Mais soyons logiques... Beaucoup s'accordent à dire que, dès 1725, fin de l'âge d'or ou quasi, la qualité s'en ressentait, certainement au plan visuel... A la fin de sa vie, il ne voyait plus guère (cataracte) mais s'occupait encore des vernis. En fin de parcours professionnel, beaucoup continuent sur leur lancée et parfois délèguent... D'après un ami (bon) musicien, nombre de violons qu'on attribue au père et d'avant 1730, sont le fait des fils... et parfois bien plus tardifs... Mais les fils ne tinrent pas une comptabilité aussi "précise" que leur père. Je ferai une recherche à ce niveau.
On retrouve ce même phénomène pour quelques violons Amati... Qui du père, qui du fils, qui du neveu, qui du cousin...? J'en connais un chez un collectionneur privé, qui apparaîtra bientôt sur le marché. L'authenticité n'est pas douteuse... le créateur... oui...! En outre, pour l'avoir eu plusieurs fois entre les mains, c'est assez... grossier... et quelque peu malhabile...
Par amitié et...relations, j'ai aussi pu m'entretenir avec quelques grands violonistes de notre temps, Vengerov, Katchatrian... Ils pensent aussi que dans le panel de Strad encore existant, environ 1/3 correspondent aux exigences modernes, en termes de sons et de stabilité. Ce qui sous-entend que plus de 400 Strad sur les 650 encore connus ne peuvent rivaliser avec des productions modernes de haut niveau... Cela laisse rêveur quant aux sommes folles que certains atteignent... Mais ici, nous rentrons dans le domaine de la spéculation...
Deuxième aspect: Paganini jouait "Il cannonne", un Garneri postérieur (1743) à la disparition de Stradivari. Mais le luthier était-il déjà conscient de l'évolution sonore qui serait bientôt demandée aux instruments? Les modèles de Garneri sont généralement plus amples, puissants, portant loin, ce qui les fait préférer par des violonistes ayant un jeu... fougueux... Il existe peu de documents fiables sur Garneri, de même que le nombre d'instruments encore en circulation (moins de 100...?). Mais si nous nous reportons à cette époque, Paganini jouait un instrument de moins de 70 ans..., quasi neuf en fait... Ce qui conforte le raisonnement qui veut que des instruments récents, très bien construits, peuvent aisément rivaliser avec ces vieux binious devenus objets de convoitise, de snobisme parfois (n'est-ce pas, Monsieur Rieu...

Petite anecdote: Un violoniste très connu, que je ne citerai pas... m'a montré un soir son Strad, de très belle facture, lors d'un concert aux Beaux-Arts à Bruxelles. L'instrument lui était prêté par une fondation nippone, vu le prix de l'engin... Mais ce 'était qu'une... copie, l'original reposant toujours dans les coffres de la fondation et ne sortant que lors de ses prestations au pays du Soleil Levant... El le parterre de spectateurs, sous le charme de son jeu et de s'esbaudir de son panache sur un si vieil et si noble instrument...
D'ailleurs, Vuillaume ne fit-il pas une copie du Cannone, si parfaite que Paganini ne pouvait distinguer l'originale de la copie...?
Une rumeur circule au sujet du "Messie", qui sous-entendrait que la légende entourant cet illustre violon aurait été montée de toutes pièces par Vuillaume lui-même... qui aurait fabriqué l'instrument... A vérifier...
