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Bravo,Mmes Mrs les luthiers pour vos échanges très spécialisés sur vos outils préférés.
Mais comment faisaient vos prédécesseurs du siècle d'Amati sans tous ces perfectionnements ?
Existe-t-il des documents qui parlent de cela ?
Stradivarius,qui a poussé la perfection au delà du possible,ne bénéficiait pas des derniers perfectionnements de la technique,et pourtant....
Alors,comment faisait-il ?

En construction, nos outils ne sont pas si différents de cette époque (en resto c´est autre chose). J´ai fait mes joints pendant 30 ans avec une varlope en bois, ça marche bien.
Pour les outils de Strad, nous avons la chance d´en avoir conservé une grande partie.

jépadçon a écrit :En construction, nos outils ne sont pas si différents de cette époque (en resto c´est autre chose).

Ah oui? du peu que j'en connais j'avais l'impression qu'en resto aussi les outils et produits étaient assez traditionnels. Ou ce sont des outils comme les serre-joint, par exemple, qui ont évolué?

Utilisation de fibres optiques, radiographies, moulages platre, silicone, empreintes avec résines de dentistes, nouvelles méthodes de collages de fracture, ajustages de doublures à la machine à reproduire, techniques "sous vide"....... mais tu as raison, le canif reste à la base de beaucoup de choses!

Zino a écrit : Bravo,Mmes Mrs les luthiers pour vos échanges très spécialisés sur vos outils préférés.
Mais comment faisaient vos prédécesseurs du siècle d'Amati sans tous ces perfectionnements ?
Existe-t-il des documents qui parlent de cela ?
Stradivarius,qui a poussé la perfection au delà du possible,ne bénéficiait pas des derniers perfectionnements de la technique,et pourtant....
Alors,comment faisait-il ?

Une grande partie des outils et gabarits de Stradivari sont conservés au musée de crémone et tu trouves aussi des outils de luthier dans l'encyclopédie de Diderot et cie http://books.google.com/books?id=bz8VAA ... er&f=false

Comme l'a dit jépadçon nos outils sont foncièrement les même et l'utilisation d'une scie à ruban électrique permet juste de perdre moins de matériau que de fendre les fonds et les tables et que de scier à la main les éclisses. Et ça demande un petit peu moins d'huile de coude aussi .
Mais pour le reste les outils à main restent les plus précis et comme tu peux le voir dans les gravures de l'encyclopédie, les outils étaient déjà très perfectionnés. Bien sûr l'encyclopédie est plus tardive que l'invention du violon mais les outils de Strad ressemblent aussi à ça (tu peux trouver des photos des gabarits et outils de strad dans le livre de Sacconi "Les secrets de stradivarius" ed. Castelli et Bour'his et dans le catalogue "il museo stradivariano di cremona" ed. Cremonabooks).

jépadçon a écrit :Utilisation de fibres optiques, radiographies, moulages platre, silicone, empreintes avec résines de dentistes, nouvelles méthodes de collages de fracture, ajustages de doublures à la machine à reproduire, techniques "sous vide"....... mais tu as raison, le canif reste à la base de beaucoup de choses!

ah oui en effet Plutôt dans les méthodes d'analyse et de prises d'empreinte alors, mais la qualité des actes en eux-mêmes reste plus dépendante de la maîtrise de l'outil de base que du perfectionnement de ces mêmes outils. Pourquoi n'utilisez-vous pas de scalpels d'ailleurs, plutôt que des canifs? En restauration de sculptures, on est complètement perdus si on n'en a pas, ça permet une précision que je n'arrive pas à avoir avec un couteau (ou alors c'est une question d'habitude).

Chez nous la prise d´empreinte est directement liée à la restauration, pas celle pour garder une trace de l´objet, mais dans de nombreuses situation, nous rectifions ces moules pour faire des remises en voutes etc...
Nous utilisons peu le scalpel car la flexibilité de sa lame ne permet pas un contrôle suffisant dans un matériau dur comme le bois (ce qui n´est pas le cas pour un chirurgien qui coupe ,disons, du "plus mou") Plus un outil est rigide (ex: un rabot) plus il est précis.

Merci à tous pour ces précisions.
J'ai apprécié le renvoi aux livres de Sacconi et à l'Encyclopédie de Diderot.
Finalement c'est un artisanat où les anciens outils sont toujours d'actualité et donc,
on garde les traditions !

jépadçon a écrit :Chez nous la prise d´empreinte est directement liée à la restauration, pas celle pour garder une trace de l´objet, mais dans de nombreuses situation, nous rectifions ces moules pour faire des remises en voutes etc...
Nous utilisons peu le scalpel car la flexibilité de sa lame ne permet pas un contrôle suffisant dans un matériau dur comme le bois (ce qui n´est pas le cas pour un chirurgien qui coupe ,disons, du "plus mou") Plus un outil est rigide (ex: un rabot) plus il est précis.

C'est vrai que nos usages sont différents. J'utilise le scalpel principalement pour dégager d'anciens bouchages ou collages faits avec des matériaux insolubles, contrairement à la colle animale communément employée dans la facture et la restauration des instruments. Du coup, ce sont des gestes "micrométriques" qui tiennent plus du grattage progressif avec la pointe du scalpel que de l'entaille nette et définitive. Mais j'avoue que c'est aussi au scalpel que j'ai taillé mon chevalet (pas le bon encore, ne t'inquiète pas! ), j'ai essayé avec un beau canif japonais que j'avais acheté pour le tester à cette occasion, et je me suis sentie totalement gourde avec...