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Bonjour à toutes et à tous,

Je voulais ouvrir ce sujet pour avoir vos avis concernant l'apprentissage des morceaux de violon par coeur (sans lire la partition).

Au temps le dire tout de suite : je suis nul pour lire une partition et jouer au violon en même temps. Du coup, je suis un peu obligé de jouer les morceaux de violon par coeur (excepté pour le déchiffrage du morceau).
Mais j'ai bcp de difficultés à jouer sans me tromper dans les notes. Ca m'arrive très souvent lorsque je joue un morceau entier de faire plusieurs erreurs. Et souvent, quand je rate une note, soit je m’arrête complètement dans le morceau, soit j'essaie de me rattraper tant bien que mal (souvent au détriment du rythme).

Je suis toujours impressionné de voir les grands solistes en concert jouer pendant 1h30 sans partition.

Et vous, comment jouez vous ?

moi aussi jai le meme probleme que toi du coup je suis obligée d'apprendre mes partition mais cela me prend vraiment du temps pour la jouer sans faute mais le bon coté c que je ne loublie jamais

Moi je joue les morceaux par coeur, sans partitions mais c'est de la musique traditionnelle.
Apprendre le morceau à l'oreille me paraît plus simple pour ensuite les retenir. Et puis les morceaux traditionnels ont une certaine logique je trouve, qui aide bien à l'assimilation.

Au risque de dire une ânerie, tu DOIS apprendre à jouer par coeur. Tu retrouves quel mot dans "récital" ? C'est comme si tu devais lire une fable de La Fontaine devant ta classe (inutile de préciser quelle fable, on la connait tous ) : par coeur, sans avoir le texte sous les yeux.

Par contre, il est vrai que ne pas savoir lire une partition est handicapant (je suis moi-même très lent en déchiffrage) et que tu risques d'avoir un train de retard si jamais tu joues dans un ensemble quelconque.

Pour y remédier, tu peux justement rejouer régulièrement des morceaux que tu connais, mais en ayant la partition sous les yeux. De cette manière tu vas finir, d'une par améliorer ton déchiffrage, et de deux par comettre moins d'erreurs dans lesdits morceaux.

le solfège est indispensable. Apprendre à chanter la partition avant de la jouer. On ne peut pas tout mémoriser.

Ceci est un vaste sujet. Il y a d'une part des musiciens qui apprennent le violon d'une manière orale sans apprendre le solfège, mais en général ils sont très jeunes et la mémoire est, à cet âge, très active. Je me suis effectivement aperçue que c'était assez facile avec le violon de reproduire un son entendu sans passer par le solfège (peut-être parce que il est très proche de la voix humaine).
Cependant, tout dépend du niveau auquel on veut arriver. Si on ne connait pas le solfège, on sera un jour ou l'autre limité dans ses possibilités.
A partir du moment où l'on connait le solfège, c'est toujours très utile d'être capable d'apprendre un morceau par coeur, aisance de n'être plus "accrochée" à la partition, d'où facilité d'expression musicale.
Maintenant pour acquérir cette facilité de mémorisation, il faut entraîner sa mémoire à le faire, surtout quand on n'est plus un enfant. D'ailleurs, l'harmonie, impliquant la connaissance du solfège, aide dans cette quête.
Cependant, compte tenue de ce qui est expliqué plus haut, la mémoire n'est pas là pour remplacer le solfège, mais elle doit aider à apprendre le solfège.
J'ai donné des cours de solfège à des adultes et je n'ai pratiquement pas eu de défection, bien au contraire. Aussi je puis dire qu'un solfège bien enseigné n'est pas si indigeste que cela. cependant, j'ai constaté qu'il est souvent mal enseigné.

Il est vrai que c'est plus confortable d'avoir des bases de solfège qui te permettent un déchiffrage sans trop de soucis ... C'est possible de les acquérir petit à petit, et ça ne peut que t'aider dans ton travail sur l'instrument.
En ce qui concerne le "par coeur", écouter un morceau plusieurs fois aide à comprendre la structure, les mélodies principales, donc on retient plus facilement ... Si tu as l'occasion d'écouter ce que tu joues, ça aide vraiment !

En ce qui concerne les solistes, il ne faut pas oublier qu'ils travaillent les morceaux et concertos de leur répertoire pendant des mois, des années même (Anne Sophie Mutter disait avoir travaillé le Beethoven pendant plus de 2 ans)
Il y a de quoi l'apprendre par coeur

Personnellement, ça fait très longtemps que je n'ai pas fait la démarche d'apprendre un morceau par coeur. En audition, en concert, je joue toujours avec partition.
Sur des morceaux courts (disons une page) je me rends compte qu'en le travaillant, je finis quand même par le savoir par coeur. La difficulté du par coeur est qu'il ne s'agit pas seulement de retenir la musique (notes, rythme et même nuances), mais qu'il faut aussi connaître les doigtés, les coups d'archets... Je sais que quand je me retrouve à contre archet sur des passages un peu ardus, ou que je me retrouve à une position qui n'est pas habituelle, je perds tous mes repères, c'est donc un point important.
Jouer sans partition a je pense des avantages et des inconvénient, vis à vis de l'interprétation. Comme l'a dit Cecilius, se détacher de la partition permet de mieux faire vivre la musique, de mieux se concentrer sur les sons qu'on émet. Mais le fait de ne plus pouvoir se servir de la vue et de tout concentrer sur l'audition fait quand même perdre un support important quand il s'agit de restituer un morceau.

Mais après, la différence est la même qu'entre une personne qui va faire une lecture en public, et une autre qui va jouer le texte.
Et si la personne est un élève de CP, il s'en sortira sans doute mieux avec la fable de la Fontaine qu'il aura appris par coeur que s'il la lit sur papier.

Mais d'après moi, à part pour les musiques traditionnelles dont c'est la tradition, le par coeur ne doit pas venir en secours du solfège, en remplacement, mais bien en complément. L'idée de Tymari, de lire la partition en même temps que tu joues un morceau que tu connais me semble bonne pour améliorer ta lecture de notes.

J'ajouterai simplement qu'il y a des gens qui sont capables de photographier la partition dans leur mémoire et d'y faire appel en cas de besoin. En effet, il peut y avoir un autre problème à jouer par coeur, qui apparaît seulement en public, c'est le trou de mémoire provoqué par le trac, que n'ont pas à faire face, ceux qui ont cette photographie.

A l'inverse, je dois quand même raconter une anecdote qui m'est arrivée pour montrer que la partition ne fait pas tout...
J'étais en cours (heureusement que ce n'était pas en public), et je jouais à ma prof un morceau qu'on avait bien travaillé, et que j'allais jouer en audition une semaine plus tard. Je le connaissais donc bien. A tel point que sur le début, j'ai laissé malencontreusement mon esprit vagabonder un peu, et que je me suis détachée de la partition. Et quand j'ai voulu y revenir, quelques mesures plus tard, je me suis retrouvée complètement perdue, à tel point que j'ai dû m'arrêter, lâchant, toute penaude, "je sais plus où j'en suis"...

je confirme qu'il est impossible d'oublier une partition que l'on a joué par coeur mais surtout en réflèxe . J'ai eu l'occasion il y a 15 jours environ de faire passer à un jeune étudiant sur ce site même, une partition de Lacourt Wolff . En la revoyant je me suis rendu compte que j'étais capable de la rejouer par coeur environ 55 ans après. ....
dans le genre mêmoire efficace, Marie-Annick Nicolas m'avait expliquée qu'il lui est arrivé de lire une pièce dans le train et de la jouer en bis et par coeur le soir même...

Je sais que c'est peut-être poussé pour un débutant, mais quand on apprend un morceau par coeur, il faut utiliser TOUTES les mémoires possibles.
VISUELLE
pouvoir "voir" la partition dans sa tête

SENSORIELLE
savoir quel doigté, quel démanché, la distance du démanché, les écarts entre les doigts, etc...
le geste musical d'un phrase, quel coup d'archet, les changements de cordes, bref la liste est longue...

AUDITIVE
il faut pouvoir chanter les passages qu'on travaille, puis les anticiper quand on joue.
C'est-à-dire avoir la musique qui défile dans la tête, en avance de ce qu'on joue.

(dites moi s'il y en a d'autres^^)

Et je pense qu'il faut travailler ça par PETITS bouts. Il faut découper et ainsi structurer le morceau en plein de petits bouts.
Ensuite il faut identifier chaque "bout" (leur donner des noms par exemple. Genre les arpèges si c'est un bout avec des arpèges) et pouvoir se dire: maintenant je joue tel bout. Il faut être capable de le sortir dans la seconde et nickel.

Ensuite on peut aussi faire cet exercice très efficace pour les passages qui coincent: travailler les "bouts" dans le désordre.
Il faut le faire plusieurs fois. Et miracle, quand on joue tous les bouts assemblés on replace tout au bon endroit et il n'y a plus d'hésitation.
C'est un peu comme si on briquait chaque wagon du train pour au final les rattacher. La liaison se fait sans problème.

J'ai fait ce travail pour deux passages particulièrement "pourris" pour la mémoire dans le 1er mouvement du 1er concerto de prokofiev. Je peux encore les ressortir maintenant (des années plus tard), sans avoir de trou de mémoire ou autre.


Et puis j'ajouterai que si on travaille sur partition c'est très efficace aussi à condition de pouvoir se "voir" jouer et avoir des sensations de jeu uniquement en regardant la partition. Je pense que c'est plus facile d'aborder cette technique quand on a déjà une certaine "habitude" du jeu de violon, pas quand on le découvre. Mais peut-être que je me trompe ^^

Voilà, j'ai été longue mais j'espère que ce n'était pas trop compliqué

Je ferais quand même une remarque, chanter les doubles cordes, ça me paraît difficile (sauf si on doit faire ressortir une corde particulière), de même quand ça n'est plus dans le registre de la voix (il faut sans arrêt transposer, difficile). Enfin quand c'est très rapide, la voix ne peut pas suivre (on peut juste chanter des passages en décomposition).

Voilà, j'ai été longue mais j'espère que ce n'était pas trop compliqué

Mais non !
Le tout, c'est de bien s'en rappeller...