Dans ses dernières années, Stradivari fabriquait autant des violons plutôt plats que des violons aux voutes plus marquées. Disons plutôt que vu son âge, il devait sans doute initier les plans et les modèles, dont l'exécution était alors confiée à ses fils voire même ses apprentis doués. Rien ne peut d'ailleurs nous confirmer ni infirmer que des instruments, commencés bien plus tôt dans sa carrière et laissés à l'abandon dans l'atelier, n'aient pas été repris et terminés ultérieurement, peut-être même après son décès.
De fait, en examinant nombre d'instruments et recherche sur la toile, il n'y a pas de corrélation absolue entre l'évolution vers un violon "moderne" plus plat et, en théorie, plus puissant, et des modèles plus anciens et plus voutés dans l'historique de Stradivari.
L'évolution vers un violon moderne, tel que nous le connaissons aujourd'hui, a été malgré tout très lente. Il est nombre d'exemples de luthiers, même sur la place de Paris ou en Flandre, qui ont continué jusqu'à la fin de leur carrière, fin 18è, à fabriquer des instruments forts proches de ceux utilisés pendant la période baroque, lors que d'autres, plus récemment formés, innovaient et produisaient déjà des instruments aux formes affirmées telles que nous les connaissons. Viotti en est un des meilleurs représentant.
Même Stradivari n'était pas constant dans la longueur des touches de ses instruments. Malheureusement, comme la quasi totalité des instruments anciens, pour répondre à la demande moderne, ont été transformés, touche, renversement, barre, il nous reste difficile d'en tirer une règle absolue. Trouver aujourd'hui, au fond d'un grenier poussiéreux,, un violon dit baroque dans son état originel relève du Graal... Les rares que j'aie pu manipuler sont propriétés de musées ou collectionneurs mais ne sont plus joués en l'état... car devenus bien trop fragiles et non adaptés au jeu moderne... D'ailleurs, les meilleurs instruments anciens ont été tant et tant de fois ouverts et "améliorés" que bientôt il ne nous restera plus que l'étiquette d'authentique...
Il faut aussi mettre en parallèle que violon n'était pas considéré à l'époque baroque comme un instrument soliste à part entière par nombre de compositeurs. (ex les Violons du Roy -
http://www.youtube.com/watch?v=nXJHrWSWKrg). La puissance demandée en était assez faible, le jeu des positions extrêmes n'existait pas, et il y avait alors bien d'autres instruments à cordes, aujourd'hui disparus, de différentes tailles qui accompagnaient le futur Roi des instruments. De cette période ne nous est resté que l'alto, mais n'oublions pas les tailles intermédiaires, quinte, haute-contre, etc...
La technique violonistique extrême de Paganini (et ses exigences tant financières que de tailles de salles), ont obligé les luthiers à construire des instruments de plus en plus puissants pour sonoriser des salles de plus en plus grandes. Paradoxe, l'illustre phénomène jouait sur un Garnerius de 1743, déjà construit suivant des critères modernes... (
http://fr.wikipedia.org/wiki/Niccol%C3%B2_Paganini).