christian1970 a écrit :
La méditation nous apporte de nouveaux horizons de travail. Et je me demande en quelle manière ils ne nous font pas progresser.
Si certains d'entre vous se concentrent sur des choses qui n'ont rien à voir à priori avec le morceau, ce serait intéressant d'en parler...
Est-ce le fait de se concentrer tout court qui fait progresser, ou de tenter de contrôler un aspect, toujours le même par la concentration?
Je ne crois pas que la méditation "apporte de nouveaux horizons de travail", par contre, si ton esprit est dans une autre disposition, grâce à la méditation, il se peut que tu sois davantage conscient de ce que tu fais, que tu sois plus lucide, tranquille, etc. Ce qui, si c'est le cas, est très positif.
Se concentrer sur autre chose ne me parait pas en soi une source de progrès. Par contre, cela peut éviter, provisoirement, des problèmes qui viennent d'un excès de pensée, d'une focalisation sur un aspect du jeu (la main gauche, par exemple) ou sur un aspect extérieur ("au secours, il y a des gens qui m'écoutent!") qui peut être, dans certains cas, destructrice.
Se concentrer, en soi, tout seul, n'existe pas, par définition (se "con-centrer" est bien se centrer sur quelque-chose, non?). C'est à distinguer de la méditation où l'on peut être ouvert à tout, sans a priori et sans pensée.
Quand je lis tes questions, je suis tenté de te mettre en garde contre le fait de te "concentrer sur ta concentration", et non sur ce que tu fais. De toute façon, tu n'obtiendras pas de réponses aux questions que tu te poses sur la méditation/concentration au moment où tu médites ou te concentres, car à ce moment-là la question que tu te poses s'ajoute à ta méditation/concentration. Si tu médites en pensant que tu médites, tu ne médites plus. Si tu te concentres sur un point en pensant au fait que tu te concentres sur ce point, alors tu te concentres sur deux points!
L'observation de ta méditation/concentration ne peut se faire qu'avant ou après.
Il y a deux attitudes à différencier dans ce qu'on peut appeler la "concentration":
1) Se focaliser sur un aspect ("comment je fait passer le quatrième doigts sur la corde de sol en gardant le troisième posé au même endroit corde de ré")
2) Être ouvert à tout les aspects du jeu.
Le but final est bien de faire un Un de tout les aspects du jeu du violon (intégrer les différents paramètres techniques, les maîtriser, main gauche-mais droite, être à l'écoute de soi, et des autres si l'on joue en groupe, intégrer une œuvre, comment elle est construite, quelle expression convient à tel ou tel passage, quel est la place de ce passage par rapport à l'œuvre entière...). La meilleure attitude est d'être ouvert à tout, car c'est comme ça qu'on a une chance de pouvoir tout mettre en relation. Écouter de façon libre et spontanée.
Si l'on sent que tel aspect gêne, alors il est intéressant de se focaliser dessus, provisoirement, car on est conscient de la manière dont on veut l'intégrer dans le tout après.
Exemple: Je travaille trois notes que je joue souvent faux, dans tel passage. Si je ne suis pas conscient de ce qui vient après (un démanché, un changement de corde), de ce qui avait avant, du type d'expression (vibrato, pas de vibrato), de ce que fait l'archet, des harmonies de l'accompagnement, etc. Je risque de trouver une solution qui ne pourra pas s'intégrer lorsque je serai à nouveau en contact avec tous les paramètres du jeu. Et ce n'est pas en me focalisant encore plus dessus que je trouverai la solution.
Cet "élargissement du champs de conscience", cette "mise en relation" est une dimension fascinante et fantastique à vivre, que l'on peut toucher dans tout acte de la vie quotidienne, mais plus encore dans des disciplines très complexes comme la musique, qui demande une maîtrise dans beaucoup d'aspects.