Le trac est quelque chose de normal, quand on joue en public. Ses effets sont plus ou moins gênant selon les personnes, mais il est bien toujours présent.
Déjà, il faut être conscient que les gens du public ne retiendront pas forcément la qualité technique de ta prestation, mais davantage l'émotion qui viendra de ta musique.
Donc faire des erreurs quand on joue en public, ce n'est pas grave. De toute manière, les gens ne s'en rendent pas compte, la plupart du temps.
J'assistais il y a peu à l'examen de plusieurs violonistes de mon conservatoire. Un élève s'est complètement trompé dans les notes sur une mesure (un démanché oublié, je crois - je connaissais son morceau par coeur, donc je m'en suis rendue compte), mais il a gardé sa pulsation, et à la mesure d'après, ils s'était rattrapé. Et en fait, personne autour de moi n'a rien remarqué.
Ensuite, si ton prof te donne un morceau à jouer en public, c'est qu'il t'en sait capable. Alors fais toi confiance.
Ce que pense le public de toi, c'est comme ce qu'il pense de tous les autres élèves qui jouent : que c'est déjà drôlement bien de jouer en public, et qu'en tant qu'élève, c'est normal qu'il y ait des petites erreurs.
Ce que pense ton prof de toi, c'est qu'il est content de voir un de ses élèves jouer en public. S'il note des problèmes et qu'il t'en fait la liste ensuite, c'est pour t'aider à progresser. Et nul doute qu'il fait aussi la liste de ce qui a été bien.
Ce que pensent les autres élèves de toi, c'est que vous êtes tous dans le même bateau... et ils connaissent aussi le stress de jouer devant des gens.
Après, pour être le moins handicapée possible par ce stress, j'ai plusieurs petits trucs, qui fonctionnent plus ou moins bien selon les jours...
- Déjà, me laver les mains avant d'entrer dans la salle d'audition. Ca n'empèche pas d'avoir les mains moites, mais je me sens moins poisseuse...
- Pendant que les élèves avant moi passent, essayer de faire le vide dans ma tête, m'assoir bien droite, respirer calmement
- Quand mon tour arrive, me concentrer. Je me chante mon morceau dans la tête, pour me mettre dans l'atmosphère, pour trouver mon tempo, ou pour simplement me rappeler ce que je vais faire (après avoir entendu plusieurs autres morceaux, ça peut être utile).
- Quand je suis en place sur scène, je m'imagine (je me projette) dans un lieu familier et rassurant : je m'imagine dans mon salon, chez moi, devant mon pupitre en train de travailler mon morceau. Je crée une sorte de bulle autour de moi et du pianiste, qui me protège un peu du regard des autres.
- Quand je joue, je visualise des images, des paysages, des scènes ; ce sont des éléments qui me viennent à l'esprit quand je travaille un morceau, qui m'aident à donner une vie à la musique, à lui donner du sens au delà de l'enchaînement des notes. De cette façon, je me focalise moins sur la technique pure, et davantage sur la musique.
- Je me force aussi à anticiper les difficultés techniques, ou les changements de thème, histoire de rester bien concentrée sur la musique, et ne pas me laisser distraire par d'autres choses (j'ai eu droit une fois à un petit garçon de 7-8 ans qui mimait un chef d'orchestre, avec moult mouvements de bras, juste au premier rang... pas facile de ne pas perdre le fil de la musique dans ces cas là...)
- Enfin, si je me trompe, si mon archet se met à trembler et à produire un son pas beau, déjà, j'essaie de ne pas faire de grimace, et je force mon esprit à continuer à avancer dans la partition, à ne pas revenir en arrière sur l'erreur, je me force à respirer calmement avec la musique pour essayer de retrouver des mouvements plus fluides...
Voilà, ces petits trucs ne me sont pas venus du jour au lendemain. Ils me viennent de conseils de ma prof (en particulier celui de ne pas faire de grimace quand je me trompe...

c'est un de ceux que j'ai le plus de mal à appliquer), ils me viennent de choses que j'applique aussi quand je joue en cours devant ma prof, ou que je fais chez moi quand je file mon morceau, dans les jours qui précèdent l'audition.
Et encore une fois, ces astuces ne permettent pas de ne pas avoir le trac, ça permet juste d'apprendre à le gérer, à le transformer en quelque chose de positif.
Après, je ne sais pas comment c'est dans ton conservatoire, mais nous avons un pianiste accompagnateur tout au long de l'année, et donc on a tous l'habitude de jouer avec lui (personnellement, je le vois quasiment toutes les semaines). Ca joue beaucoup aussi sur le sentiment de confiance qu'on peut avoir en jouant sur scène, de bien connaître la personne avec qui on joue.