Petite précaution oratoire:
Que nos amis luthiers me pardonnent, je me suis lancé dans une aventure un peu osée et sans savoir où je mettais les pieds : la réfection d'un violon.

Contexte: je me suis mis à la pratique assidue du violon il y a deux ans et des brouettes. J'ai une très bonne connaissance du travail du bois et je suis curieux.
Objectif de la démarche: comment c'est fait un violon ?
Historique : il y a un an j'ai acheté à dessein sur internet un violon en mauvais état pour 40 euros. Mauvaise copie d'un Stainer a priori de la fin du XIXeme.
A l'aide d'un excellent livre ("The art of violin making") je l'ai démonté... et remonté.
L'enveloppe extérieure était sans défaut, la structure interne pourrie. Je l'ai entièrement refaite en respectant scrupuleusement les conseils et les côtes du livre, ne conservant que table, fond et côtes.
Fin février, le violon était remonté. J'ai fabriqué moi même ma sous couche et mon vernis à l'huile. Matières naturelles, pigmentation très légère.
Multiples couches ultra fines... séchages encore plus long. Remontage des accessoires en juillet et réglage depuis 15 jours...
Bilan :
1/ j'ai passé un temps incroyable sur ce violon pour un résultat... médiocre
2/ malgré ma connaissance du travail du bois (mon père était modeleur sur bois et m'a appris le maniement de tous les outils idoines lors de longues années dans son atelier), la précision et les techniques à employer ne peuvent être acquises qu'après un long apprentissage dédié... sur ce coup là je ne surprends personne j'en ai bien conscience
3/ faire soi-même son vernis est une entreprise des plus hasardeuses au résultat très incertain pour qui n'est pas habitué (mon résultat, joli esthétiquement, ne me parait pas viable à long terme)
4/ les multiples difficultés (ainsi que les imperfections de mon travail) ne peuvent être toutes listées (ahhh la pose du manche...)
5/ le son est moyen bien qu'il s'améliore avec les réglages (cependant le réglage de ce violon est une source d'émerveillement, d'incrédulité, de désappointement et d'apprentissage... le tout soigneusement mélangé)
6/ Moi je l'aime bien ce violon mais il ne sera jamais bon alors je le garde pour voyager sans crainte et l'emmener où bon me semble.
Conclusion :
Si le résultat en qualité de son est moyen, je suis très content d'avoir tenté l'expérience. J'ai désormais une bien meilleure connaissance de mon instrument de prédilection, ce qui était l'objectif avoué. La fabrication, les vernis, les réglages... je trouve que ça m'apporte beaucoup dans ma pratique. Attention! Je n'ai pas dit que ça améliorait ma qualité de jeu !!! Juste que je me sens un peu plus en terrain connu

Cependant au final, et sauf à qui veut perdre du temps, je déconseillerai l'aventure. Les luthiers, hommes et femmes de l'art, fabriquent, restaurent et règlent nos instruments comme jamais nous ne pourrions le faire nous même. Après un an d'efforts, je ne peux qu'en admirer un peu plus encore leurs savoir et savoir-faire en la matière...



Ps : j'ai un autre violon (de luthier)... jamais je ne toucherai à quoi que ce soit dessus ! croyez-moi sur parole !!!
