Voir dans la discussion "des nouvelles du Neolin", dans le même forum. Je décris mes expériences avec un instrument avec fond, éclisses et manche en palissandre, table en cèdre rouge sur couche. Bien qu'il ne s'agit pas d'un violon classique, je suis convaincu que la même combinaison pourrait donner un son exceptionnel aussi sur un violon classique. Le problème avec les violons classiques, c'est que, même en ce qui concerne l'utilisation d'autres essences de bois, l'écrasante majorité des luthies n'utilise que ce qui a déjà été utilisé par le passé (par les Italiens, Allemands, voir explications plus haut). Les luthiers à l'époque n'avaient pas accès aux bois tropicaux, pour le rappel: même les touches n'étaient pas en ébène, juste plaqué ébène dans de très rares cas.
La combinaison cèdre/palissandre est, tout comme la combinaison érable/épicéa, très utilisé en lutherie guitare, avec de très bons résultats. Même puissance, même réponse, mais couleur de son légèrement différente.
En même temps, je ne veux pas non plus trop jeter la pierre à mes collègues: Ils font ce que le marché demande, donc toujours la même combinaison de bois sur toujours les mêmes modèles. Faut dire aussi qu'il y a probablement plus d'un chef d'orchestre qui virerait un musicien qui débarquerait avec un violon en palissandre...
En tout cas, affirmer qu'érable et épicéa (les deux coupés sur quartier) soient les essences qui marchent "le mieux" est une idée réçu (tiens, la plus somptueuse contrebasse que j'ai jamais entendu avait une table en sapin sur couche), qui se défend particulièrement bien surtout parce que la preuve du contraire n'a jamais vraiment été entreprise...
Vaste sujet.... je crois que ce qu'il faudrait pour encourager des expériences, ce n'est pas seulement plus de curiosité de la part des luthiers, mais également des musiciens. Pour l'anectdote: il y a un luthier allemand (Arthur Bay, si mon souvenir est bon), qui a fait un septuor avec des instruments à cordes frottés ayant chacun des dimension, des accords et des essences de bois différents, y compris des essences aussi "invraisemblables" que merisier, saule, chêne, frêne... tiens, pour ceux qui lisent l'allemand, voilà le lien:
http://www.streichseptett-heiligenberg.de/
Chaque instrument a sa propre texture, et de nombreux compositeurs ont écrit spécialement pour ce septuor qui offre des sons et des possibilités autres que les instruments classiques.
Donc, la démarche est en tout cas une démarche compréhensive: qui dit changer de bois, dit changer (élargir) les bases esthétiques, dit changer de son, dit changer de répertoire. Ou serait-ce possible de redécouvrir des répertoires connus avec une nouvelle couleur de son (question rhétorique - c'est exactement ce qui à été fait en adaptant les oeuvres baroques pour clavecin au piano - avec le succès connu !)
Allez les gars: COURAGE ! Sortez des sentiers battus !