Ne jette pas non plus le bébé avec l'eau du bain, Malki.
Le côté que tu décris existe bien évidemment dans l'impro (et souvent en jazz d'ailleurs), et a aussi le don de me hérisser tout particulièrement.
Maintenant, il a eu, il y a, et il y aura, des improvisateurs de talent qui ont un langage construit.
J'ai l'impression que le processus le plus courant dans l'improvisation est celui de d'abord et avant tout se forger son langage. Quand tu as des plans en têtes, des agencement de phrases, des idées d'harmo, etc, c'est déjà un grand pas. Et tout ça se bosse en amont, bien évidemment !
Après, il reste : soit à les agencer tranquillement chez soi, - et là ça relève plus de la composition, où on prends le temps de tout bien écrire et penser -, ou alors prendre le risque de ne rien pré-agencer et de se lancer direct, mais bien évidemment avec ce même bagage.
Dans les deux cas, on ne part de toute façon pas de rien.
Pour ma part quand je suis dans une configuration où j'ai à improviser, j'évite soigneusement et volontairement de pré-penser la première phrase que je vais jouer. J'essaye d'effacer mentalement toute idée musicale dans la seconde qui précède le moment où je dois attaquer. J'ai envie que ça, ce soit automatique. Il en sort souvent des phrases que j'ai déjà travaillées chez moi, bien évidemment, mais on a aussi souvent la surprise de sortir un truc auquel on avait pas pensé auparavant. Je pense que c'est en quelque sorte une gymnastique cérébrale qui nous dépasse, ça.
Et du coup, le fait de commencer "sans penser" va déterminer la suite... La suite n'est alors pas du tout inconsciente et découle directement et dans le quasi-instant de ce que tu as joué avant. Evidemment que c'est casse gueule, mais c'est de là que ce forge aussi ton langage. Et le côté casse geule peut aussi avoir un rôle d'aiguillon. Par exemple, quand je me plante sur une phrase que j'essaye de placer, ça m'énerve, alors j'essaye de la replcer correctement le tour d'après. Et si ça ne marche pas, je vais en changer le découpage rythmique le tour suivant...etc... ce qui fait que souvent, au final, tu te retrouve avec une nouvelle phrase, et ça a contribué mine de rien à construire ton langage.
Je dois dire que pour ma part, le coté perf technique m'est complètement indifférent (de toute façon, vue la technique que j'ai !!

...je me gamelle dès que je démanche !)
Et puis ce qui m'interesse dans cette approche, c'est aussi la façon de jouer une même phrase de manière différente selon les jours ou l'humeur, y mettre une sensibilité différente...
Il y a par exemple chez Grappelli, tout au long de sa carrière, des phrases qui reviennent, mais interprétées de manière tellement différentes à chaque fois, avec des accents, un placement rythmique, etc... différents, que si on n'y prète pas gaffe, on ne se rend même pas compte à priori qu'il s'agit du même motif mélodique.
Quant à BIAB, il ne pond rien du tout, il joue ce pour quoi un humain l'a programmé, c'est tout.
Bon, je suis parti pour écrire le bouquin, là !!
Bref, je ne suis pas d'accord avec toi !!
Par contre, je partage le ressenti de Mamyfly !
