PIFI a écrit : ↑ven. 18 août 2017 10:26
C'est magnifique ce que tu écris , très proche de ce que j'ai ressenti chez Silvio Tua enfant . Je ne connais pas ton âge , mais d'après tes dires, nous devons être contemporains ou presque .
C'est très simple ,j'étais un client de Silvio Tua pendant mes études au conservatoire de Nice , j'avais 14 ans lorsque j'ai eu mon prix sur un violon de Serge Tua le fils du maître.
Serge a abandonné la lutherie quelques années après pour exercer son métier d'ingénieur.
Depuis j'ai eu deux magnifiques violons de Silvio ..Ce luthier était aussi un expert puisque même les Vatelot '(Marcel ?) et Etienne venaient le consulter quand ils ne savaient pas à qui attribuer un instrument. Tua était quelquefois un peu rapide dans ses réalisations ce qui entraînait des différences notables dans la facture de ses instruments. Mais tous avaient ce son "italien" que ne possédaient pas les violons de Gaggini pourtant deux fois plus chers . Tua faisait-parfois- des vernis exceptionnels. Je me souviens d'un violon appartenant à un collègue lauréat du conservatoire et futur soliste de l'orchestre de Montpellier , au vernis tirant sur le rose aux reflets chatoyants dignes de certains vieux crémonais .D'autres fois il "sortait" des violons au vernis uniforme rouge vif de peu d'intérêt.
Je confirme que chez Gaggini on ne voyait jamais le moindre copeau par terre ni sur l'établi.. A tel point que des mauvaises langues répandaient le bruit qu'il faisait venir ses instruments en blanc depuis Mirecourt...
A l'opposé ,on était pris par l'odeur de santal dès que l'on pénétrait dans l'immeuble du boulevard Jean Jaurès au premier étage duquel se trouvait l'appartement-atelier de Tua.
C'est dans cet atelier ,véritable caverne d'Ali-Baba ,que j'ai été touché par le virus de la lutherie...
J'ai beaucoup apprécié le regretté Charles Bovis qui faisait également des instruments magnifiques , plus soignés que les Tua et Gaggini mais le hic c'est qu'il lui fallait parfois 10 ans pour finir un violon . Il n'en a réalisés que 25 alors que Tua a laissé plus de 400 violons plus des altos et des violoncelles. Tua faisait même de beaux archets dont l'un se trouve dans la collection Gautier ,car la ville de Nice achète parfois des instruments niçois pour enrichir cette collection.