Quatuor
Publié : ven. 19 août 2011 01:00
Hier soir j'ai eu le bonheur de pouvoir assister à un concert de quatuor à cordes, loin, dans un petit bijou de chapelle romane érigée avec, comme souvent, les matériaux trouvés sur place (et sur place il y avait un ancien temple romain... un petit coeur de restauratrice de vieilles pierres n'y résisterait pas). Je n'ai pas regretté le déplacement, l'acoustique y est si belle et si propice à l'expression de l'archet.
Un jeune quatuor, inattendu, le quatuor Raphaël (jamais entendu parler) et Schubert... ah, et un autre violoncelliste invité (devinez pourquoi).
et donc... Rosamonde, le quartetsatz et bien sûr le quintette à deux violoncelles.
J'ai adoré ce Schubert, tout de chair, qui n'avait pas la perfection d'un quatuor Parker entendu l'an passé dans les mêmes conditions et qui m'avait tout de même un peu agacé de trop de perfection justement, où la vie déserte le champ trop parfaitement poli du savoir tout su...
Ici l'approximation du coma ne provoque pas l'évanouissement d'un auditoire hétérogène, qui n'a d'ailleurs pas le temps de s'y attarder, non plus que sur le "portamente" de passage qui ne fleure jamais la vulgarité tant il est naturel, emporté par la vie bouillonnante de ce discours d'où la grâce n'est jamais si loin qu'on puisse l'ignorer bien longtemps. Il y a du vibrato en vrac, un manque évident d'orthodoxie parfois me disent mes yeux : du bras, du poignet, du n'importe quoi mais surtout dans le bout des doigts et mes oreilles sont à la fête, alors... L'(apparente) glace du 2e violon tempère la grâce volubile du premier dans une belle homogénéité de timbre si bien partagée par l'alto qui semble un seul prolongement du violoncelle. L'homogénéité est si palpable et nulle part aussi évidente que dans le mouvement lent du quintette où l'excellent violoncelliste invité, à la belle personnalité musicale jouait pourtant un autre Schubert... Aussi juste certainement, mais pas le même, et quand tous sont sur le fond du temps pour mieux jouir du son qui va et du son qui vient, le pizz si précisément placé sur le temps nous arrache par trop violemment à notre stupeur contemplative. Dommage...
Et puis je n'apercevais plus la jolie violoncelliste du quatuor qui liait si bien dans ses sourires entendus les attentions de ses partenaires, elle qui, dans le 3e mouvement du Rosamunde, nous montrait si bien en l'enveloppant du regard, celui qui allait poser le pivot sur lequel viendrait s'appuyer la phrase suivante donnant ainsi à voir les fines articulations de cette délicate architecture.
Pourtant quand ce mouvement s'est éteint, il y eut cet instant ineffable, celui où l'on perçoit encore le son après le son, où la substance toute entière du mouvement se cristallise dans ce vide si totalement habité. Qui sait le prix de cet instant-là ?
Si vous en avez l'occasion, allez jeter une oreille sur ce quatuor Raphaël.
Un jeune quatuor, inattendu, le quatuor Raphaël (jamais entendu parler) et Schubert... ah, et un autre violoncelliste invité (devinez pourquoi).
et donc... Rosamonde, le quartetsatz et bien sûr le quintette à deux violoncelles.
J'ai adoré ce Schubert, tout de chair, qui n'avait pas la perfection d'un quatuor Parker entendu l'an passé dans les mêmes conditions et qui m'avait tout de même un peu agacé de trop de perfection justement, où la vie déserte le champ trop parfaitement poli du savoir tout su...
Ici l'approximation du coma ne provoque pas l'évanouissement d'un auditoire hétérogène, qui n'a d'ailleurs pas le temps de s'y attarder, non plus que sur le "portamente" de passage qui ne fleure jamais la vulgarité tant il est naturel, emporté par la vie bouillonnante de ce discours d'où la grâce n'est jamais si loin qu'on puisse l'ignorer bien longtemps. Il y a du vibrato en vrac, un manque évident d'orthodoxie parfois me disent mes yeux : du bras, du poignet, du n'importe quoi mais surtout dans le bout des doigts et mes oreilles sont à la fête, alors... L'(apparente) glace du 2e violon tempère la grâce volubile du premier dans une belle homogénéité de timbre si bien partagée par l'alto qui semble un seul prolongement du violoncelle. L'homogénéité est si palpable et nulle part aussi évidente que dans le mouvement lent du quintette où l'excellent violoncelliste invité, à la belle personnalité musicale jouait pourtant un autre Schubert... Aussi juste certainement, mais pas le même, et quand tous sont sur le fond du temps pour mieux jouir du son qui va et du son qui vient, le pizz si précisément placé sur le temps nous arrache par trop violemment à notre stupeur contemplative. Dommage...
Et puis je n'apercevais plus la jolie violoncelliste du quatuor qui liait si bien dans ses sourires entendus les attentions de ses partenaires, elle qui, dans le 3e mouvement du Rosamunde, nous montrait si bien en l'enveloppant du regard, celui qui allait poser le pivot sur lequel viendrait s'appuyer la phrase suivante donnant ainsi à voir les fines articulations de cette délicate architecture.
Pourtant quand ce mouvement s'est éteint, il y eut cet instant ineffable, celui où l'on perçoit encore le son après le son, où la substance toute entière du mouvement se cristallise dans ce vide si totalement habité. Qui sait le prix de cet instant-là ?
Si vous en avez l'occasion, allez jeter une oreille sur ce quatuor Raphaël.