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De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : lun. 16 juil. 2012 22:01
par Tchoutchk
Bonjour,

Petite précaution oratoire:
Que nos amis luthiers me pardonnent, je me suis lancé dans une aventure un peu osée et sans savoir où je mettais les pieds : la réfection d'un violon. :|

Contexte: je me suis mis à la pratique assidue du violon il y a deux ans et des brouettes. J'ai une très bonne connaissance du travail du bois et je suis curieux.

Objectif de la démarche: comment c'est fait un violon ?

Historique : il y a un an j'ai acheté à dessein sur internet un violon en mauvais état pour 40 euros. Mauvaise copie d'un Stainer a priori de la fin du XIXeme.
A l'aide d'un excellent livre ("The art of violin making") je l'ai démonté... et remonté.
L'enveloppe extérieure était sans défaut, la structure interne pourrie. Je l'ai entièrement refaite en respectant scrupuleusement les conseils et les côtes du livre, ne conservant que table, fond et côtes.
Fin février, le violon était remonté. J'ai fabriqué moi même ma sous couche et mon vernis à l'huile. Matières naturelles, pigmentation très légère.
Multiples couches ultra fines... séchages encore plus long. Remontage des accessoires en juillet et réglage depuis 15 jours...

Bilan :
1/ j'ai passé un temps incroyable sur ce violon pour un résultat... médiocre
2/ malgré ma connaissance du travail du bois (mon père était modeleur sur bois et m'a appris le maniement de tous les outils idoines lors de longues années dans son atelier), la précision et les techniques à employer ne peuvent être acquises qu'après un long apprentissage dédié... sur ce coup là je ne surprends personne j'en ai bien conscience
3/ faire soi-même son vernis est une entreprise des plus hasardeuses au résultat très incertain pour qui n'est pas habitué (mon résultat, joli esthétiquement, ne me parait pas viable à long terme)
4/ les multiples difficultés (ainsi que les imperfections de mon travail) ne peuvent être toutes listées (ahhh la pose du manche...)
5/ le son est moyen bien qu'il s'améliore avec les réglages (cependant le réglage de ce violon est une source d'émerveillement, d'incrédulité, de désappointement et d'apprentissage... le tout soigneusement mélangé)
6/ Moi je l'aime bien ce violon mais il ne sera jamais bon alors je le garde pour voyager sans crainte et l'emmener où bon me semble.

Conclusion :
Si le résultat en qualité de son est moyen, je suis très content d'avoir tenté l'expérience. J'ai désormais une bien meilleure connaissance de mon instrument de prédilection, ce qui était l'objectif avoué. La fabrication, les vernis, les réglages... je trouve que ça m'apporte beaucoup dans ma pratique. Attention! Je n'ai pas dit que ça améliorait ma qualité de jeu !!! Juste que je me sens un peu plus en terrain connu :blink:

Cependant au final, et sauf à qui veut perdre du temps, je déconseillerai l'aventure. Les luthiers, hommes et femmes de l'art, fabriquent, restaurent et règlent nos instruments comme jamais nous ne pourrions le faire nous même. Après un an d'efforts, je ne peux qu'en admirer un peu plus encore leurs savoir et savoir-faire en la matière...

:amen: :amen: :amen:

Ps : j'ai un autre violon (de luthier)... jamais je ne toucherai à quoi que ce soit dessus ! croyez-moi sur parole !!! :ange:

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : lun. 16 juil. 2012 23:11
par Nicolo
Je la trouve bien ton expérience. Tous ceux qui veulent en faire autant sont les bienvenus et peuvent nous demander tout ce qu'ils veulent. :super:
J'ajoute simplement que, comme dans ton cas, il s'agit de s'amuser sur un instrument sans valeur et au final de ne pas faire cela pour remplacer le luthier.
Régler un instrument, c'est dur. Quand on regarde un luthier tapoter dans l'âme d'un violon, on a vite fait de croire qu'on peut le faire soi-même. C'est faux. Donc c'est bien de le faire sur un instrument "martyre", mais pas sur d'autres.
Ce n'est pas pour rien que nous faisons effectivement quelque dix ans d'apprentissage avant de voler de nos propres ailes et que chaque matin, nous reprenons nos outils avec autant de précaution et de passion qu'un débutant.

Pascal, 33 ans de métier et de passion :rolleyes:

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 08:06
par Tchoutchk
Merci Nicolo.
Je craignais un peu les foudres de la profession pour avoir "bricolé" sur un violon ... même sans valeur.
J'aime bien ton expression "violon martyre". C'est je crois le terme le plus approprié.

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 09:29
par IFred
Je doute que quiconque te reproche d'expérimenter sur un instruments qui est au rebut.. Enfin après voir eut la certitude qu'il n'e s'agit pas d'un bel instrument passé à la trappe par erreur.. J'ai déjà vue des personnes mettre 5000€ d'instrument à la poubelle.

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 09:49
par Tchoutchk
Ca c'est ballot !
Mais en ce qui concerne mon martyre aucun risque. Tu aurais vu l'intérieur !

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 10:03
par Claire91
Effectivement, il n'y a aucune raison que les luthiers te reprochent quoi que ce soit.
Certains, après tes expérimentations, auraient pu se croire prêts à s'occuper d'un vrai instrument, mais ce n'est visiblement pas ton cas. Tu sais faire la part des choses entre ce qui tient de la curiosité et des bidouillages, et ce qui tient vraiment du métier.

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 11:44
par pjtuloup
Moi c'est mon rêve de faire un violon un jour... Le lendemain de ma retraite (si elle arrive...), je m'y mets...

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 11:54
par Jicemac
pjtuloup a écrit :Moi c'est mon rêve de faire un violon un jour... Le lendemain de ma retraite (si elle arrive...), je m'y mets...
Tu auras de longues journées... :mrgreen:

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 12:00
par Malkichay
J'ai déjà vue des personnes mettre 5000€ d'instrument à la poubelle.
8|
A propos, ils s'entrainent comment, les chirurgiens ? :(

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 17:44
par Nicolo
Sur les corps des gens qui donnent le leur à la science me semble-t-il. :unsure:

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 18:37
par Negens
Exactement!
Mais aussi, ils opèrent certains animaux, pour apprendre à assurer leur gestes. (Précision, souplesse, sûreté, efficacité...).
Et pour les médecins légistes, il existe en France, un lieu ou les corps sont mis à même la terre ou dans des conditions particulières, de manière à ce que les docteurs en cours de spécialisation puissent étudier les phénomènes liés à la décomposition. Avec les corps de ces personnes qui en font don à la science.

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 20:14
par Malkichay
Je ne sais pas si le seul apprentissage sur des cadavres est suffisant... :mellow: Enfin, redd m'r nemmi davu...

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 20:20
par Eloïse07
Nicolo a écrit :Sur les corps des gens qui donnent le leur à la science me semble-t-il. :unsure:
Je confirme, je viens de vivre l'expérience avec mon père. Pfiou! Ce n'est pas facile, mais c'était sa volonté. Alors...

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : jeu. 19 juil. 2012 20:23
par Briel
On apprend beaucoup directement sur les vivants...
D'abord on observe en aidant (3°, puis 2° aide)
Ensuite on opère en tant que 1°, sous le guide d'un maître

Re: De la sueur, des désillusions et un apprentissage ...

Publié : ven. 20 juil. 2012 23:49
par luigi
la chirurgie s'apprend sur le vivant..de façon progressive et graduée..sous forme
de compagnonnage ( contrôle par un senior )

En 1ère année, il y a en effet des dissections de cadavres pour l'enseignement de l'anatomie

Luigi