chroí a écrit : Par contre, il me semble plausible que son utilisation de manière totalement généralisée et normative pourrait être due à la généralisation du tempérament égal afin de mettre d'accord pianistes et frotteurs de cordes...
Pas sûr, car dans ce cas, ce serait encore plus recommandable lorsqu'il y avait plusieurs types de tempéraments en vogue. De toute façon, il y a bien d'autres problèmes de justesse à gérer que ceux lié au tempérament utilisé (vents qui montent, cordes qui bougent...).
Par contre, l'évolution de la musique du baroque au romantisme va vers de plus en plus de richesse dans les moyens d'expression (le clavecin devient le pianoforte, les archets évoluent pour permettre plus de legato, les cors et trompettes deviennent chromatiques, etc.) en parallèle à l'évolution des compositeurs vers le romantisme et, là aussi, avec des moyens d'expression plus riches (plus de modulations, d'appoggiatures, etc. -et encore, ça dépend des œuvres!-).
Ce n'est d'ailleurs pas si évident que les violonistes vibraient davantage au XIXème qu'avant: Geminiani (baroque) préconisait de vibrer chaque fois que c'était possible et si l'on écoute les vieux enregistrement de Sarasate, Joachim, on ne peut pas dire qu'ils vibrent énormément. De plus, les ajouts de type coussin, barre, qui favorisent le vibrato et le démanché sont plutôt des innovations du XXème siècle.
Il me semble que c'est plutôt après le XIXème que l'usage du vibrato se généralise, mais je ne prétends pas avoir une science énorme sur ce point précis. De toute façon, on ne peut jamais parler de "la manière de jouer" spécifique à une époque. Il y a des différences entre plusieurs instrumentistes du même temps. Lorsque Geminiani préconise l'usage systématique du vibrato, Leopold Mozart le présente toujours comme un moyen d'expression à utiliser seulement dans certains cas. Selon les pays, l'esthétique n'est pas la même non plus. A l'époque baroque, je n'imagine pas qu'on jouait de la même façon en Italie et en France.
Le vibrato est un moyen d'expression (il existe déjà, naturellement, lorsque l'on chante). Celui qui veut mettre plus d'expression sera tenté de mettre davantage de vibrato. Cela se joue au niveau individuel, d'abord, puis telle ou telle tendance peut faire école, dans un pays plus que dans un autre, à une époque plus qu'à une autre.
Mais la question reste pour chacun, de doser le vibrato, en fonction de l'œuvre, de tel ou tel passage, etc.