restaurer. Ou plutôt réparer? Il y a déjà une grande différence entre ces deux termes
sans vouloir définir une ligne de séparation trop précise, on parle habituellement de réparation lorsqu'on n'intervient pas sur « le squelette » du violon: touche, sillets, chevilles, âme, chevalet, bouton, cordier, mentonnière, vernis (nettoyage). Dès qu'on « attaque » l'intégrité du corps (coffre , manche, vernis (raccords)) on peut parler de restauration ...
recoller des fractures ne signifie pas toujours qu'on restaure le violon
A côté de ça, on va parfois jusqu'à remplacer des éléments (barre, table, touche...): est-ce que vous ne le faites que lorsqu'il n'y a plus d'autre solution, priviligiez-vous la conservation des éléments de l'instrument original, ou choisissez-vous parfois une solution de remplacement pour des questions de temps ou de coût, ou de facilité?
remplacer une touche c'est courant (usure, etc.), une barre également (divers problèmes de structure ou de son). Mais on ne remplace pas une table d'harmonie en entier.
D'une manière générale on ne choisit pas les solutions de facilité, ni ne privilégie l'économie.
Sans basculer dans l'exagération du prix de revient, on essaye d'être cohérent: le musicien vient souvent pour un problème précis ... on tente alors de lui montrer qu'il y a d'autres travaux tout aussi importants le cas échéant: cela peut effectivement aller jusqu'au refus de pratiquer un acte isolé, lorsqu'on juge qu'il y a d'autres choses importantes que le musicien ne veut pas faire (économie).
est-ce que dans la formation d'un luthier l'aspect déontologique de la profession est abordé
moins dans les écoles que dans les ateliers où nous faisons nos stages de perfectionnement.
La déontologie reste une notion imprécise dans sa définition, mais la rigueur et la précision de l'apprentissage, le temps consacré à la formation, la transmission du savoir faire induisent un certain nombre de règles et de devoirs.
allez-vous des colloques, ou autres, où vous présentez des nouvelles techniques, produits, matériaux?
les congrès des associations (aladfi, eila, glaaf, etc.) sont en effet autant d'occasions pour échanger confronter et apprendre, mais pas seulement: les salons et autres rencontres, évidemment la lecture, sont tout autant des bonnes occasions pour apprendre mais il ne faut surtout pas oublier le principal: les musiciens ! Pour ce qui est des techniques, je pense qu'il est moins important d'en apprendre de nouvelles que d'essayer de comprendre l'esprit du travail des anciens. Une bonne part de réussite réside dans cette orientation-recherche.
vous consacrez-vous aussi plus à la création qu'à la restauration (par choix, par nécessité), ou les deux en parallèle?
je ne vais pas prétendre que les contraintes économiques n'ont pas d'emprise sur nos choix, mais je crois que c'est principalement le caractère de chacun qui détermine son orientation. Cependant il est primordial d'avoir dans un premier temps, effectué suffisamment les deux avant d'opérer un choix (ce n'est pas le cas de tout le monde). Chaque technique enseigne à l'autre. J'ai constaté des progrès considérables d'un violon au suivant malgré qu'ils aient été espacés dans le temps, par le fait d'avoir beaucoup travaillé en restauration entre temps. Si je n'avais pas fait ces restau, je suis persuadé qu'il m'aurait fallu plusieurs réalisations avant d'en arriver là en fabrication. Et je dirai même que celui qui a fait trop peu de réparation risque d'aller moins loin dans la fabrication...
tout ça n'est bien entendu que mon avis et ma vision des choses, que d'autres (luthiers) peuvent ressentir ou exprimer autrement, mais je finirai comme jépadçon en te renvoyant à toi-même pour la réflexion sur la déontologie
