Merci à vous!
Thé ---> Oui, on utilise deux sorte de bois: une plaque d'ébène que l'on contre-colle à une pièce plus épaisse en érable. La poudre pour colmater, c'est de la poudre d'ébène (j'ai simplement limé un morceau d'ébène pour avoir de la poudre), avec de la cyano, on fait une sorte de pâte à bois "maison" pour combler fissures, cassures, trous... le résultat est nickel, on retrouve l'aspect de l'ébène une fois limé et poli, comme s'il n'y avait rien eu!
Bon, je vais résumer étape par étape:
Pour commencer, j'ai pris un morceau d'érable (plus tendre que l'ébène mais plus dur que l'épicéa par exemple) que j'ai raboté sur une face (le dos) pour avoir un plat "parfait" (la perfection n'existant pas...), puis à l'aide d'un gabarit (contour de la forme du cordier) j'ai fait un tracé.
Ensuite, j'ai dégrossi les contours au canif, puis commencé à creuser la voûte sur le dessus.
Je fini grossièrement les bords et le dessus à la lime, puis je prépare ma plaque d'ébène: je trace un contour plus grand que celui du final, car celui-ci devra se galber dessus.
Pour courber la plaque d'ébène, (je n'ai pas pris de photo, car cette opération doit aller assez vite) il faut la mouiller et la chauffer au-dessus d'une plaque (chauffante, héhé!) mais c'est assez long, car l'ébène est un bois capricieux car très dense et très cassant (par contre, il a l'avantage à mon avis, de me laisser maîtriser un peu mieux mes gestes qu'un bois plus tendre par exemple, qui se travaille très facilement, et qui lui aura peut-être d'avantage tendance à me faire dérapper

).
Une fois que cette plaque d'ébène a à peu près pris la courbe voulue, c'est à dire un peu plus courbe que l'autre pièce, je place le tout dans une contre-forme avec de la colle (à base de boyaux de boeuf) entre les deux pièces puis je serre le tout avec des presses (ou serre-joints).
Une fois que la colle a bien pris (au moins 2 heures, mais une journée pour être sûr), je finis les bords de l'ébène et lime le dessus pour retrouver une plus jolie forme de voûte, puis re-limage de bords... puis je trace l'emplacement des trous, que je perce à la perceuse (je les limes aussi pour éviter qu'elles ne cisaillent les cordes en boyaux)
Le dessous, je l'ai creusé à la gouge oui, car il faut laisser un peu d'espace pour les cordes et le morceau de boyaux qui s'attache au bouton, partie que j'ai le plus foiré d'ailleurs...
Bon, il faut aussi faire un chanfrein et arrondir sur les arrêtes, mais une fois que le tout est à peu près propre, je vernis le dessous puis le polis, et ENFIN (ça vous gonffle pas trop, ça va ?

) je polis le dessus (l'ébène) avec une crème à polir, et c'est tout lisse, tout doux
Le résultat final n'est pas génial, car il n'est pas hyper symétrique et beaucoup plus fin que la forme de départ

un cordier un peu "freestyle" en fait...
Quand on dérappe un peu, on rattrappe, quand on rattrappe, il faut refaire la même chose de l'autre côté, et si on dérappe aussi le l'autre côté... ben ça n'en fini plus...

et on s'arrache les cheveux!!! (pour ça que j'y ai passé pas mal de temps) donc un peu de recul est parfois nécessaire, car la forme parfaite n'existe pas... l'oeil se forme au fur et à mesure, mais a ses limites, je pense qu'il faut aussi un peu d'humilité par rapport à ça... ne pas foncer tête baissée, mais ne pas être trop perfectioniste non-plus.