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Le corps et l'instrument

Publié : jeu. 10 mai 2007 22:44
par MAILLET
Une synthèse partielle de quelques ouvrages et expériences.

Le corps et l’instrument

Le rapport entre l’instrument et le corps, les bras et les mains, doit être de nature à permettre une exécution confortable et efficace de tous les mouvements nécessaires pour jouer. (1)


Conscience du corps
On oublie facilement que la musique s’exprime par le corps, dans son ensemble, et que la qualité du jeu instrumental n’est pas uniquement liée à l’agilité des doigts.
Certes, l’action musicale se traduit ponctuellement par l’action des doigts mais que sont-ils eux-mêmes sinon l’achèvement, la terminaison tactile d’une totalité physique qui est le corps lui-même ? (2)

Verticalité et axe d’équilibre
Trouver sa stabilité corporelle dans l’axe vertébral, la gravité et la contre-poussée.

Ancrage au sol
Sensation des zones de contact, répartition égale du poids, stabilité, mobilité relative et oscillation.

Le dos
Les bras et les mains ne sont que les transmetteurs de l’énergie, venue du système dorsal dont tonicité et souplesse sont les caractéristiques nécessaires.

Tonicité et détente
L’instrumentiste doit savoir équilibrer le couple tonicité - détente, en opposition à l’état de contraction.

La respiration
La respiration la plus complète est l’enchaînement de la respiration abdominale liée aux lombaires, de la respiration costale favorisant l’ouverture et de la respiration sternale associée à un étirement vers le haut, l’ensemble étant une source d’énergie.

Economie
La meilleure tenue est celle qui favorise l’économie corporelle, ni relâchée, ni crispée.

Le geste et l’intention
Le geste est le véhicule de la pensée musicale. De la qualité du geste dépend la transmission de celle-ci. Le geste précède, porte et enfin termine l’intention musicale.

Le flux intérieur
Le violoniste doit se laisser pénétrer de ce flux intérieur issu de la musique, de l’intelligence et du sentiment qu’il a de cette musique. (3)

Concentration
Attitude de vigilance intérieure qui permet d’être à l’écoute permanente de sa musique et de son corps.

Une bonne position
Le violoniste pourra se poser cette série de questions concernant sa posture :

Suis-je bien en équilibre ?
Puis-je gagner un peu en longueur et me redresser, en largeur et ouvrir ma position ?
Est-ce que je suis figé ou disponible dans une position transformable et souple ?
Suis-je en train de jouer en apnée ?
Est-ce que je fixe la partition ?
Le pupitre est-il à la bonne hauteur ?
Suis-je en train de coincer mon violon ? De serrer les dents ? De faire des grimaces ?
Est-ce que ma tête est libre ?
S’écrase-t-elle sur la mentonnière ?
Mon dos est-il bien large et soutient-il ma position ?
Comment se présentent mes épaules ? Sont-elles à la même hauteur ?
Est-ce que je crispe le pouce sur le manche ?
Est-ce que je serre mon archet ?
Est-ce que je sens dans mes doigts les vibrations de la corde ?
L’archet prolonge-t-il mon bras ?
Comment se présente l’effet poids ?
Est-ce que je me sens bien en jouant ?
Est-ce que je peux rendre mon jeu plus facile ?
Est-ce que j’utilise tout mon espace ?
(4)


Le cercle de contact
On le forme devant soi en faisant toucher l’un contre l’autre l’extrémité des médius, (5) en veillant à ce qu’aucune des articulations ne soit effacée, c’est à dire qu’elles soient légèrement en flexion, de manière à former un arc de cercle horizontal. A partir de celui-ci, les avant-bras gauche et droit en pivotant prennent leur position naturelle de tenue du Violon, sans décentrement donc.

Support
Le coussin, ou son absence, est déterminé par la morphologie du cou et des épaules du violoniste.

Projection du son
Les trois écoutes de son propre son sont l’écoute intérieure, de la transmission des vibrations par la clavicule et tout le corps, l’écoute directe, par l’ouïe et l’écoute du son projeté, par le retour du son grâce à la réverbération du lieu. C’est le son projeté que va recevoir l’auditeur ; c’est donc celui-ci que l’instrumentiste n’aura de cesse de contrôler.

Emotions
Le violoniste a ce grand avantage sur bon nombre d’instrumentistes qui est de tenir son instrument dans la zone des émotions, qui correspond à la partie supérieure du buste. (6)

Hygiène de vie
Le violoniste doit aménager son emploi du temps efficacement et gérer les moments où il peut aimer, acquérir des connaissances, jouer, manger équilibré, dormir…


1 Ivan GALAMIAN, « Enseignement et technique du Violon », éditions Van de Velde
2 Dominique HOPPENOT, « Le Violon intérieur », éditions Van de Velde
3 Yehudi MENUHIN, « L’art de jouer du Violon », éditions Buchet/Chastel
4 Reine-Brigitte SULEM, « Physiologie et art du Violon », éditions Alexitère
5 Wolfram KOENIG, « La technique moderne du Violon », éditions EAP
6 Eugène GREEN, « La parole baroque », éditions Desclée de Brouwer

Publié : jeu. 10 mai 2007 23:03
par roro1
.

Publié : ven. 11 mai 2007 02:07
par renaud
MAILLET a écrit :
Le geste et l’intention
Le geste est le véhicule de la pensée musicale. De la qualité du geste dépend la transmission de celle-ci. Le geste précède, porte et enfin termine l’intention musicale.
C'est le seul point sur lequel je veux réagir! En quoi le geste peut-il précéder l'intention musicale? Il en est la conséquence et est le révélateur de celle-ci. Comment un geste peut-il simplement exister sans intention? Musicale ou non (à part les tics, les crises d'épilepsie, etc...).
:huh: J'ai du mal à suivre le raisonnement, ou imaginer le vécu qui a pu donner naissance à cette idée

:) Pour le reste, rien à dire!

Le corps et l'instrument

Publié : ven. 11 mai 2007 05:29
par MAILLET
Le geste et l'intention
Le geste est le véhicule de la pensée musicale. De la qualité du geste dépend la transmission de celle-ci. Le geste précède, porte et enfin termine l’intention musicale.
Bien sûr Renaud. Très simplement, le geste c'est la technique et la technique est un prérequis incontournable à l'intention musicale.
C'est élémentaire.

En toute cordialité.

Re: Le corps et l'instrument

Publié : ven. 11 mai 2007 06:41
par Alcyd
MAILLET a écrit :
Le geste et l'intention
Le geste est le véhicule de la pensée musicale. De la qualité du geste dépend la transmission de celle-ci. Le geste précède, porte et enfin termine l’intention musicale.
Bien sûr Renaud. Très simplement, le geste c'est la technique et la technique est un prérequis incontournable à l'intention musicale.
C'est élémentaire.

En toute cordialité.
Mmmmh, ça se discute...


Si par intention musicale, on entend grosso modo "savoir donner du sens à un passage", oui évidemment il faut de la technique. :rolleyes:

Mais si l'intention c'est "savoir comment tel passage devrait être joué", savoir vers où il faut aller, je suis pas d'accord : des intentions, j'en ai plein mes morceaux, et pourtant... :dry:
Il n'y a, à mon avis, pas nécessairement besoin de technique pour savoir où est la musicalité, et quelle interprétation donner à un morceau.

La mettre en oeuvre, après, c'est une autre histoire ! :huh:

Publié : ven. 11 mai 2007 08:41
par renaud
Effectivement, la technique est un prérequis à la REALISATION musicale, mais pas à l'intention.

Je pense que c'est juste un problème de choix de mots.

Exemple extrême: Un chef d'orchestre, incapable de jouer du violon, peut avoir une intention musicale très précise, et même savoir (à force d'observer) très concrètement comment la réaliser, sans forcément avoir la moindre technique.

Eventuellement, je peux admettre que la technique peut permettre d'OSER avoir une intention musicale au moment où l'on joue, au lieu de se soucier simplement de problèmes techniques. Parce que l'on aurait expérimenté que l'on est capable de faire telle ou telle chose, alors une prise de confiance libère une intention musicale qui serait restée inhibée sinon.

Je continue toutefois de contester que la technique soit un prérequis "incontournable" à l'intention musicale.

Un enfant qui n'a jamais joué de piano se retrouve devant le clavier et veut jouer "Frère Jacques", "Au Clair de la lune" ou "La Lettre à Elise"... et te tire par la manche (très fort!) pour que tu lui expliques comment faire.
L'intention musicale est là! Il sait ce qu'il veut entendre!
Il trouvera les moyens techniques après, d'autant plus si son idée musicale est précise et sa volonté grande.

Il y a cette tradition: "bosse ta technique, ensuite on cause musique". Cela peut avoir des effets très pervers: S'habituer à jouer sans intention musicale (se contenter d' "être en rythme, jouer juste", par exemple) en se coupant même de la dimension réellement musicale, liée à une écoute spontanée de ce qu'on joue. On peut prendre des habitudes qui finalement ne serviront pas dans une situation musicale donnée, parfois même, on est obligé de reconsidérer sa technique, parfois de la reprendre à la base!

J'ai assisté un jour au concours de recrutement d'un flûtiste pour un orchestre. Tous les traits (virtuoses!) joués avec une grande maitrise, très vite, très sûr. Ensuite, le chef l'a dirigé pour voir comment il réagit... Résultat: Il n'a pas réussi à s'adapter/s'ouvrir à ce qu'exprimait (très finement) la battue. Et pour cause, il n'arrivait pas à quitter la partition des yeux, alors qu'il la connaissait certainement par coeur. De guerre lasse, le chef lui a fait déchiffrer un choral de Bach(!!!), en lui demandant de simplement suivre les intervalles, sans chercher à faire des effets sonores (vibrato...). Résultat, complètement déstabilisé, il n'arrivait même plus à faire noire-deux croches en rythme!
Il s'était coupé de l'essentiel, de l'écoute spontanée, et développé une forme de "surdité", finalement.

Le corps et l'instrument

Publié : sam. 12 mai 2007 00:37
par MAILLET
Où l'on voit que la soif d'apprendre est sans commune mesure avec la certitude de savoir...

En toute sympathie.

Publié : sam. 12 mai 2007 01:54
par Adrien
Si je peux me permettre de m'immiscer dans votre débat passionant, et sans chercher à prendre position, il me semble que la technique est quelque chose qui se parfait virtuellement à l'infini; pavenir à la maîtrise du violon est assurément à l'échelle de la vie humaine, et donc à partir de quel niveau technique devient-on vraiment musicien, quand début l'intention musicale...?
Trop de snobisme parmis les hautes sphères des musiciens, c'est bien connu, les professionnels sont de véritables vautours. Quand j'étais à Montpellier je me suis délecté d'assister aux auditions des classes du conservatoire à commencer par les marmots hésitants, et je pense que réellement, l'intention musicale était tout aussi présente que lors du récital d'un grand virtuose.
Sinon, j'ai lu le livre Moderne Violin Technik par Koenig (une version français et allemand, génial pour découvrir les termes techniques en allemand). D'ailleurs c'est bizarre que le titre soit "Violin" plutôt que "Geige". Merci pour tes conseils en tout cas, Maillet, j'aimerais que tu précise un peu ton point de vue par ce que tu entend par "intention" musicale.

Cordialement.

Publié : sam. 12 mai 2007 19:45
par A 440
merci maillet pour tes citations
tres interessant
encore encore
mais je reste d'accord avec renaud:
la 'personnalité' prime sur la gestuelle elle en est la source et parfois la...solution de la reussite gestuelle..(rassures toi parfois c'est aussi l'inverse,mais de façons(s.. j'y tiens!) moindre)

Publié : sam. 12 mai 2007 20:37
par Malkichay
la 'personnalité' prime sur la gestuelle elle en est la source et parfois la...solution de la reussite gestuelle..(rassures toi parfois c'est aussi l'inverse,mais de façons(s.. j'y tiens!) moindre)
Et Dieu, dans tout ça ?

Le corps et l'instrument

Publié : sam. 12 mai 2007 22:44
par MAILLET
Curieux que le débat soit bloqué sur le mot 'intention', ceci depuis le début.
Toutes les idées de ma synthèse partielle devraient donner lieu à discussion, c'est dans ce but que je l'ai rédigée.
Arrêtons l'immobilisme...

En toute sérénité.

Publié : dim. 13 mai 2007 02:09
par A 440
aucune discussion sur le reste!
c'est exactement le comportement a avoir
pas de debat
juste appliquer..
ce a chaque instant
l'avantage c'est que tout est regroupé,sur cette page..
meme des idées perso trouvées par moi mm..
ça fait aussi du bien de se sentir moins isolé..conforté recomforté
ou de se réalléser les meninges qd on es..perdu
cordialement

Publié : dim. 13 mai 2007 02:26
par A 440
perso je trouve ce debat passionnant..(a part malki com dab..dieu serait-il violoniste?'_biz_')

surtout qu'il laisse l'espoir de jouer 'bien' sans avoir absorbé toute la technique n'est-ce pas malki..('_biz_')

de plus mm la technique est a inventer a chaque instant..trop de parametres sont en jeux y compris..humains
la vie sur ces foutues quatre cordes est a reinventer a chaque instant

Publié : dim. 13 mai 2007 03:25
par Malkichay
a part malki com dab
Que veux-tu insinuer ? :dry:

J'ai pas honte de le dire : le bouquin d'Hoppenot me fait profondément chier. C'est de la masturbation intellectuélo-mystico-violonistique.
Mon pote, c'est Galamian :wub:

Publié : dim. 13 mai 2007 03:50
par melocoton
Mon pote, c'est Galamian


AHahah :lol: c'est une des premières choses que j'ai appris sur ce forum en arrivant !
:lol: