais bien savoir combien de personnes (qui ignoreraient les problèmes liés à l'interprétation puriste ou moderne)préfèrent écouter des oeuvres baroques jouées sur piano à ces mêmes oeuvres jouées sur Clavecin...
- "puisque le vibrato nÂ’était pas très développé à lÂ’époque baroque, comment savoir si lÂ’auteur aurait refusé de lÂ’utiliser ?"
Si il n'était pas très développé, il était tout de même connu... Ce n'était tout simplement pas vraiment dans les goà»ts de l'époque. Il me semble avoir lu qu'on trouvait déjà au XVIIème siècle (ou au début du XVIIIème) que certains musiciens en abusaient pour masquer leurs erreurs de justesse : esthétiquement, il n'était qu'un ornement comme un autre, et pouvait être déconsidéré parce qu'il tendait à masquer les erreurs. Malgré tout, un contre-exemple : un disciple de Tartini trouvait le vibrato remarquable en ce qu'il semblait imiter la voix humaine ; il s'empressait donc d'en user autant que possible...
C'était juste quelques remarques.
