IFred a écrit :Je ne peux que constater à partir de remarques d'instrumentistes et mon écoute personelle que certain instrument donnant une impression de puissance sous l'oreille sont perçues comme tonneau et ne portant pas par certain musicien, et que certain instrument à la sonorité relativement fine, passent sans problème que ce soit derrière un piano ou un orchestre.
Dans le même registre on observe certains musiciens qui nous disent avoir du mal à tirer du son de certain instruments qui dans les mains d'autres musiciens sonnent sans problème, certain nous parle de leur jeu qui n'est pas forcement adapté à certains instruments. J'emploie Instrument au sens large : Violon ET/OU Archet
Qu'est ce que ces observations signifient ou traduisent ?
Je laisse à Claudia Fritz la charge d'étudier.
Elements de réponses ou pas, ce que je peux néanmoins affirmer la perception du volume sonore en acoustique est quelque chose qui ne suit pas une loi linéaire tel que dicté par le bon sens . L'oreille n'est pas sensible de la même façon à toutes les fréquences et cette sensibilité varie avec le volume de la source. Par ailleurs il existe un phénomène de masque de fréquences, ainsi qu'un phénomène de reconstruction des harmoniques inférieures.
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C'est quelque chose que vous pouvez constater très facilement si vous écoutez de la musique au casque : avec le casque sur les oreilles vous entendez bien les graves , si vous éloignez le casques de vos oreilles de quelque centimètre, les basses s'effondrent et vous n'entendez plus que les haut médium (vers 4Khz). Les amplis ont souvent une fonction de loudness qui boost aigue et grave cette fonction est faite pour corriger notre manque de sensibilité à bas niveau d'écoute.
Le phénomène de masque de fréquences est utilisé dans les algorithmes de compression dit psycho-acoustique, quant à la reconstruction des harmoniques inférieures: pour le résumer si la fondamentale et les harmoniques de premier rand d'un signal sonore manque , mais que les harmoniques de rang supérieurs sont présente , alors il y a une reconstruction magique d'une partie du signal manquant par notre cerveau.
Sans pouvoir affirmer par l'expérience que ces quelques notions de phsyco - acoustique interviennent dans le phénomène qui nous intéresse, leur connaissance me rend plus ouvert à ce qui pourrait être perçu comme "une croyance irrationnelle". Nonobstant qu'il ne s'agit bien évidement pas d'une propriété antique.
Ce que tu mets en avant ifred est juste, la psycho-acoustique, les caractéristiques de l'oreille humaine, l'acoustique sont des choses complexes, et intéressantes.
et qui n'ont rien d'irrationnelles, ce sont des choses qui s'étudient.
j'ai entre autre été ingénieur du son.
On peut ici disserter sur ce sujet...
par exemple, tout musicien a un jour le sentiment "d'avoir le son", et quelques jours après de ne plus l'avoir.
On peut évoquer le fait qu'il s'agit d'un point mystérieux, et qu'il s'agit de la magie de l'art, "l'inspiration"
d'autres peuvent dire que cela vient du matériel, le violon ne sonne plus comme la veille, cela vient de lui.
peut-être des variabilités de l'humidité de l'air ou de T° sont responsables de modifications réelles de l'instrument, ou de l'archet.
Peut-être le musicien était fatigué, il ne l'était pas la veille... l'oreille comme la voix peut être fatiguée;
stress, fatigue, bonne humeur... peut être le ciel bleu et la bonne humeur d'un jour sont indirectement et infimement responsable du fait d'avoir le son...
on a vu des musiciens jugeant le son d'un instrument "froid" quand celui ci était vernis clair, et au contraire un instrument au son identique mais brun rouge sera trouvé plus "chalheureux"...
Une étude nous apprendra peut-être un jour que l'état d'esprit du musicien à un impact sur le son produit par l'instrument bien supérieur à l'impact du vernis par exemple....
Nous sommes là dans un domaine passionnant, celui de la complexité des phénomènes qui entrent en jeux dans la création du lien qui unit un instrumentiste à son instrument.
Ici, la réalité des phénomènes physique (tel que la diffusion, réflexion, propriété d'une onde en fonction de sa fréquence) se marie à la perception, à la sensation, à la subjectivité et à la psychologie.
Est il possible et compréhensible qu'en la matière, la confiance nécessaire que l'on place dans un instrument puisse tendre vers la foi, c'est à dire un je ne sais quoi d'irrationnel et mystique? sans doute que oui.
Les violons anciens ont ils un avantage sur les contemporains dans cette capacité à suciter de la foi, ça me parait assez évident.
Comment est vécu la confrontation à un "jour sans" (incapacité à faire sonner son violon) par un musicien qui joue un Stradivarius? je pense qu'il n'incriminera pas en premier lieu son instrument....
En tant que luthier, il me semble nécessaire d'être capable de comprendre ces mécanismes de la psychologie, mais il est absolument nécessaire d'être capable d'expliquer la réalité des mécanismes rationnels qui sous-tendent tout cela dans un but d'éclaircissement et de pédagogie.
Des affirmations telle que
"un aspect singulier (et sublime) des vieux instruments italiens, c'est que le son semble augmenter et gagner en richesse en fonction de la distance, en particulier dans une salle de concert" , ou
"un célèbre (et curieux) avantage dont disposent les instruments de Stradivarius est que leur son/timbre semble augmenter avec la distance" me paraissent problématiques....
En l'ocurence, les lois de la psycho accoustique sont les mêmes pour les violons ancien ET modernes. Si certains Stradivarius ou autres possèdent des qualités de projections spécifiques , voire exceptionnelle, ce n'est pas le cas de tous tout d'abord, et ensuite, des violons modernes ou d'époques autres peuvent les posséder.
Au vu de la complexité de ce qu'est un violon, de la qualification de ces caractéristiques sonores, et au vu de la complexité des mécanismes de perception, on peut avoir une certaine "compréhension" vis à vis des affirmations ci dessus, en particulier si l'on s'intéresse à ce que ces musiciens ont essayé exprimer, ou pour étudier quels mécanismes sous tendent ces propos, cependant il me semble absolument nécessaire de dire, qu'exprimées telles quelles, ces affirmations sont de l'ordre de la croyance et non de la réalité.
Dire cela n'est pas rabaisser l'oeuvre des grands Maîtres du passé (que j'admire!), ni manquer de respect vis à vis de ces musiciens sincères sans nul doute.
Le lien avec l'étude de Claudia fritz est là: bien au delà d'une simple étude comparative "ancien/nouveau", par les questions et critiques qu'elle a sucitées, et les réponses qu'elle apporte, elle met en lumière tout un univers.
Personnellement, je souhaite d'autres études complémentaires à celle ci
