Il faut manquer parfois d'un peu de bon sens pour gober effectivement des âneries.
Il suffit de frotter son doigt sur un pain de colophane, même tout neuf et archi-lisse pour comprendre que ça colle tout de suite et qu'il n'est pas du tout utile de créer des aspérités en la rayant pour que ça marche mieux.
Pour les écailles c'est bien ce que dit Malkichay, elles ne servent qu'une seule fois, la première fois qu'on colophane la mèche. Après elles disparaissent totalement sous les couches successives de colophane.
Le coup du son qui est meilleur avec de la colophane sur la table c'est pas mal non plus.
Car en fait, c'est plutôt le contraire, un violon bien propre projette différemment et a tendance à sonner mieux. Je l'ai souvent constaté après avoir retiré beaucoup de colophane mélangée à de la poussière sur la table autour du chevalet, sans avoir démonté quoique ce soit ni déplacé le chevalet ou autre pièce bien sûr, juste nettoyé ; mais il faut qu'il y ait une belle couche à retirer. J'explique cela par la modification de l'état de surface de la membrane, une zone de la table ici, qui frappe l'air pour émettre une partie du son. Mais allez savoir s'il n'y a pas parfois une part psychologique là-dedans...
Par contre, je vous en raconte une vraie, une histoire vécue il y a deux semaines.
J'avais terminé un archet de violoncelle d'enfer, en tout cas, le bout de bois était d'enfer. J'avais décidé de le faire octogonal, ça en jette plus (à l'œil). Sauf que voilà, au jeu, rien de bien flamboyant comme aurait pu le laisser supposer le bout de bois. Après réflexions, je décide de l'arrondir. Au final, c'est rapide, quelques coups de rabot, un polissage, et hop, le tour est joué. Il faut sans doute changer la garniture pour retrouver un peu de poids final, mais c'est tout.
Alors je décide de convier le violoncelle solo de Montpellier pour l'expérience.
Il joue. Je rabote. Ses yeux s'écarquillent, inquiet. Les copeaux tombent et après quelques 5 petites minutes, l'archet est arrondi avec des multitudes de petits coups de rabots toujours visibles en surface, c'est normal.
Il joue. Ah ! Oh ! C'est mieux, plus de prise de son, plus de "rondeur" dans le son, meilleure prise en main. Bon. Je poli la baguette (papier de verre de plus en plus fin).
Il rejoue. Ah ! Oh ! C'est encore un peu mieux, plus précis. Enfin, je prends mon petit chiffon à vernir et hop, je fais briller tout ça.
Il joue. Et là, je vois son visage changer, il esquisse un sourire interloqué : c'est incroyablement mieux. Le son, la projection, le grain, le petit plus qu'on attend, tout est apparu après avoir vernis. Et je vous garanti que c'était pas psy du tout. On est resté sur le c.. !
Ça s'explique. En vernissant, on change la tension de surface de la baguette et cette surface a une importance fondamentale. Je ne suis pas physicien, mais je n'ai pas besoin de le démontrer pour en être convaincu, l'expérience me l'a déjà prouvé et là, c'était le pompon.
N'allez pas maintenant arrondir tous les archets octogonaux que vous rencontrerez, ce n'est pas le thème de ma démonstration. Mais il faut méditer sur l'état de surface...
