Devenir luthier sans passer par une école ?

[Tymari]

Salut à tous (boudu ça fait un moment que j'étais pas passé O_o),

Comme je l'avais déjà dit il y a un moment, j'aurais souhaité suivre une formation en lutherie (ayant découvert le métier quand j'ai débuté le violon, il y a un peu plus de deux ans). Je termine un BTS Electrotechnique et maintenant que j'ai plus ou moins un bagage, je voulais me lancer dans une nouvelle orientation qui m'intéresse aussi : la lutherie.

Je m'étais renseigné sur l'école de Mirecourt, mais c'est à plus de sept heures de route de chez moi. Etant étudiant et mes parents ne pouvant plus vraiment me suivre, l'argent pour une éventuelle poursuite d'étude ne rentre pas (j'ai passé plus d'un an et demi à chercher un emploi à temps partiel, sans succès) et je n'ai pas non plus droit à une bourse sur critères sociaux car soi-disant ma famille "a un revenu trop élevé" (ah la bonne blague >_<). Ca veut dire ni internat, ni logement à Mirecourt. Evidemment, si Mirecourt n'est pas envisageable, il en va de même pour Crémone, Mittenwald ou bien Newark.

Je voulais donc demander aux luthiers qui passent par là s'il était possible éventuellement d'être pris en tant qu'apprenti par un maître luthier (si l'un de vos confrères l'a fait ou le fait par exemple). Etant donné qu'il y a quelques luthiers sur Toulouse (tout près de chez moi donc), je pourrais éventuellement demander auprès d'eux si c'est faisable.

Merci d'avance pour vos réponses.

[Sylvère]

Tu as aussi des écoles privées en France. Mais encore plus cher!
L'école nationale est très difficile, encore plus si tu n'as que 2 ans de pratique instrumentale :s
Si tu te sent de faire une école privée, il y en a une à Mirecourt, ensuite, demande à un fermier du coin si en échange de ton aide pour certaines taches ménagères ou culinaires, il ne pourrai pas te prêter une petite chambre pour y faire dodo .

Je crains fort que tous luthiers ne voient un stagiaire comme un fardeau plus que comme une source d'aide. C'est d'ailleurs compréhensible.
Ta formation professionnelle ne te convient pas?

[Tymari]

Ben c'est pas que ma formation ne me convienne pas (bien que je commence un peu à saturer, mais ça c'est l'ambiance de mon lycée qui aide pas trop ), mais la lutherie c'est une expérience à tenter pour moi.

[jépadçon]

Même en sortant d´une école ce n´est pas toujours très facile de trouver des stages pour continuer ta formation, alors sans!

[Sylvère]

En sachant qu'en sortant d'école, tu passes plus ou moins 10 ans chez un maître en tant qu'assistant ^^

[Tymari]

Pour les 10 ans ou plus, je le savais et je m'y étais plus ou moins préparé.

Enfin bon, je vais tenter le coup chez les luthiers près de Toulouse, sinon j'ai appris aujourd'hui que j'avais l'occasion de suivre une licence pro après mon BTS pour devenir technicien biomédical (ce qui m'intéresse tout autant que la lutherie) donc finalement faut croire que j'y gagne même si je ne peux pas faire Mirecourt ou être formé par un maître.

[dayhash]

Bonjour a toi Tymari

Tout d'abords je classerais les luthiers en deux très grandes catégories :
1 - Les luthiers qui restaurent les instruments.
2 - Les luthiers que fabriquent des instruments.

Dans le premier cas effectivement le chemin est très long (et c'est un euphémisme), si tu veux vraiment réussir,
il te faudra sortir d'un école de lutherie (et pas dernier de ta promo) sans doute avoir une grande culture de l'histoire de l'art, sans compter une notoriété en béton armé.
ce genre de luthiers opèrent comme des orfèvres sur des pièces qui peuvent valoir plusieurs milliers , 10aine de milliers, 100aine de milliers d'euros.
Tu comprendras aisément que du coup sortir de nulle part pour arriver a sc stade est extrêmement difficile.

Le deuxième cas, en effet a force de travail et de persévérance tu pourrais un jour espérer fabriquer un instrument non pas digne d'un Fustier ou d'un Louppe
mais un tres bon instrument tout de meme.

Je dirais de manière générale que le premier profile correspondrait a un ressortissant d'une école de lutherie assez coté, idéalement major de promotion et meilleur ouvrier de france par exemple
Et le deuxième profile pourrait correspondre a une personne fortement motivée , qui initialement n'avait pas suivi un cursus "luthier" "post bac"

A savoir que bien encadré (via des stages de "lutherie" par exemples), un amateur eclairé peut arriver a fabriquer un instrument relativement bon (meme du premier coup)

[IFred]

dayhash, j'ai un peu de mal à avoir la même vision que toi.

La restauration est enseignée à dose homéopathique en école, il n'y a pas de classement de sortie dans les écoles de lutherie, la réputation des écoles se fait sensiblement plus sur les personnes qui font du neuf avec succès.

Les luthiers qui font du neuf avec succès sont nettement plus sur le devant de la scène ne serait- ce que par les concours, celui de meilleurs ouvriers de France et la fabrication d'un chef d'œuvre s'inscrit d'ailleurs beaucoup plus dans une démarche de facteur.

à l'inverse en restauration on retrouve plutôt deux types de personnes: celles qui travaillent en indépendants pour d'autres luthiers et sont méconnues du publique (c'est un choix délibéré pour certain de ne pas avoir de contact ou peu avec les clients finaux (musiciens)) , et celle qui travaillent en interne, et là c'est un peu pareille, les musiciens connaissent surtout le luthier pour qui tu travailles.

Moralité j'ai du mal à comprendre le pourquoi de ton avis et d'autre par sa lecture sonne un peu comme "les restaurateurs" sont les meilleurs luthiers, et la fabrication après tout un amateur peut faire presque aussi bien du premier coup.. Ce qui est un peu rude quand même..

[Tymari]

Merci des conseil, c'est sûr que devenir un grand luthier de renom n'est pas mon but, mais devenir luthier, oui.

Sinon, Sylvère tu fais une remarque assez intéressante :

L'école nationale est très difficile, encore plus si tu n'as que 2 ans de pratique instrumentale :s

Sur le site de l'école, ils précisent qu'ils acceptent des personnes n'ayant jamais touché à un violon/alto/violoncelle sous réserve de commencer à suivre des cours de pratique instrumentale une fois à l'école. Toi, tu me dis qu'avec le peu d'expérience et de pratique que j'ai, c'est très peu probable qu'ils m'acceptent.

D'autre part, j'avais reçu des avis pas forcément positifs, notamment de la part d'un luthier toulousain chez qui j'ai demandé un stage l'an dernier (pour appuyer ma candidature à Mirecourt par un rapport de stage) : "Mirecourt est une école qui se fait une publicité mensongère, en assurant que tous ses élèves trouvent un emploi au terme de leur formation, alors que c'est faux. Je ne tiens pas à ce que vous vous lanciez là-dedans alors que vous aurez par la suite aucune assurance de trouver un atelier où travailler."

Du coup, en me basant sur ça et sur la remarque que tu as faite, j'ai l'impression que Mirecourt fait en sorte de recevoir chaque année ses 200 (ou plus) candidatures pour 10 places histoire de pouvoir asseoir son prestige.

La plupart des personnes voulant devenir luthier (on va réduire à celles ne souhaitant/pouvant pas quitter la France) voient Mirecourt comme un passage obligatoire. Mais maintenant, je me demande si c'est vraiment une bonne idée et si le métier de luthier mériterait pas plutôt qu'on y apporte plus d'attention et qu'on puisse former des personnes dans davantage d'établissements. "La profession survit difficilement."

Enfin bon, ce ne sont que des suppositions.

[jépadçon]

Le concours "Un des Meilleurs Ouvriers de France" est a 50/50 neuf et restauration.

[isabelg]

ce genre de luthiers opèrent comme des orfèvres sur des pièces qui peuvent valoir plusieurs milliers , 10aine de milliers, 100aine de milliers d'euros.
Tu comprendras aisément que du coup sortir de nulle part pour arriver a sc stade est extrêmement difficile.

Ta remarque m'a fait me poser une question: le métier de luthier restaurateur est-il protégé? Ou n'importe qui peut s'établir à son compte et se proclamer apte à restaurer un instrument? Dans le domaine des "oeuvres d'art", du mobilier et des monuments, si tu savais le nombre de pseudo restaurateurs qui parviennent à s'imposer à coup de devis défiant toute concurrence et ravagent des oeuvres de valeur car le métier ne bénéficie encore d'aucune protection...
Pour le reste de tes avis, j'aurais tendance à penser comme ifred (cette fois! ). Créer des violons et se faire reconnaître dans cet art n'est de loin pas à la portée d'un simple passionné qui a la chance d'avoir un bon coup de ciseau Et heureusement!

[isabelg]

Tymari, je sais que ça doit être dur de s'engager dans une telle voie, mais si tu es réellement motivé je suis sûre que tu peux quand même trouver des bourses pour aller faire des études à l'étranger. Tu n'es de loin pas le seul à avoir des ambitions nécessitant de faire des études loin de chez soi et ne pouvant les faire financer par ses parents. Lorsque je faisais mes études de restauration, j'ai eu la chance de pouvoir être aidée par les miens, mais une grande part de mes compagnons d'études payaient celles-ci en travaillant le soir et/ou le week-end. Ce n'est certainement pas évident de s'en sortir comme ça dans une ville comme Mirecourt, mais dans des grandes villes disposant d'écoles de lutherie reconnue, il y a toujours des petits boulots pour les étudiants. Bonne chance en tous cas!

[IFred]

le métier de luthier est-il protégé?

Comme la grande majorité des métiers: Non. et cela ne changerai pas grand chose à mon avis.

[Sylvère]

Moi, je garde ma motivation... En espérant éviter le chomdu!

[jépadçon]

Tu es luthier Sylvère?