J'en arrive à ma réflexion, du coup. Je suis venu à me demander quelle pourrait être la part que prend l'instrument dans la compétence du musicien ? Je m'explique. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'avoir une qualité de son tout à fait perfectible. Aussi, je me demande si c'est parce que je ne m'y prends pas correctement pour émettre un beau son, ou bien que l'instrument possède ses propres « limites »? Et que, du coup, je perdais peut être mon temps et mon énergie à faire sonner un instrument qui n'en est pas capable ? J'en suis venu à me demander s'il n'était pas temps que je passe à un nouvel instrument, qui me permettrait de passer un cap que j'ai l'impression d'avoir atteint sans pouvoir le dépasser. Mais peut être que je me fourvoie, et que je manque tout simplement d'expérience et de travail, et que, dans ce cas, l'achat d'un nouveau violon serait coûteux, et assez peu utile. De manière beaucoup plus terre-à-terre, ai-je vraiment le niveau (on va dire, la maturité, la compétence et l'expérience) de faire sonner un bel instrument ? Je suis incapable de m'en rendre compte.

J'avoue que je suis un type très carré dans ma tête et que j'ai toujours eu tendance à considérer les choses de manière très binaires ; le son est beau ou il ne l'est pas, donc la technique est bonne ou ne l'est pas. C'est vrai, j'ai tendance à évacuer la part informelle de magie, d'irrationnel qui peut prendre place dans le processus qui fait qu'un instrument n'est pas seulement une caisse de bois, mais une propre extension de son corps.
