N'est pas ici même que, devant une épave de Vuillaume mise aux enchères, quelqu'un disait qu'une fois réparé, l'instrument sonnerait peut-être même mieux qu'avant ?
Alors je suis d'accord avec les histoires de secret, bien sûr, mais je trouve qu'on disqualifie un peu rapidement certaines études, au prétexte que des journalistes nous ressortent les vieux slogans.
Tiens, si seulement je savais faire, j'aimerais bien fabriquer un violon mathématiquement correct, c'est-à-dire parfaitement symétrique à tous les niveaux, des voûtes qui seraient des cycloïdes idéales, des épaisseurs maîtrisées à l'extrême, etc. Et comparer ensuite avec un violon sur le même modèle, mais fabriqué plus librement, avec même - soyons fou ! - des éclisses qui ne seraient pas partout à 90,00° par rapport au fond (notez les décimales, c'est important !...) et des épaisseurs qui varieraient de quelques dizièmes en différents endroits espacés de quelques centimètres le long du ragréage.
Bref, je dis peut-être des conneries, mais ne peut-on pas faire l'hypothèse qu'une sorte de variabilité, donc de diversité, parfois apportée par des accidents et des réparations, peut être source de richesse et de complexité harmonique dans le résultat final ? Un peu de la même façon que les simples variations naturelles du bois sont aussi source de richesse, ou que, pour Nicolo (et pas seulement lui), un archet en carbone n'aura jamais la même saveur qu'un bon pernambouc.
Et puis qu'est-ce qui nous dit que les glorieux anciens déployaient le même soin à TOUTES les étapes de la fabrication ? Peut-être bien qu'ils savaient pertinemment où ils pouvaient aller plus vite, et où il était important d'être précis et rigoureux. Parce qu'on voit aussi des violons modernes qui semblent parfaitement bien construits, avec beaucoup de maîtrise et de rigueur, mais qui ne sonnent pas très bien. Evidemment, on n'est pas toujours dedans pour comprendre pourquoi, mais ça invite quand même à se poser la question de la nécessité ou non, même des bienfaits ou pas, de cette rigueur un peu mathématique et rigide qui est assez caractéristique de notre univers contemporain, mais qui n'était pas dans la culture d'il y a trois siècles. Eux étaient plus dans le dessin que dans le chiffre, à mon avis.
Enfin bon, dans tous les cas, ça ne veut pas dire non plus qu'on peut travailler comme un cochon et que ça va marcher tout seul, bien sûr !