Préférences des violonistes parmi des instruments ....

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Préférences des violonistes parmi des instruments neufs et anciens.
Dr Claudia Fritz, Joseph Curtin, Jacques Poitevineau, Dr Palmer Morrel-Samuels, Fan-Chia Tao

L'écho fait jusqu'à présent dans les médias (y compris sur ce forum) à cette expérience est tellement vulgarisé condensé résumé qu'il en devient un stérile marronnier et ne permet pas d'apprécier ni ne comprendre pleinement le travail réalisé. J'ai donc demandé l'intégralité des documents publics relatifs à cette expérience et me propose d'essayer de vous en donner une version plus complète* et plus instructive. L'idée de ce forum étant aussi d'essayer d'élever les débats.
(*Traduction et adaptation: Frédéric Levi (lFred) / relecture et correction: Dr Claudia Fritz)

Lieu:
L'expérience a été réalisée à l'International Violin Competition of Indianapolis (IVCI) en septembre 2010 http://www.violin.org/2010comp/schedule.html


Démographie:
Le pool de 21 musiciens participant au test est composé de musiciens de 20 à 65 ans, ayant entre 15 et 61 ans de violon, jouant personnellement des instruments dont la valeur est comprise entre 1300€ et 7 Millions d'euros. 4 concouraient à IVCI, 2 en étaient Jury (dont Jean-Jacques Kantorow) , 8 étaient de l'orchestre Symphonique d'Indianapolis, 7 venaient d'autres horizons (par ex John Soloninka PDG de The Health Technology Exchange).
Sur ces 21, 10 avaient un master ou un doctorat, 19 se définissait comme Professionnel, 11 avaient joué en soliste, 16 avaient joués en formation de musique de chambre, 14 étaient musiciens d'orchestre.
Les auteurs considèrent que tous les participants étaient suffisamment qualifiés pour que leur préférences soient significatives. Ils sont cependant conscients du fait que des musiciens avec des expertises différentes peuvent former leur préférence à partir de considérations différentes, mais que ceci n’entre pas dans le cadre de leur étude. Ceci veut dire les auteurs s'intéressent ici à étudier la préférence des musiciens (en tant que résultat d’une évaluation) et non pas ce qui a conduit à cette préférence en fonction du background de chaque musicien.



Organisateurs et Auteurs
L'expérience est proposée par le docteur Claudia Fritz Chargée de recherche CNRS en acoustique musicale, Joseph Curtin de Joseph Curtin Studio, docteur Jacques Poitevineau Ingénieur d'étude CNRS, Le docteur en psychologie Palmer Morrel-Samuels, Fan-Chia Tao ingénieur chez D'Aaddario.

Instruments:
Les organisateurs ayant assemblé une sélection d'instruments modernes, en choisissent 3 qui selon eut possèdent les qualités de jeu les plus impressionnantes, et un contraste de caractère important (sans plus d'information). Trois instruments d’âge compris entre quelques jours et quelques années sont ainsi retenus.
Pour les instruments anciens Les organisateurs réussissent à se faire prêter un Del Gesu ca. 1740 et deux Strads ca. 1700 et ca. 1715, avec instruction impérative de ne faire aucun réglage dessus ni même de changer les cordes. Comme gage de qualité les auteurs précisent que ces instrument ont été utilisés ou prêté à de nombreux musiciens pour de prestigieux enregistrement dans le passé. Il est précisé que les instruments n'utilisent pas les mêmes cordes mais qu'ils sont tous montés de manière typique avec un mi métal et des cordes avec une âme synthétique pour le reste. (cf note d'édition PC 2)lien

Présentation de l'expérience:
Le sujet de l'expérience (tel qu'il est présenté aux musiciens) est "Comment les musiciens évaluent ils les violons ?" avec comme aguiche "vous aurez la chance d'essayer plusieurs très bons instruments dont au moins un Strad (cf note d'édition PC3) lien)." Les musiciens participants sont ensuite conviés à une séance d'une heure chacun au début de laquelle leur sera communiqué le protocole.
Il est demandé à chaque musicien d'apporter son propre archet (les organisateurs indiquant que l'archet du musicien est considéré comme une extension de leur bras) , au quatre musiciens qui se présentèrent sans archet un "bon archet" fut prêter.
Les auteurs indiquent que la plupart de musiciens préfèrent essayer un instrument dans un environnent relativement peu coloré, et que par conséquent l'expérience fut conduite dans une chambre d'hôtel, d'acoustique relativement sèche. Les auteurs reconnaissent que l'acoustique des pièces et la façon dont un instrument répond dans ces différentes acoustiques influencera la préférence des joueurs pour tel ou tel instrument, mais indiquent que ce facteur n'entre dans le cadre de leur étude. ( (cf note d'édition PC 4) lien)

Deux expériences:
En fait l'expérience est composée deux sous-expériences différentes:

la première: on présente à chaque musicien les instruments par paire, le musicien peut jouer le premier instrument une minute à partir du moment ou il le touche (y compris s'il doit l'accorder), puis il le pose et on lui présente un deuxième instrument dans les mêmes conditions.Il doit ensuite indiquer le quel des deux instruments il préfère (sans qu'il ait la possibilité de rejouer le premier). Le musicien ignore que les paires sont en fait constituées systématiquement d'un instrument ancien et d'un instrument moderne. Aux 9 paires pouvant être ainsi créées avec les 6 instruments, les auteurs ajoutent une dixième paire dite de contrôle qui est en fait une des paires déjà présentée qui sera représentée à son insu au musicien.
Les auteurs indiquent que le design (cf note d'édition PC5) lien de l'expérience a été réalisé en gardant à l'esprit les affirmations de Weinreich G " tout musiciens expérimenté peut discerner un violon d'étude d'un violon décent d'un violon professionnel d'un violon de soliste en moins de 30 secondes et que leur opinion coïnciderait de façon certaine" et de d'Andreas Langhoff: "n'importe quel musicien vous dira immédiatement s'il joue sur un instrument antique ou sur un instrument moderne"

Le seconde: les six instruments sont présentés allongés sur un lit et on donne 20 minutes au musicien pour choisir avec lequel il désire rentrer chez lui. Il est demandé aussi au musicien de choisir lesquels il considère comme le meilleur et le pire pour chacun des critères suivant: gamme de couleurs, projection, jouabilité, réponse, (sans qu'il ne soit spécifié au musicien ce que l'on entend par ces critères). Pour les auteurs l'expérience vise à émuler le choix d'un instrument chez un luthier. Les auteurs admettent que la projection ne peut être évaluée de manière définitive dans les conditions du test (de sorte que était une estimation qui était en fait demandée aux violonistes) mais indiquent que l'expérience n' a pas pour but de déterminer les qualités objectives des instruments mais les préférences des sujets (violonistes) dans des conditions spécifiques.

dernière édition: 8/Jan/2012 17:35
Précision Dr Fritz en italique et bleu

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Les résultats

Expérience n°1


Légende: CI = Intervalle de Confiance ; N= New / nouveau ; O= Old / ancien
La paire de contrôle à volontairement été omise des résultats.

Exception faite des paires incluant le violon ancien O1 (strad 1700), les résultats faisant intervenir les cinq autres violons montrent que les instruments anciens ont été préférés autant de fois que les instruments neufs. Le violon ancien O1 se démarque par un rejet significatif. Les auteurs indiquent ne pas trouver de relation qui leur semble statistiquement significative entre l'âge du violon des joueurs et les réponses données.

Concernant la paire de contrôle seuls 11 des 21 musiciens (soit 52%) ont répondu la même chose (qu'à la première présentation). En raison du petit nombre de sujets, l’intervalle de confiance statistique de ce résultat est grand : [30%; 74%], En conséquence, aucune conclusion ferme ne peut être tirée sur la répétabilité des musiciens. Cependant, il est intéressant de noter que si les musiciens ne font mieux mieux que le hasard, deux conclusions possibles peuvent être tirées : i) les instruments sont de qualité équivalente (ainsi que le suggère le tableau ci-dessus d'après les auteurs) ; ii) les musiciens ne peuvent pas choisir de manière répétable dans ces conditions, conditions qui de ce fait s’avèreraient impropres pour étudier les préférences des musiciens.

Expérience n°2

Dans cette expérience les joueurs étaient libres d'utiliser le temps imparti (20 minutes) comme ils le souhaitaient La figure ci dessus montre pour chaque instrument combien de fois un musicien a choisi "de le prendre à la maison" (en gris sombre) et combien de fois il a été sélectionné comme meilleur ou pire pour chacune des catégories. Huit musiciens ont spontanément identifié l'instrument qu'ils aimaient le moins (barre négative en noir) et huit musiciens ont mentionnés une forte hésitation avec un autre instrument ce qui est représenté grâce au score "close 2nd" en gris clair.
13 musiciens (soit 62%) ont choisi un violon neuf. Compte tenu du petit nombre de violoniste participant l'intervalle de confiance statistique est large [38%; 82%], la préférence observée ici ne peut être généralisée. Il n'en reste pas moins que la limite basse de l'intervalle est plutôt élevée. Qui plus est le fait que 13 musiciens expérimentés (dont les deux membres du jury) aient préféré un instrument neuf aux trois anciens tord le cou à ce qui est communément admis. Par ailleurs les auteurs précisent que les deux membres du jury ont comparé favorablement N2 et N3 à leurs propres Strad et Del Gesu.



Consistance entre les deux expériences:
Sur les 15 musiciens ayant préférés plus souvent un instrument neuf qu'un instrument ancien dans la première expérience, 7 ont finalement choisi de prendre un instrument ancien chez eux. En contre partie sur les 6 musiciens ayant préféré plus souvent un instrument ancien 5 ont choisit de repartir avec un instrument neuf
Ce résultat permet de dire que seuls 9 des 21 musiciens ont eut des choix consistants. Les auteurs nous précisent que cela n'est pas surprenant compte tenu du fait que les préférences évoluent de concert avec le temps passé avec un instrument. Par ailleurs, il y avait avec consistance sur les deux expériences avec une répugnance pour l'ancien O1 et une préférence pour les instruments neufs.

Pour chercher à déterminer si les violonistes sont en mesure de différencier un instrument neuf d'un instrument ancien par les seules qualités de jeu, les auteurs codent les résultats ("meilleurs / pire") dans chacune des catégories (+1 pour meilleur, -1 pour pire, 0 pour ni l'un ni l'autre) Ce code permet de prendre en compte les musiciens ayant choisi comme meilleur ou pire plusieurs instruments.


Les auteurs indiquent qu'un écart de .5 est à considérer comme gigantesque et un écart de .033 comme très important.

A la question, posée de manière plutôt informelle à la fin de l’expérience:" :" à votre avis de quelle école de lutherie est le violon que avez choisi de prendre avec vous" seul 17 des 21 musiciens ont répondu. 7 ont répondu n'avoir aucune idée, 7 se sont trompés et 3 ont répondu correctement ( partie éditée sur le forum à la demande des auteurs pour se conformée à l'article mes réserves se voient reportées en commentaire)


Sujet n°2 "J'ai un préjugé contre les instruments anciens , Je pense que N3 est moderne O2 est plus vieux"
Sujet n°3 "O1 un instrument de l'école française sans attrait pour moi"
Sujet n°4 "Je devine que O2 est peut être un Guarneri à cause de sa couleur sombre"
Sujet n°7 " J'espère que c'est un italien!"
Sujet 8-10-11-14-15-18: Aucune idée.
Sujet 9: Je ne sais pas , je ne le voit pas!
Sujet n°12 à propos de N2 "quelque chose d'un Guarnerius, mais je ne peux dire son age.. (puis au bout de quelque minutes) A mon avis ceci dit c'est un violon moderne
Sujet n°16 : O2: pourait être un Strad , N2 pourait être un del Gesu
Sujet n°17: N2 est vieux, O2 répond comme un neuf, O1 sonne comme in instrument français des année 1800 1840
Sujet n°19: N3 Je pense est un vieux italien et N2 aussi
Sujet n°20: O1, sonne comme un instrument moderne car il est très brillant et n'as pas de profondeur et de rondeur, N1 sonne comme un instrument ancien et rare, O2 est un instrument ancien, N2 est vieux aussi.
Sujet n°21: N1 est un instrument italien ancien . ou pas?

dernière édition 23h47

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Conclusion

(Note IFred, la conclusion n'est pas présentée comme telle dans le papier mais est intégrée dans le commentaire réponses au devinette)
à La lumière de ces résultats (note de IFred les devinettes) L'assertion faite pas Langhoff's devient difficile à soutenir, tout comme la présumé qualité de jeu unique des instruments Italien anciens.
Les auteurs rappellent que cette expérience en aveugle et en double aveugle basé sur les préférences des joueurs est une première, que sur les deux protocoles, un Strad en particulier apparait comme le moins apprécié , que sur le second protocole un violon moderne apparait comme le plus apprécié.
D'après les auteurs Les sujets ne semble pas distinguer neuf et vieux, mais plus choisir un instrument qui correspond mieux à leur gout personnel. Les auteurs conviennent que ces préférences ne correspondent qu'à une écoute sous l'oreille et non à distance.

Les auteurs sont d'avis que nonobstant de leur conclusion la beauté visuelle et l'importance historique des vieux violons Italiens leur permettra à n'en pas douter de maintenir leur emprise sur l'imagination des violonistes et leur public pour les générations à venir.
Pour preuve le commentaire d'un des musiciens (qui s'avérera lauréat de la compétition) qui lorsqu'il lui fut demander de deviner l'école de l'instrument qu'il désirait prendre chez lui (note de IFred: le N2): à répondu "j'espère que c'est un [vieux] italien" (note d'IFred [vieux] indique un ajout des auteurs)


Note: C.F. and J.C. ont contribué à part égale dans cette étude, C.F., J.C., P.M.-S., et F.-C.T. ont conçu l'expérience; C.F., J.C., et F.-C.T. ont réalisé l'expérience; C.F., J.C., et J.P. ont analysé les résultats; and C.F., J.C., and J.P. ont écris le papier.
les auteurs déclarent ne pas avoir de conflit d'intérêt avec l'étude

Dernière édition 22:33

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Document annexes

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L'expérience vous étant maintenant présenté sous une forme plus complète, je vous invite aux commentaires : )

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mon commentaire de l'étude au fil de sa lecture

Démographie:
Si les auteurs indiques que l'expérience des instrumentistes n"est pas un facteur qui entre n'entre pas dans le cadre de leur étude. Je pense que c'est une erreur d'importance si le but de l'étude est d'analyser les préférences des violonistes. Le violoniste est un facteur de l'expérience à part entière son gout son expérience sa façon de jouer introduisent (selon moi) une forme de déterminisme dans ses choix. Le panel restreint de violoniste choisit présente une forte hétéroclicité , néanmoins l'étude assume dans son analyse une homogénéité dans ce qui est recherché.

Organisateurs et Auteurs:
L'expérience ayant été conçue à plus de 50% par des Luthiers (ou proche de ) proéminent ayant par leur travaux contribué à crédibiliser et à valoriser ostensiblement la cote de la lutherie contemporaine. La présentation de Joseph Curtin est présenté comme de Joseph Curtin Studio, est peut être un peu succincte: c'est un luthier américain, proéminent membre de la guilde américaine des luthiers http://www.josephcurtinstudios.com/READ ... martin.htm , il c'est en dehors de ses publications illustré pour être le premier luthier vivant dont la valeur vénale des instruments à atteint £22 000 (1993) (soit 45 000€ d'aujourd'hui). De même Fan-Chia Tao est présenté comme venant de chez d'addario et non comme directeur de l'atelier de recherche acoustique Oberlin de la guilde américaines des luthiers, pas plus que ces liens avec Joseph Curtin ou avec Sam Zygmuntowicz (premier luthier dont la valeur vénale des instruments à atteint 130 000$ en 2003 soit 137 000€ d'aujourd'hui) ne sont explicités.

Organisation:
Plusieurs remarques:
L'expérience indique que les instruments neufs sont sélectionnés, et ce selon des critères déterminés par les personnes réalisant le test. Pour moi cela pose un problème de méthodologie et de validité de l'expérience tel que les conclusions sont présentées. s'il n'y a pas vraiment d'information données sur la sélection d'instrument ancien mais le problème pourrait être le même. L'étude semble indiquer qu'elle a fait avec ce qui lui a été confié (bien difficilement) cela implique donc deux modes de sélections différents. Par ailleurs l'étude semble faire l'impasse sur plusieurs points d'importances, le réglages des instruments bien évidement, mais aussi la taille des instruments.
Par ailleurs on est en droit de s' interroger sur le choix au sens large des instruments: Neuf Contemporain ou Strad & Guard , Un choix qui limite forcement les conclusions pouvant être tirée de l'expérience? ou sont les instruments de 50 ans ? 100 ans ? 150 ans ?

Présentation de l'expérience:
On indique aux musiciens comme teaser qu'ils pourront essayer au moins un Strad, Je pense que la aussi il y a une erreur dans la méthodologie car on introduit potentiellement une forme d'expectative psychologique chez certain sujet. Typiquement un sujet vas être dans l'expectative de jouer un Strad une expectative qu'il va modéliser et qui peut crée un bias dans ses réponses comme en témoigne selon moi la réponse du sujet 7 et probablement les réponses d'autres sujet. L'expérience semble ignorer l'effet ainsi introduit. (dit de façon moins confuse et plus terre à terre dites à 10 violonistes qui n'ont jamais joué sur un strad qu'il vont en essayer un parmi 5 violons, il y a fort à parier que d'une part ils vont aimer l'instrument qui leur parait le plus ressembler à ce qu'il s'imagine est un Strad (un violon qui leur en met plein les oreilles par exemple au hasard), faut il s'étonner s'il l'identifie comme tel après ?
En fait il me semble que l'étude fait totalement l'impasse sur l'analyse de l'aspect psychologique dans son analyse.

Deux expériences:
La première: Je ne vois pas en quoi cette expérience permet d'évaluer les affirmations de G Weinreich et sauf erreur de ma part le papier ne plus pas une seule fois référence mis à part dans des déclarations d'intentions au professeur Gabriel Weinreich . J'ai du mal à comprendre la pertinence de cette référence dans ce papier. De même je suis un peu surpris de la façon dont le papier défonce la porte ouverte d' Andreas Langhoff surtout que la papier auquel il est fait référence Measurement of acoustic violin spectra and their interpretation using a 3D representation. Acustica ne se resume pas à cela!? Cette affirmation ayant pour le coup été discuté de façon plus en contexte dans le cadre d'autres études dont celle du docteur Thomas D. Rossing dans "Science of String Instruments" (note: live auquel J Curtin avait collaboré).

La secondes: l'expérience n'émule pas vraiment les conditions de test chez un luthier : 20 minutes pour essayer six violons me paraissent bien court l'experience 1 montre qu'une minute par instrument ne permet pas d'évaluer de façon fiable, la préférence affiché aurait elle encore évolué au bout d'une heure ? une semaine ? Il est vrai que les luthiers préfèrent les musiciens qui en 10 minutes savent si l'instrument est fait pour eut ou pas, mais il faut bien avouer que c'est rarement le cas.
Les auteurs précisent que l'expérience n'a pas pour but de déterminer les qualités objectives des instruments mais les préférences des sujets dans des conditions spécifiques, leur conclusions ne me semble pourtant plus faire une tel distinction.

Les résultats

Expérience 1:
a) l'étude de l' age des violons de joueurs ne me semble pas être un paramètre de contrôle à la fois nécessaire et suffisant comme covariable.
b) initialement je m'étonnais que les résultats ne conduisaient pas les auteurs à remettre en question le protocole , erreur importante de lecture de ma part : "subjects cannot choose
consistently under Part 1 conditions, which may therefore be unsuited to studying player" ce sont les conditions qui sont inappropriées et non les sujets. Dont acte.

(suites de mes remarques demain... il est déja 2:40 du matin .. je finirai plus tard..
édit dimanche 22:40

[IFred]

Expérience 2: les musiciens pouvaient choisir dans chaque catégorie "meilleur, pire,mais aussi "plusieurs au même niveau" ou même ne pas répondre. Par conséquent Les données fournies par un musicien en particulier pouvant être ainsi quantitativement différentes que celles d'un autres. Cela ne posent il pas un problème dans la validité de la lecture des résultats du premiers tableau (résultat repris dans les résumés de l'article). Les auteurs semblent conscient du problème et propose un codage des résultats sous une forme moyenne dans le deuxième tableau. Mais cette deuxième représentation (des même résultats) est étonnement présenté comme une réponse à la question "les musiciens sont ils en mesure de déterminé l'age d'un violon en fonction de ces qualités" sans plus d'explication. De plus si l'écart type de la moyenne est indiqué pour les barres d'erreur, L'étude ne s'attarde ni ne cherche à expliquer les conclusions qu'elle tire de ces résultats.


Le jeu des devinettes:
Comme je l'indiquais initialement (avant édition) les résultats indiqués dans l'étude ne me semble pas correspondre aux réponses données par les musiciens édit: (tant dans le nombre que par la nature que par la façon de comptabiliser les réponses)
La question posé aux musiciens est " de quelle école est l'instrument ?" les réponses sont retranscrites par l'étude comme "sont ils capables de discerner vieux de neuf" (les auteurs cherches à obtenir une réponse de façon indirecte ce qui ne pose pas de problème mi a part celui de l'interprétation des réponses par l'étude et la question de savoir comment est comptabilisé une personne qui devine 1 instrument 2 instruments , 1 sur deux ou qui identifie un strad comme français 1840 et se faisant se trompe dans sa réponse mais ne se trompe pas dans la réponse indirecte. Si aucune information n'est donnée quant à la façon d'analyser les réponses, une simple lecture des réponses montre l'existence d'un biais vers la démonstration de l'impossibilité de déterminé l'age du violon (combien même ce biais ne change pas le sens général de la conclusion il n'en est pas moins décevant).
Tout aussi décevant l'absence totale d'analyse des réponses des musiciens, qui sont (à mon avis) tout aussi instructives et pertinentes à l'étude (si ce n'est plus) que les cases cochées dans le questionnaire. Comme je l'indiquais au début de ma critique, dans ce genre d'étude sur les violonistes, sont un paramètre tout aussi important que les violons testés. On ne comprend donc pas pourquoi l'étude ne cherche pas par exemple à croiser les réponses des musiciens avec la consistance de leurs réponses ou leur façon de noter les instruments, pas plus qu'elle ne cherche à étudier la façon d'attribuer certaines qualités à certains violons.
Par exemple on notera que les Sujet 2 et 4 qui ont été les plus consistant dans leur réponses ont été aussi les deux musiciens à pouvoir identifier de façon précise les instruments ! le premier indiquant qu'il n'aimaient pas les instruments anciens et en effet les reconnaissant de façon constante dans ses appréciations et à l'inverse le sujet 4 tout aussi consistant dans ses appréciations a été capable de reconnaitre un Guarnerius . Où que deux violonistes confère un même attribut de violon Français 1850 au Strad de 1700.

Conclusion L'étude se présente comme une analyse des préférences des violonistes parmi les instruments anciens et neufs. Mais elle me donne l'impression de faire l'impasse sur des aspects et des facteurs primordiaux du sujet d'étude; sa quasi absence de questionnement sur certain point, la rend tout aussi réductrice voire partielle que la caricature à la quelle elle cherche à tordre le coup. Globalement je suis un peu sur ma faim et déçus car je pense qu'il y avait matière et moyen d'étudier de façon beaucoup plus complète le phénomène, mais qu'un certain nombre de choix dans la conception ont (à mon avis) influencés et réduit volontairement (ou involontairement) tant la nature que la porté des conclusions.

[isabelg]

Eh bé... sacré boulot ifred. Merci! J'ai tout lu mais j'ai du mal à me faire une opinion moi-même. Je ne connais pas assez ce monde pour pouvoir décerner comme toi ce qui a pu biaiser les résultats, ou quelles intentions pouvaient être derrière cette expérience.
Mais je m'étonne principalement d'un chose: on parle de test à l'aveugle, et pourtant dans les 2 expériences les musiciens peuvent voir et toucher les instruments? sachant l'importance que le musicien accorde souvent à l'esthétique de l'instrument il me semble que cela a dû influencer beaucoup les résultats. Les instruments récents avaient-ils un vernis à l'ancienne pour "tromper" les musiciens? je suis étonnée que ce facteur-là ne soit pas du tout commenté.
Sinon, je ne suis pas étonnée pour ma part qu'un musicien ne puisse pas faire la différence entre un ancien et un nouveau: je ne vois pas en fait comment les termes de "chaleur", "clarté", ou plus pragmatiques "projection", "jouabilité" pourraient rentrer dans de telles cases. Je ne sais plus ce qu'il était ressorti de telles expériences menées avec des luthiers écoutant un musicien jouer (expérience totalement à l'aveugle donc): les luthiers pouvaient-ils distinguer un ancien d'un nouveau, ou en arrivait-on aux mêmes conclusions?

[buxus]

Quel Marathon ! Bravo et à plus tard, après digestion -déjà que mon foie n'est pas encore remis des fêtes.....

[IFred]

Isabel j'ai oublié de retranscrire ce paramètre de l'expérience (le pensant à tord comme connu et admis)

Les musiciens et les chercheurs étaient plongés dans la pénombre avec des lunettes (goggles) teintées, (ce qui au passage impose un stress dans le deuxième test (faire attention de ne pas faire tomber un instrument du lit ,le reposer etc..) ce qui à peut une influence sur le nombre d'instruments joué et la volonté de rejouer un des six violons dans les 20 minutes imparties etc).
Par ailleurs les auteurs précisent qu'une attention particulière à été porté à parfumer chaque mentonnière pour que l'on ne puisse pas distinguer l'odeur des instruments (en revanche comme je l'indiquais aucune attention n'a été portée ou ne semble avoir été portée au montage: dont le type de mentonnière, l'état , l'inclinaison de la touche etc.. des facteurs qui me semble au combien plus primordiaux dans l'étude de l'appréciation d'un instrument son odeur... (bien qu'un des instruments n'ai que quelque jours)


Enfin ne te méprends pas je n'ai pas de connaissances particulières me permettant "de discerner ce qui a pu biaiser les résultats", lorsque je lis un papier j'essaie (un peu) de lire les notes de bas de pages et de me renseigner sur les personnes citées afin d'essayer de les mettre en contexte, je cherche aussi (un peu) à connaitre l'écrivain ou l'auteur . Je pense qu'un tel traitement de l'information est le minimum syndicale pour essayer de comprendre surtout lorsque certains points t'interpellent.

[jépadçon]

Bravo pour ce travail d'éclaircissement!

[IFred]

Le Docteur Claudia Fritz a eut la gentillesse de m'envoyer un version annotée et (relue) de ma transcription ou elle apporte des précisions et réponds à des points d'interrogations.
L'intégration à ce fil est prévue dans la journée /soirée.

[isabelg]

Isabel j'ai oublié de retranscrire ce paramètre de l'expérience (le pensant à tord comme connu et admis)

merci de l'avoir ajouté, je ne l'avais pas perçu comme une évidence, comme ils pouvaient prendre les instruments posés sur le lit à leur guise et surtout après avoir lu ce commentaire:
Sujet n°4 "Je devine que O2 est peut être un Guarneri à cause de sa couleur sombre"
J'en ai donc conclu qu'ils pouvaient les voir (et je me demandais alors aussi comment on pouvait les empêcher de regarder dans les violons pour voir s'il y avait une étiquette).

[IFred]

Légende:

Commentaire PC2
Avant édition j'avais transcrit la dernière phrase du paragraphe:""we are aware that players with different levels of expertize may form their preferences upon different grounds. This, however, is outside the scope of our study."
Par "Les auteurs reconnaissent que l'expérience des instrumentistes influence leur façon d'apprécier un instrument mais indiquent ce facteur n'entre pas dans le cadre de leur étude."
Dr C.F: Non, ce n’est pas formulé comme ceci dans notre article ; Et du coup, rédigé ainsi, cela peut justifier des critiques (dont une des votres) de manière injustifiée ! J’ai proposé qqch ci-dessus, car ça va mieux dans la partie démographie que.

Commentaire PC3: à propos de ma retranscription exacte de l'article (faire miroité 1 strad) mais amendé ici sur ses instructions

Dr C.F: En réalité, je (c’est moi qui ait fait le raccolage des participants !) l’ai joué beaucoup plus subtile. J’ai sous entendus qu’il y auraient de vieux violons italiens, mais de manière vague. Plus facile à l’oral qu’à l’écrit … et du coup, cette formulation écrite ne correspond pas complètement à la réalité pour la plupart des participants. Mais on a eu du mal à trouver une formulation correcte, et concise (les articles dans de telles revues sont très contraints en termes de nombre de mots !)

Commentaire PC4: précision sur l'acoustique
Dr C.F: Càd que nos conclusions s’appliquent dans une acoustique relativement sèche. On ne fait aucune extrapolation sur une salle de concert ! Ce n’est pas un problème, car d’habitude, les violonistes ne vont tester dans une salle de concert que les violons qui leur semblent déjà bien sonner « sous l’oreille » … sauf si on leur dit que c’est un Strad !!! Generalement , les violonistes ne partent pas de chez un luthier avec un violon qui ne leur plait pas pour aller le tester dans une grande salle !

Commentaire PC5: à propos de but à la place de design et "évaluation des" à la place de "a été réalisé en gardant à l’esprit"
« Design » à la place de « but « … ça change tout ! C’était pour justifier en particulier le fait que les musiciens n’avaient que 1 minute par instrument.

[IFred]

Le Docteur Fritz précise que les auteurs s'intéressent ici à étudier la préférence des musiciens (en tant que résultat d’une évaluation) et non pas ce qui a conduit à ces préférence en fonction du backgrond du musicien.

Par conséquent, certaines de mes critiques deviennent à ses yeux un peu injustes: ces critiques se transformant en des reproches sur ce qui n'a pas été recherché dans leurs travaux.
Ce n'est pas faux et cela va même dans le sens de la conclusion que j'ai présenté.

J'ai ainsi pris acte dans ma transcription des précisions apportés, ce nonobstant je ne pense pas avoir pour autant totalement trahi le sens du texte particulièrement vis à vis de PC2 et PC5 :

S'Il n'est pas écrit noir sur blanc que l'étude avait pour but d'évaluer les propositions de Weinreich et Langhoff. Le résumé introduisant l'expérience se termine sur un paragraphe consacré aux deux propositions, elles sont présentées comme jamais (ou presque) mise à l'épreuve scientifiquement, avant d'être élargies en une séries d'interrogations aboutissant ultimement à la présentation de la méthodologie du test présenté.

Je pense (et c'est pour cela que je l'ai initialement retranscrit ainsi) que le sens commun de compréhension pousse à conclure que l'expérience qui est présenté ensuite va apporter des réponses... Ce faisant, un certain nombre de mes critiques demeurent pertinentes et sujet à la discussion je l'espère

Le texte d'origine:
"Weinreich (1) argues that any experienced player can classify a violin as ‘student,’ ‘decent professional,’ or fine solo’ instrument; furthermore, “the judgment would not take more than about 30 s, and the opinions of different violinists would coincide absolutely.” According to Langhoff (13), “any musician will tell you immediately whether an instrument he is playing on is an antique instrument or a modern one.” Neither of these hypothetical statements has been tested, and apart from recent preliminary results (14), the research literature contains no well-controlled studies on how violinists rate violins, or whether they can distinguish old Italian violins from old French or new American violins by their playing qualities alone. In a recent wine-tasting experiment (15), subjects were given samples to taste while an MRI machine monitored brain activity. It was found that increasing the stated price of a wine increased the level of “flavor pleasantness” reported by subjects; it also increased activity in an area of the brain believed to encode for “experienced pleasantness.” Could a violinist’s preference for a Stradivari violin – and indeed, the pleasure he or she experiences in playing it – be in part attributable to an awareness of its multi-million dollar price tag and historical importance, both of which may be signaled by its distinctive appearance? Conversely, could the experience of playing a new violin be negatively affected by the belief that it is still centuries from tonal maturity? To avoid any such biases, we tested player preferences under double-blind conditions, using high-quality new violins together with distinguished ‘old Italians.’