jépadçon a écrit : ↑ven. 15 nov. 2024 20:30
La vente de ce violon à Accardo était destinée à créer un concours de violon à son nom ( à Aix-en-Provence il me semble) je crois que le gagnant gagnait en plus un archet de Benoit Rolland.
Voici en copie (un peu limite car c'est réservé aux abonnés), une partie d'un article du Monde sur le premier concours :
"Le concours Francescatti à Aix-en-Provence La barre très haut
Chaleur caniculaire, robes légères, la grande foule avait envahi la cour de l'Archevêché pour la finale à Aix-en-Provence du premier concours Zino Francescatti.
Le concours Francescatti, compétition de niveau supérieur réunissant, le samedi 12 septembre sur invitation, neuf concurrents déjà couronnés dans des épreuves internationales, est fils d'un des plus beaux Stradivarius, le Hart, que le grand violoniste français, retiré à La Ciotat, a vendu dans ce but à Salvatore Accardo : comme un violon précieux, la tradition artistique doit se transmettre d'une génération à l'autre, les anciens aidant fraternellement les jeunes. Présent à Aix, Francescatti a pu mesurer la ferveur et la reconnaissance d'un public qui se rappelle, ou a découvert par le disque, la qualité magique de sa sonorité et de son style.
Il a sans doute été déçu, et secrètement satisfait, comme nous, que ce premier concours n'ait pas décerné la récompense suprême. Car l'excellent jury, présidé par Edmond de Stoutz, a justement résisté à la tentation. Malgré un haut niveau, aucun lauréat n'a manifesté encore un talent hors de pair.
Le jeune Roumain Gabriel Croitoru (vingt-deux ans, 2e prix), en est bien près cependant. Visage enfantin et grave, aux yeux de braise lointains, il a triomphé des difficultés diaboliques accumulées par Paganini dans son Premier Concerto, avec une exactitude rythmique et un sautillé rebondissant, dans le finale, vraiment exceptionnels, sans pouvoir transcender tout à fait le caractère ingrat de ces excercices techniques. Mais, malgré un instrument médiocre, la flamme ardente, le rayonnement personnel de son " toucher " devraient s'épanouir pleinement.
Lauréat ex aequo, le Chinois Hu Kun (vingt-huit ans, quatrième prix Reine-Elisabeth et premier prix Menuhin) a un talent plus affirmé, une assurance de grand violoniste, un tempérament de bagarreur et un visage de Gavroche. Mais il n'a rien tiré de bien intéressant du Concerto de Tchaikovski, et sa sonorité puissante et large reste assez banale. Le Français Jean-Marc Philippe (vingt-deux ans, qui ne s'attendait pas à aller en finale, s'est battu courageusement contre le Concerto de Brahms, insuffisamment travaillé, et se consolera avec une mention par son interprétation d'une sonate de Bach.
Mention aussi pour Léon Korcia (pour son interprétation d'une oeuvre de musique française), écarté de la dernière épreuve, au métier autrement solide si l'on se réfère à son troisième prix au concours Thibaud. Nominations, enfin, pour la Japonaise Reiko Watanabe et l'Allemand de l'Est Kai Vogler. Des noms dont il faudra se souvenir, après ce concours prestigieux où la barre était placée vraiment très haut."
Léon Korcia doit en fait être Laurent Korcia...
