Merci Nicolo !
Bon, je vais quand même essayer de donner quelques pistes sur la question de la sonorité. A mes risques et périls, bien sûr, j'ai déjà dit ma faible expérience.
Globalement, le chevalet est comme un filtre entre la source des vibrations (les cordes) et l'amplificateur (la caisse). Comme tous les filtres, il ne transmet pas toutes les fréquences de la même façon, ce qui permet a priori d'envoyer à l'ampli le signal qui lui conviendra le mieux en fonction de ses caractéristiques et défauts propres. En électronique, on dirait que le chevalet présente une impédance, qui est fonction de la fréquence.
Si l'on s'en tient à l'effet global, l'impédance moyenne si l'on veut, le chevalet agit comme une sourdine du fait de sa masse. Un chevalet trop lourd (plus de matière) atténue le son, mais a aussi des chances de l'uniformiser en mélangeant mieux les fréquences transmises. Quand on amincit un chevalet, le son gagne ainsi en clarté et en pureté... jusqu'à un certain point, où cette clarté se transforme plutôt en dureté désagréable.
En termes de géométrie, un très bon auteur américain (Michael Darnton) prétend que l'essentiel en termes de sonorité se joue dans la partie haute du chevalet, juste sous les cordes, tandis que le bas est plus responsable de la stabilité structurelle (pas de déformation dans le temps). Ainsi, enlever un dixième ou deux d'épaisseur tout en haut a bien plus d'effet qu'enlever la même quantité de bois sous le pont.
Dans un récent article dans The Strad, John Dilworth au contraire (qui est loin d'être un débutant), dit schématiquement qu'un pont haut donne un son plus clair et brillant, tandis qu'un pont bas (pieds de faible hauteur) va produire quelque chose de plus nuancé (je reformule de mémoire).
Le fait de bien élargir les olives vers les côtés ou d'enlever du bois sur les côtés, au niveau de la tranche, donne généralement plus de clarté au son. Sans doute qu'on abaisse ainsi l'impédance des deux pattes qui descendent de chaque côté et qui sont libres de vibrer comme elles veulent. On imagine donc qu'elles peuvent absorber une partie de l'énergie venant des cordes, et qu'elles ont au passage leur fréquence de résonance propre.
Je m'efforce de toujours laisser une distance suffisante entre le coeur et le sommet du chevalet, parce que je crois que c'est préférable pour l'homogénéité du son. Comme si les signaux des quatre cordes se mélangeaient dans cette partie haute du chevalet avant d'être acheminés vers le bas en contournant le coeur. Donc je préfère avoir de la matière pour bien faire ce mélange. Mais c'est vraiment une théorie personnelle, peut-être un peu boîteuse. Je le mentionne juste pour illustrer les réflexions qu'on peut avoir à propos du chevalet.