Sonorisation
Publié : lun. 14 sept. 2009 12:41
Cela fait un moment que je voulais évoquer le sujet. Je vous suggère d'aller voir cette page:
http://voyard.free.fr/textes_audio/dangers.htm
Je n'ai pas grand-chose à ajouter à ce qu'il dit, mais je vous livre le message que je viens de lui envoyer:
Bonjour,
Revenant d’un mariage où la sonorisation des musiciens m’a plutôt gâché la soirée, j’ai découvert votre site en cherchant des arguments pour les prochaines fois que j’aurai affaire à ce genre d’excès (même avec des boules quies de fortune, c’était trop fort). Convaincu que le degré atteint ce week-end devenait dangereux, mais sans autre argument que ma conviction.
Finalement, vous parlez un peu moins, dans votre article de ces « sonorisations du dimanche », qui peuvent faire tout autant de dégâts (après tout, il suffit de tourner un bouton…), mais je comprends bien que vous ne pouviez tout mettre. Une fête de la Musique à Paris est un exemple assez édifiant, où je me demande parfois si c’est une fête de la musique ou une guerre des sonos. Il y a aussi une certaine tendance, dans les salles de cinéma, à monter le niveau sonore.
Concernant la partie qui évoque la « paranoïa », je peux citer aussi Françoise Dolto qui avait, dans un de ses ouvrages, signalé le cas d’enfants considérés comme « asociaux », et qui avait en fait une déficience auditive (l’important n’étant pas pour elle de développer la cause de ces déficiences, mais de constater leurs conséquences). Je peux témoigner (heureusement) de l’expérience inverse : Je souffrais d’une certaine déficience de l’oreille externe (pas due à des excès sonores, mais vraisemblablement à une sinusite chronique et une trompe d’Eustache bouchée). Une rééducation au centre Tomatis m’a permis d’améliorer ça et la principale conséquence a été le changement de mon contact, de ma relation aux autres. Je me suis rendu compte que j’étais, avant, dans une bulle et quelque peu coupé du monde. Je suis devenu plus ouvert, naturel et, finalement, ce sont aussi les autres qui ont bénéficié de mon changement. C’était plus naturel de parler, de dialoguer.
Un exemple de cercle vicieux me parait alors important à signaler. Les sonorisateurs sont les premiers concernés par le problème. Que se passe-t-il ? Etant exposés souvent, ils perdent de l’audition. Travaillant à l’oreille, ils ont tendance à sonoriser en fonction de ce qu’ils entendent, c’est-à-dire moins. La relation aux autres est elle-même biaisée. Leur surdité partielle les coupe du monde. Ils ne sont pas sensibles aux remarques qu’on peut leur faire, souvent convaincus d’avoir raison (puisque la majorité a envie de décibels, que les autres se taisent et que c’est tellement évident que « pour faire la fête, il faut du son ») d’être nécessaires. Ils s’isolent et leur surdité les empêche de prendre conscience de ce qu’ils font et d’accepter le dialogue. Je viens coup sur coup, trois fois de suite de voir des sonorisateurs particulièrement déconnectés du monde, obtus et finalement, destructeurs et ça me parait évident que c’est lié à leur oreille. Confierait-on la gestion de la lumière à un aveugle ? Le choix d’un parfum à quelqu’un qui n’a plus d’odorat ? La cuisine à quelqu’un qui a perdu le goût ? On confie le son à des sourds !
Autre point que j’ai envie de développer : J’ai souvent constaté que la sonorisation est inutile (des groupes de jazz avec saxophone, trombone, piano, batterie, dans une salle de même pas 20 mètres de long, des bombardes et des cornemuses bretonnes dans des tentes de 20mX10m, des groupes dans une cave de cabaret d’à peine 4m de large…) et que, au-delà de l’aspect « trop fort », il y a aussi un son qui est dénaturé (et je ne parle même pas des Larsen !) et toujours moins beau que l’instrument ou la voix lorsqu’ils ne sont pas sonorisés. Bref, le plus édifiant, au final, est qu’on ne gagne rien ! Sauf pour ceux qui ne savent pas faire sonner leur instrument ou leur voix… ça cache la misère.
Merci pour votre site, je vais maintenant aller visiter les liens que vous donnez,
Renaud Grandemange
(Violoniste, professeur de composition, amateur de bals folk non sonorisés)
http://voyard.free.fr/textes_audio/dangers.htm
Je n'ai pas grand-chose à ajouter à ce qu'il dit, mais je vous livre le message que je viens de lui envoyer:
Bonjour,
Revenant d’un mariage où la sonorisation des musiciens m’a plutôt gâché la soirée, j’ai découvert votre site en cherchant des arguments pour les prochaines fois que j’aurai affaire à ce genre d’excès (même avec des boules quies de fortune, c’était trop fort). Convaincu que le degré atteint ce week-end devenait dangereux, mais sans autre argument que ma conviction.
Finalement, vous parlez un peu moins, dans votre article de ces « sonorisations du dimanche », qui peuvent faire tout autant de dégâts (après tout, il suffit de tourner un bouton…), mais je comprends bien que vous ne pouviez tout mettre. Une fête de la Musique à Paris est un exemple assez édifiant, où je me demande parfois si c’est une fête de la musique ou une guerre des sonos. Il y a aussi une certaine tendance, dans les salles de cinéma, à monter le niveau sonore.
Concernant la partie qui évoque la « paranoïa », je peux citer aussi Françoise Dolto qui avait, dans un de ses ouvrages, signalé le cas d’enfants considérés comme « asociaux », et qui avait en fait une déficience auditive (l’important n’étant pas pour elle de développer la cause de ces déficiences, mais de constater leurs conséquences). Je peux témoigner (heureusement) de l’expérience inverse : Je souffrais d’une certaine déficience de l’oreille externe (pas due à des excès sonores, mais vraisemblablement à une sinusite chronique et une trompe d’Eustache bouchée). Une rééducation au centre Tomatis m’a permis d’améliorer ça et la principale conséquence a été le changement de mon contact, de ma relation aux autres. Je me suis rendu compte que j’étais, avant, dans une bulle et quelque peu coupé du monde. Je suis devenu plus ouvert, naturel et, finalement, ce sont aussi les autres qui ont bénéficié de mon changement. C’était plus naturel de parler, de dialoguer.
Un exemple de cercle vicieux me parait alors important à signaler. Les sonorisateurs sont les premiers concernés par le problème. Que se passe-t-il ? Etant exposés souvent, ils perdent de l’audition. Travaillant à l’oreille, ils ont tendance à sonoriser en fonction de ce qu’ils entendent, c’est-à-dire moins. La relation aux autres est elle-même biaisée. Leur surdité partielle les coupe du monde. Ils ne sont pas sensibles aux remarques qu’on peut leur faire, souvent convaincus d’avoir raison (puisque la majorité a envie de décibels, que les autres se taisent et que c’est tellement évident que « pour faire la fête, il faut du son ») d’être nécessaires. Ils s’isolent et leur surdité les empêche de prendre conscience de ce qu’ils font et d’accepter le dialogue. Je viens coup sur coup, trois fois de suite de voir des sonorisateurs particulièrement déconnectés du monde, obtus et finalement, destructeurs et ça me parait évident que c’est lié à leur oreille. Confierait-on la gestion de la lumière à un aveugle ? Le choix d’un parfum à quelqu’un qui n’a plus d’odorat ? La cuisine à quelqu’un qui a perdu le goût ? On confie le son à des sourds !
Autre point que j’ai envie de développer : J’ai souvent constaté que la sonorisation est inutile (des groupes de jazz avec saxophone, trombone, piano, batterie, dans une salle de même pas 20 mètres de long, des bombardes et des cornemuses bretonnes dans des tentes de 20mX10m, des groupes dans une cave de cabaret d’à peine 4m de large…) et que, au-delà de l’aspect « trop fort », il y a aussi un son qui est dénaturé (et je ne parle même pas des Larsen !) et toujours moins beau que l’instrument ou la voix lorsqu’ils ne sont pas sonorisés. Bref, le plus édifiant, au final, est qu’on ne gagne rien ! Sauf pour ceux qui ne savent pas faire sonner leur instrument ou leur voix… ça cache la misère.
Merci pour votre site, je vais maintenant aller visiter les liens que vous donnez,
Renaud Grandemange
(Violoniste, professeur de composition, amateur de bals folk non sonorisés)