...de tout autre chose que le violon...
- Alexandria
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...de tout autre chose que le violon...
J'en rêve, j'en rêve, je me lance, vu l'émulation générale en ce moment (ou c'est mon humeur ?).
J'aime la poésie et désire vous faire partager quelques moments de temps en temps, histoire de nous nourrir d'autres sources que purement musicales.
Prêts ? Voici le premier :
Comme un père en ses bras ....
Albert Samain (Le chariot d'or)
Comme un père en ses bras tient une enfant bercée
Et doucement la serre, et, loin des curieux,
S’arrête au coin d’un mur pour lui baiser les yeux,
Je te porte couvée au secret de mon âme,
Ô toi que j’élus douce entre toutes les femmes,
Et qui marches, suave, en tes parfums flottants.
Les soirs fuyants et fins aux ciels inconsistants
Où défaille et s’en va la lumière vaincue,
Je n’en sens la douceur tout entière vécue
Que si ton nom chanté sur un rite obsesseur
Coule en tièdes frissons de ma bouche à mon coeur ! ...
Ô longs doigts vaporeux qui font rêver la lyre ! ...
C’est ta robe évoquée avec un long sourire
Qui monte, qui s’étend dans la chute du jour
Et, flottante, remplit le ciel entier d’amour...
Ô femme, lac profond qui garde qui s’y plonge,
Leurre ou piège, qu’importe ? ... ô chair tissée en songe,
Qui jamais, qui jamais connaîtra sous les cieux
D’où vient cet éternel sanglot délicieux
Qui roule du profond de l’homme vers Tes Yeux !
J'aime la poésie et désire vous faire partager quelques moments de temps en temps, histoire de nous nourrir d'autres sources que purement musicales.
Prêts ? Voici le premier :
Comme un père en ses bras ....
Albert Samain (Le chariot d'or)
Comme un père en ses bras tient une enfant bercée
Et doucement la serre, et, loin des curieux,
S’arrête au coin d’un mur pour lui baiser les yeux,
Je te porte couvée au secret de mon âme,
Ô toi que j’élus douce entre toutes les femmes,
Et qui marches, suave, en tes parfums flottants.
Les soirs fuyants et fins aux ciels inconsistants
Où défaille et s’en va la lumière vaincue,
Je n’en sens la douceur tout entière vécue
Que si ton nom chanté sur un rite obsesseur
Coule en tièdes frissons de ma bouche à mon coeur ! ...
Ô longs doigts vaporeux qui font rêver la lyre ! ...
C’est ta robe évoquée avec un long sourire
Qui monte, qui s’étend dans la chute du jour
Et, flottante, remplit le ciel entier d’amour...
Ô femme, lac profond qui garde qui s’y plonge,
Leurre ou piège, qu’importe ? ... ô chair tissée en songe,
Qui jamais, qui jamais connaîtra sous les cieux
D’où vient cet éternel sanglot délicieux
Qui roule du profond de l’homme vers Tes Yeux !
"Il faut toujours que de la tête au coeur, l’itinéraire soit direct."
Yehudi Menuhin
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
Sur Le Tasse en prison
Charles Baudelaire (Les épaves)
Le poète au cachot, débraillé, maladif,
Roulant un manuscrit sous son pied convulsif,
Mesure d'un regard que la terreur enflamme
L'escalier de vertige où s'abîme son âme.
Les rires enivrants dont s'emplit la prison
Vers l'étrange et l'absurde invitent sa raison ;
Le Doute l'environne, et la Peur ridicule,
Hideuse et multiforme, autour de lui circule.
Ce génie enfermé dans un taudis malsain,
Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l'essaim
Tourbillonne, ameuté derrière son oreille,
Ce rêveur que l'horreur de son logis réveille,
Voilà bien ton emblème, Ame aux songes obscurs,
Que le Réel étouffe entre ses quatre murs !
Charles Baudelaire (Les épaves)
Le poète au cachot, débraillé, maladif,
Roulant un manuscrit sous son pied convulsif,
Mesure d'un regard que la terreur enflamme
L'escalier de vertige où s'abîme son âme.
Les rires enivrants dont s'emplit la prison
Vers l'étrange et l'absurde invitent sa raison ;
Le Doute l'environne, et la Peur ridicule,
Hideuse et multiforme, autour de lui circule.
Ce génie enfermé dans un taudis malsain,
Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l'essaim
Tourbillonne, ameuté derrière son oreille,
Ce rêveur que l'horreur de son logis réveille,
Voilà bien ton emblème, Ame aux songes obscurs,
Que le Réel étouffe entre ses quatre murs !
"Il faut toujours que de la tête au coeur, l’itinéraire soit direct."
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
Merci pour ces douceurs 

Mon blog musical : Des fourmis dans les doigts
- Alexandria
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Re: ...de tout autre chose que le violon...

"Il faut toujours que de la tête au coeur, l’itinéraire soit direct."
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- pierre
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un œil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !
Charles Baudelaire
Une charogne (extr. des Fleurs du Mal)
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un œil fâché,
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
À cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !
Charles Baudelaire
Une charogne (extr. des Fleurs du Mal)
- isabelg
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
Ca me rappelle un court poème lu sur un mur en Allemagne quand j'étais jeune, et qui m'a marqué...
Musiker die nicht saufen,
Hunde die nicht laufen.
Weiber die nicht wollen,
Die soll der Teufel holen...
En alsacien ( c'est plus joli !)
Musiker, wu net süfa (un drenka numma Schokolàd...
)*
Hunda, wu net làujfa
Wiwer, wu net wann
Dia soll d'r Deifel hola

* Pas vrai, Pierre... ?

Musiker die nicht saufen,
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Moderato ma non troppo
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
Très bien, on peut comparer l'Allemand et l'Alsacien. Pour comprendre, il va falloir que je fasse appel à mes souvenirs d'Allemand.
- Alexandria
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
Traduction de l'allemand pour Malki, dont j'espère une adaptation fidèle en elsassien
:
Comment encore reconnaître
Rainer Maria Rilke
Comment encore reconnaître
ce que fut la douce vie ?
En contemplant peut-être
dans ma paume l'imagerie
de ces lignes et de ces rides
que l'on entretient
en fermant sur le vide
cette main de rien.

Comment encore reconnaître
Rainer Maria Rilke
Comment encore reconnaître
ce que fut la douce vie ?
En contemplant peut-être
dans ma paume l'imagerie
de ces lignes et de ces rides
que l'on entretient
en fermant sur le vide
cette main de rien.
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
Pendant qu'on est dans les traductions, je vous livre un poème en espagnol qui m'a guidé pendant une période de ma vie...
C'est un texte d'Antonio Machado :
Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
Caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace el camino,
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar.
Caminante no hay camino
sino estelas en la mar.
Ce qui donne en français, selon ma propre traduction :
Marcheur, ce sont tes traces
qui font le chemin, et rien d'autre ;
Marcheur, il n'y a pas de chemin
le chemin se fait en marchant.
En marchant se fait le chemin,
et quand on regarde derrière soi
on voit le sentier que jamais
on ne parcourra à nouveau.
Marcheur, il n'y a pas de chemin
sinon des sillages dans la mer.
C'est un texte d'Antonio Machado :
Caminante, son tus huellas
el camino y nada más;
Caminante, no hay camino,
se hace camino al andar.
Al andar se hace el camino,
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar.
Caminante no hay camino
sino estelas en la mar.
Ce qui donne en français, selon ma propre traduction :
Marcheur, ce sont tes traces
qui font le chemin, et rien d'autre ;
Marcheur, il n'y a pas de chemin
le chemin se fait en marchant.
En marchant se fait le chemin,
et quand on regarde derrière soi
on voit le sentier que jamais
on ne parcourra à nouveau.
Marcheur, il n'y a pas de chemin
sinon des sillages dans la mer.
Mon blog musical : Des fourmis dans les doigts
- Alexandria
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- Inscription : mar. 15 nov. 2011 18:07
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
Merci, Claire. Heureusement que tu as donné la version espagnole, la beauté de ce texte reste intraduisible.
Un incontournable :
HARMONIE DU SOIR
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
Un incontournable :
HARMONIE DU SOIR
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
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- Alexandria
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- Inscription : mar. 15 nov. 2011 18:07
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
La marchande d'harbes aromatiques
Stéphane Mallarmé
La marchande d'herbes aromatiques
Ta paille azur de lavandes,
Ne crois pas avec ce cil
Osé que tu me la vendes
Comme a l'hypocrite s'il
En tapisse la muraille
De lieux les absolus lieux
Pour le ventre qui se raille
Renaître aux sentiments bleus.
Mieux entre une envahissante
Chevelure ici mets-la
Que le brin salubre y sente
Zéphirine, Paméla
Ou conduise vers l'époux
Les prémices de tes poux.
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
La marchande d'harbes aromatiques
Stéphane Mallarmé
La marchande d'herbes aromatiques
Ta paille azur de lavandes,
Ne crois pas avec ce cil
Osé que tu me la vendes
Comme a l'hypocrite s'il
En tapisse la muraille
De lieux les absolus lieux
Pour le ventre qui se raille
Renaître aux sentiments bleus.
Mieux entre une envahissante
Chevelure ici mets-la
Que le brin salubre y sente
Zéphirine, Paméla
Ou conduise vers l'époux
Les prémices de tes poux.
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Yehudi Menuhin
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- pjtuloup
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- Inscription : mer. 8 déc. 2010 17:43
- Pratique du violon : 43
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
Ah ah ah ! Dans ma version personnelle, j'aurais des vers à rajouter !Malkichay a écrit :Ca me rappelle un court poème lu sur un mur en Allemagne quand j'étais jeune, et qui m'a marqué...![]()
Musiker die nicht saufen,
Hunde die nicht laufen.
Weiber die nicht wollen,
Die soll der Teufel holen...
En alsacien ( c'est plus joli !)
Musiker, wu net süfa (un drenka numma Schokolàd...)*
Hunda, wu net làujfa
Wiwer, wu net wann
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-"C'est quoi cette note ?" -"C'est pas moi, M'sieur, c'est le chat !" -"Justement!" (Authentique)
- Alexandria
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- Inscription : mar. 15 nov. 2011 18:07
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
Spéciale pour ceux qui cherchent un assaisonnement pour les anchois :
Poète avec pommes de terre en petite chemise
Jean-Pierre Verheggen, Poète binqu’oui, poète bin qu’non ?, Gallimard, 2011
Ma Belle de Fontenay, ma Roseval, ma Viola,
ma Géante Violette de Jersey, ma Vitellote d’autrefois,
ma Désirée, ma Stella, ma Charlotte, ma Nicolas,
ma Franceline, ma Pousse Debout, ma Pompadour,
– ma Reine de tous les jours, à tous mes repas ! –
ma Rosabella, ma Rosine, mon Estima,
ma Magnum Bonum, ma Manon, ma Samba, ma Mona Lisa
– a! aa! aa! aaa! vocalise-t-il comme à l’opéra ! –
Ah ! mes Divas, mon Urgenta
(y a urgence parfois, n’est-ce pas ?)
ma Bintje pour qui j’ai un bountje typiquement bruxellois,
ma ratte du Touquet (plus radine que ratte, en effet,
mais quel morceau de choix qui n’a d’égal
que la corne de gatte de Florenville et par-delà)
même à toi, ma très moderne B.F. 15, à toutes
– fort opulentes, bien en chair, ou plus minces,
voire en forme de saucisse oblongue ou parfaitement
rondes et rubicondes de joie ! – à toutes – sans exclusive ! –
quelle que soit votre provenance
(Hollande, Belgique, Flandres, Merveille d’Amérique,
du Canada ou de la France)
que vous soyez jaunes, rouges, roses ou blanches,
laissez-moi vous appeler : mes chéries ! Laissez-moi
vous dire et vous nommer : mes patates chéries,
laissez-moi hurler : ah, purée de purée !
Qu’est-ce que je vous aime !
Que ce soit en robe des champs ou de chambre
(même s’il y a une sacrée différence) que ce soit
en pommes Duchesse, en galettes, noisettes
ou croquettes prêtes à se laisser croquer, que ce soit
en mousseline transparente ou sous la cendre
où mon cœur couve d’impatience, peu importe
pourvu que ce soit une nuit, un jour, une fois
(plusieurs fois rendraient notre Poète gaga !) pourvu que ce soit
en chemise ! Oui ! En liquette ! À tu et à toi !
Sans fioritures, ni épluchures, ni falbalas !
À cul et à chemise, quoi !
Voire à cascasse à cul tout nu comme on dit
en Ardennes, entre Rethel, Attigny et Rocroi !
Poil au patois !
Poète avec pommes de terre en petite chemise
Jean-Pierre Verheggen, Poète binqu’oui, poète bin qu’non ?, Gallimard, 2011
Ma Belle de Fontenay, ma Roseval, ma Viola,
ma Géante Violette de Jersey, ma Vitellote d’autrefois,
ma Désirée, ma Stella, ma Charlotte, ma Nicolas,
ma Franceline, ma Pousse Debout, ma Pompadour,
– ma Reine de tous les jours, à tous mes repas ! –
ma Rosabella, ma Rosine, mon Estima,
ma Magnum Bonum, ma Manon, ma Samba, ma Mona Lisa
– a! aa! aa! aaa! vocalise-t-il comme à l’opéra ! –
Ah ! mes Divas, mon Urgenta
(y a urgence parfois, n’est-ce pas ?)
ma Bintje pour qui j’ai un bountje typiquement bruxellois,
ma ratte du Touquet (plus radine que ratte, en effet,
mais quel morceau de choix qui n’a d’égal
que la corne de gatte de Florenville et par-delà)
même à toi, ma très moderne B.F. 15, à toutes
– fort opulentes, bien en chair, ou plus minces,
voire en forme de saucisse oblongue ou parfaitement
rondes et rubicondes de joie ! – à toutes – sans exclusive ! –
quelle que soit votre provenance
(Hollande, Belgique, Flandres, Merveille d’Amérique,
du Canada ou de la France)
que vous soyez jaunes, rouges, roses ou blanches,
laissez-moi vous appeler : mes chéries ! Laissez-moi
vous dire et vous nommer : mes patates chéries,
laissez-moi hurler : ah, purée de purée !
Qu’est-ce que je vous aime !
Que ce soit en robe des champs ou de chambre
(même s’il y a une sacrée différence) que ce soit
en pommes Duchesse, en galettes, noisettes
ou croquettes prêtes à se laisser croquer, que ce soit
en mousseline transparente ou sous la cendre
où mon cœur couve d’impatience, peu importe
pourvu que ce soit une nuit, un jour, une fois
(plusieurs fois rendraient notre Poète gaga !) pourvu que ce soit
en chemise ! Oui ! En liquette ! À tu et à toi !
Sans fioritures, ni épluchures, ni falbalas !
À cul et à chemise, quoi !
Voire à cascasse à cul tout nu comme on dit
en Ardennes, entre Rethel, Attigny et Rocroi !
Poil au patois !
"Il faut toujours que de la tête au coeur, l’itinéraire soit direct."
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Re: ...de tout autre chose que le violon...
Ah, les pommes de terre...
En Alsace, ça permet de savoir si son interlocuteur est du Nord (Il dit "Grumbeere" = poire tordue ou "Grundbeera" = Poire de terre) ou du Sud (Il dit "Ardäpfel" = Pomme de Terre ). Les Allemands ont conservé l'ancien mot...français ! "cartoufle" pour en faire "Kartoffel". "Tartiflette" vient de cartoufle...
En Amérique du Sud, on dit "papa" !
En Alsace, ça permet de savoir si son interlocuteur est du Nord (Il dit "Grumbeere" = poire tordue ou "Grundbeera" = Poire de terre) ou du Sud (Il dit "Ardäpfel" = Pomme de Terre ). Les Allemands ont conservé l'ancien mot...français ! "cartoufle" pour en faire "Kartoffel". "Tartiflette" vient de cartoufle...
En Amérique du Sud, on dit "papa" !
Moderato ma non troppo