Hop,je me lance! Et je précise que j'ai un parcours assez atypique dans le métier, j'ai choisi de ne faire que de la musique tardivement

et voici mon pavé!
J'ai débuté le violon à 6 ans dans un Conservatoire de province (crd). Ma mère pensait (à raison^^) que les arts ont une place essentielle dans la formation de l'individu, elle peint en amateur, aime la musique, tout ça mais n'est pas du métier, mon père non plus. On m'a proposé le violon, je ne savais pas trop ce que ça impliquait, mais j'avais vu un quatuor à l'école maternelle et ça m'avait juste plû. Elle a proposé le violon à mon grand frère aussi, mais il a pas voulu (c'était selon lui un truc de fille^^). Bref elle m'a inscrite au conservatoire, et en rentrant mon frère a fait une crise de jalousie il a fallu l'inscrire aussi,plus de place en violon, il est donc devenu altiste en herbe, et nous étions partis pour l'aventure dans la musique!
J'ai eu un parcours chaotique au début, j'étais vraiment pas mature, je ne comprenais rien je crois à ce que me demandais mon prof, la pédagogie était très vieille école et pour le coup j'accrochais alors pas. La loterie du moment des inscriptions, j'avais le meilleur prof de violon du conservatoire mais à cette époque je m'en fichais royalement! Examen fin de premier cycle, je le loupe. Pour mes parents il n'était pas envisageable que j'arrête (pas génération zapping chez nous...).Mon prof suggère à mes parents de prendre des cours en plus avec un de ses anciens élèves. Et chaque semaine j'ai eu mes deux cours de violon pendant 8 ans. J'ai fait d'énormes progrès, je me suis prise au jeu, l'été je faisais des stages avec des profs de renommée mondiale (juste parce qu'ils avaient lieu dans le village d'origine de ma famille où nous avons notre maison de famille au fond de nulle part^^) et je voyais des élèves avec des niveaux que je pensais alors impossible à atteindre et j'ai commencé à aimer le violon passionnément. Par contre je n'ai jamais aimé l'esprit conservatoire, j'ai une nature plutôt rebelle et même si je me laissais faire, j'étais docile, je n'en pensais pas moins! Les grands élèves du conservatoire en violon étaient ceux de mon prof et du coup il y avait un sale esprit de compét entre nous, je détestais mais je donnais le change sans non plus bosser comme une acharnée, j'avais de bonnes méthodes de travail grâce à mon répétiteur, des facilités et je laissais faire les choses, je réussissais mes exams sans forcer, mes profs étaient contents et du coup moi aussi.
J'ai toujours eu l'angoisse du futur, je ne savais pas quel boulot je voulais faire, je n'osais pas rêver à devenir violoniste car je ne pensais pas être capable d'atteindre un niveau pro (et j'en voyais tellement de bons élèves en stage que je passais mon temps à comparer mes lacunes et à me dire que je ne jouerais jamais comme eux, si parfaitement tout ça), et du coup je forçais pas plus. Quand j'ai eu 16 ans je suis rentrée en cycle spécialisé, avec ma grande motivation, le jury ne me voyais pas faire de la musique professionnellement, mais j'avais le niveau d'y rentrer alors je suis rentrée, avec du recul je trouve que leurs remarques étaient très connes (pardon^^), je pense qu'à cet âge là on doit être nombreux à pas savoir ce que l'on fera de sa vie et à se chercher encore, c'est sans doute plus facile lorque l'on est élève dans un plus gros conservatoire niveau orientation tout ça. Mon prof ne nous poussait pas à faire carrière, il partait à la retraite et le changement du métier ne l'inspirait pas. Bref le fait qu'on ne me voit pas faire ça à réussi à me convaincre que je ne ferai pas ça alors que l'idée commençait à germer, l'année du DEM j'ai tout envoyé valser et je n'ai pas voulu le passer, j'ai passé un CFEM avec le programme du DEM histoire de partir de là avec un truc. Et les mêmes qui me disaient hier que je n'avais pas d'avenir me faisaient tous les compliments de la terre sur mon jeu (jusqu'à me dire que j'aurais dû passer mon DEM je l'aurais eu, tout ça...), au lieu de me féliciter d'avoir eu mon CFEM avec l'una et les félicitations, j'ai pleuré tout ce que j'ai pû en me disant que ce milieu était pourri et que je n'en ferai jamais partie.
J'ai eu mon bac et je suis partie à la capitale faire des études passionnantes qui ne servaient à rien mais que j'ai adoré! En parallèle j'ai continué le violon avec un prof à qui je dois énormément. old school lui aussi, mais il m'a tout fait reprendre et du coup j'étais obligée de bosser mon violon sérieusement (alors que je n'envisageais plus trop d'avenir pro avec, ce qui ne changeais rien pour mon prof heureusement! ) j'ai bossé des pièces sublimes de compositeurs qui me faisaient rêver gamine, et j'ai décidé qu'en fait si si si je voulais faire ça, je ne voulais pas d'un job me bouffant le temps que je pourrais passer sur mon violon et me faisant regretter à vie de ne pas avoir essayé, j'ai bossé, je me suis plantée, je me suis relevée j'ai bossé et j'ai progressé et j'ai réussi.
J'ai eu mon DEM tardivement du coup, j'ai passé un temps fou à essayer de me trouver dans la musique, mais je l'ai eu facilement puisque j'avais fait des cycles spé dans trois conservatoires, mes camarades de classes au conservatoire étaient tous des petits jeunes...^^ et ensuite parcours classique: je donnais des cours de violon activité que j'adore, j'ai une approche pas toujours académique avec mes élèves, je veux leur donner l'amour de la musique et du violon avant tout mais je suis aussi assez old school sur d'autres trucs (vous connaissez mon amour fou pour la technique instrumentale^^).
Alors naturellement j'ai choisi l'enseignement pour tout ça et aussi parce que lorsque tu vieillis faut un boulot et un salaire régulier il paraît.J'ai passé deux diplômes d'Etat en violon et en alto en cefedem et depuis je galère dans les méandres administratifs en espérant être titulaire un jour, mais je m'éclate tous les jours au boulot. Je bosse en conservatoire, oui après vous avoir dit que je n'aimais pas trop cette institution^^ et ce parcours pas classique qui est le mien est un atout actuellement dans ma façon de voir les choses. J'aurais pû arriver à ça finalement beaucoup plus simplement, je me dis souvent que j'ai perdu des années (10 ans^^) dans mon parcours, mais du coup j'ai appris plein de trucs, j'ai travaillé plein de pièces (oui beh 8 ans de cycle spé et de cycle perf ça fait du répertoire!!^^). J'ai été confrontée au mauvais encadrement de l'institution (mon frère avait une prof terrible, qui passait les effets de sa dépression sur ses élèves,une cata!), au bon aussi ensuite, j'ai fait d'autres trucs, j'ai aussi toujours accepté les propositions musicales qu'on me faisait pourries ou non, pour le plaisir de jouer et du coup les propositions étaient de moins en moins pourries.
Pour conclure il est important pour le jeune musicien qui envisage le métier d'être bien informé, avec le recul je sais que franchement j'aurais pû faire plus efficace et plus rapide niveau formation.
Après je pourrais continuer sur le milieu professionnel mais là ça prendrait trop de temps et je ne suis pas optimiste sur le sujet, on a un métier magnifique, on bosse comme des dingues pour l'art, pour sa maîtrise et sa transmission, et on a une reconnaissance de merde par nos dirigeants quels qu'ils soient, qui nous prennent de haut et nous proposent des conditions de boulot de misère. Pas de concours CNFPT depuis 2011 par exemple et du coup la galère pour les diplômés après 2011, on bosse dans une semi-légalité dont tout le monde se fout, à temps non complet imposé etc...
Aussi j'ai pû m'interroger sur la place de l'amateur dans notre société puisque c'est aussi ça qui a fait que j'ai choisi d'être pro: maintenir mon niveau et le développer. Impossible avec le fonctionnement actuel à moins d'avoir plein de sous.
Voilà, c'est assez décousu tout ça.