Un luthier de plus!

[jépadçon]

Bon, désolé, je viens sur ce forum depuis quelques temps et je ne me suis pas présenté, cela sera peut-être un peu long mais je vais essayer d´abréger.
J´ai 53 ans, je suis luthier.
J´ai commencé la lutherie en 1976 comme autodidacte alors que j´étais encore dans la Marine où je m´étais engagé pour 6 ans, à l´age de 16 ans, j´étais dans l´aeronavale sur le porte-avions Foch (celui plein d´amiante)
J´ai commencé la lutherie avec un livre de Roger et Max Millant , le manuel pratique de lutherie.
Lorsque j´ai rencontré Max Millant quelques années avant sa mort cela l´a bien fait rire quand je lui ai dit que j´étais devenu luthier professionnel grace à son bouquin.
Après 3 ans d´acharnement et 10 violons et alti j´ai obtenu la Bourse de la Vocation (1979) et j´ai rencontré Etienne Vatelot qui m´a promis de m´aider et de me prendre dans son atelier (je me souviens, le jour de notre rencontre il règlait le violoncelle de F. Lodeon) :un vrai conte de fées car à l´époque je pensais que mon travail était complètement nul. J´ai aussi rencontré Jean Schmitt qui, bien que je n´ai fait aucune école de lutherie m´a proposé de me prendre comme assistant.
Je suis donc resté 2 ans chez J. Schmitt qui m´a apris les bases de mon métier et je pourais le remercier chaque jour car c´est bien grace à la solidité de ces bases que j´ai pu construire ce que je suis maintenant.
Ensuite je suis rentré chez Vatelot, et lá c´était le paradis, Menuhin, Rostro, Perlmann, Stern, Suk, Szering , Grapelli, Dumay, Spivakov, Ferras, Ma ,Gitlis nous aportaient leurs Strad, Del Gesu, Amati, Montagnana.....
En 1984 j´ai décidé de m´installer à Morlaix, dans le Finistère, autant dire que la qualité des instruments sur lesquels je travaillais a quelque peu baissé!
En 1986 j´ai ouvert un second atelier à Rennes, mais en 1989, peu satisfait des instruments que je réparais j´ai décidé de choisir une capitale pour y travailler, ayant compris que en France seul Paris ou Lyon aurait pu m´offrir ce que je cherchais: réparer des Strads....
Je suis donc, après avoir étudié differentes possibilités, parti pour Lisbonne au Portugal
Et là le système a fonctionné, étant le seul luthier acceptable de la ville chaque fois qu´un soliste avait un problème il atterissait dans mon atelier, même s´il n´avait jamais entendu parlé de moi auparavant.
J´ai ainsi eu la chance d´avoir des clients que je n´aurai jamais révé d´avoir en restant en France. Venguerov, S Mintz, Jian Wang, Truls Mork, A Dumay, G Caussé, Lynn Harell, D Muller-Schott, Torleif Theeden, Quatuor Ysaye, Adrian Brendel.
Si j´ai appris la moitié de mon métier avec mes maitres , l´autre moitié je l´ai apprise avec avec mes clients!
En 2003, à la suite d´un concours de circonstance, presque malgré moi, après un Musicora très, très reussi, j´ai abandonné la restauration pour me consacrer a la construction, moi qui m´était toujours vu comme un réparateur cela a été une véritable révélation.
Le climax étant maitenant de voyager pour aller écouter mes instruments en concert, Tedi Papavrami jouant Schosta nº1 au Gewandhaus de Leipzig ou Michal Kanka jouant le concerto de Kabalevsky à Prague sur mes instruments ont été les moments les plus intenses de ma vie de luthier (même si mon travail de réparateur me comblait!)
Voila!

[Malkichay]

Bienvenue, et bravo pour cette trajectoire professionnelle !

Je me suis laissé dire que la restauration de violon était encore plus difficile que la fabrication.
Est-ce vrai, ou bien est-ce deux choses bien différentes ?

[jépadçon]

Sans aucun doute la restauration est beaucoup plus difficile techniquement que la fabrication.
Il n´existe pas 2 fractures semblables, et il faut chaque fois trouver de nouvelles solutions. Sans parler de la responsabilité d´agir sur un instrument dont l´auteur n´est plus en vie, et quelquefois de grande valeur musicale, historique ou.... financière.
La construction ne pose pas de difficulté technique majeure (pour une personne ayant suivi un apprentissage correct) le problème réside plus dans la conception que dans la réalisation afin de faire un violon qui sonne.
De plus la responsabilité n´est qu´envers vos planche de bois, ce qui est bien plus facile à vivre que envers un Del Gesu!

[Eléa]

Quel parcours impressionnant !

Et je te souhaite aussi la bienvenue même si tu es là depuis longtemps que moi

[winxart]

Bienvenue.
C'est vrai qu'il est impressionant ce parcours...ça fait rêver.
Cette anecdote de la rencontre avec Max Millant me confirme le fait que tout personne
qui s'interesse de près ou de loin à la lutherie a du l'acheter ce fameux manuel de lutherie des frères Millant .Et pour cause ,c'est vraiment la référence ,le premier livre à consulter en matière de lutherie.C'est un livre personellement que j'essaie de ne jamais égarer .

[Mélodie]

Parcours impressionnant oui!

Et quelle chance surtout d'avoir pu être formé à l'atelier Vatelot!!!!

Un immense luthier, et pour nous violoniste, c'est également un concours, où l'on peu avoir le bonheur de se faire preter une de ces merveilles...stradivarius...

En tout cas, bienvenue à vous!!!

[luz]

Bienvenue et merci de venir partager ces belles expériences avec nous!

[bled]

Si j´ai appris la moitié de mon métier avec mes maitres , l´autre moitié je l´ai apprise avec avec mes clients!

Joli phrase, Bienvenu à toi